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Y-a-t-il un fantôme dans la machine ? Depuis quelques mois, les progrès effectués en terme d'intelligence artificielle sont aussi impressionnants que préoccupants. Outre le fameux outil ChatGPT, qui nous a créé sur-mesure une chanson pour l'Eurovision, l'IA permet aussi bien de créer un duo fictif entre The Weeknd et Drake écouté près de 10 millions de fois, qu'un clip très commenté pour Bebe Rexha. Même David Guetta a cédé pour ajouter, grâce à un logiciel performant, un couplet d'Eminem à l'une de ses chansons. Une évolution technologique qui pose de nombreux problèmes pour les musiciens, à commencer par Sting. Celui qui sortait l'album "Ghost in the Machine" avec The Police en 1981 vient de recevoir la plus haute distinction de l'académie de musique des Ivors, récompense décernée chaque année aux auteurs-compositeurs britanniques et déjà remportée par le passé par Kate Bush, Peter Gabriel ou Paul McCartney.

"Ça ne m'impressionne pas du tout"

Dans la foulée de cet honneur, Sting a accordé une interview à la BBC où il évoque justement les dangers que représente l'intelligence artificielle. Et le musicien de 71 ans se dit prêt à mener une « bataille » pour que les artistes puissent défendre leurs droits face à la machine : « Les blocs de créations de musique nous appartiennent à nous, les humains. Il va y avoir une bataille que nous devons tous mener dans les prochaines années : défendre notre capital humain face à l'intelligence artificielle ». Sting compare cela aux films avec des effets spéciaux : « Ça ne m'impressionne pas du tout. Je m'ennuie rapidement quand je vois une image générée par ordinateur. J'imagine que je ressentirais la même chose face à une intelligence artificielle faisant de la musique ». Si cela pourrait « peut-être » fonctionner pour de l'électro, Sting précise sa pensée : « Pour les chansons qui expriment des émotions, je ne pense pas être ému par ça ».

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La question divise les artistes en deux camps, celui des pour et des contre. Dans le premier cas, Neil Tennant, chanteur des Pet Shop Boys, a récemment donné son avis sur la question : « Nous avons une chanson dont nous avons écrit le refrain en 2003 et que nous n'avons jamais finie parce que je n'arrivais pas à trouver quelque chose pour les couplets. Maintenant avec l'IA, vous pouvez donner des bouts que vous avez écrits, vous appuyez sur un bouton et il va remplir les trous. Vous pouvez peut-être le réécrire mais ça reste néanmoins un outil ». Pour sa part, Sting préfère rester sur ses gardes : « Les outils sont utiles, mais on doit les contrôler. Je ne pense pas qu'on puisse laisser les machines prendre le relais ». Récemment, le Bureau du copyright des États-Unis a statué sur le fait que l'art produit par une intelligence artificielle ne peut pas être copyrighté car « elle n'est pas le produit d'une paternité humaine ».