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jeudi 28 janvier 2016 15:35

Rihanna : "ANTI" titre par titre, critique de l'album qui divise les fans

Par Julien GONCALVES | Rédacteur en chef
Entouré d'une stratégie marketing chaotique, l'album "ANTI" de Rihanna est au coeur de toutes les discussions. Que vaut ce disque tant attendu, qui déchaîne les passions pour le meilleur et pour le pire ? Critique de l'album, titre par titre !
Crédits photo : Pochette de ANTI

1. Consideration (feat. SZA)


Quelle claque. Dès les premières notes, le beat hip-hop saturé de "Consideration" frappe fort, le phrasé de Rihanna se veut incisif mais joue également sur des nuances pop, et l'alchimie avec la voix R&B de la chanteuse SZA se fait tout naturellement. « I got to do things / My own way darling / You should just let me / Will you ever respect me? No ». Sur ce titre, à la construction un peu brouillonne et un peu court (moins de 3 minutes), Rihanna déclare vouloir suivre son propre chemin, et demande à ce qu'on lui laisse faire les choses à sa manière. Une prise de position ferme qui justifie sans doute sa démarche floue derrière "ANTI" pour faire taire les détracteurs. Une entrée en matière intéressante. 4/5

2. James Joint


« Pour célébrer le 420, voici une interlude de mon huitième album que j'ai appelée James Joint » écrivait Rihanna à ses fans en avril 2015. Il s'agit donc de la deuxième piste de "ANTI". Mais sa présence est en total décalage avec le reste. Sa mélodie naïve et scintillante aux claviers, ainsi que la vibe R&B langoureuse qui en découle, tranche avec la précédente piste. D'autant que, faussement romantique, Rihanna fait directement référence à la consommation de cannabis. « I'd rather be smoking weed whenever we breath every time you kiss me / Don't say that you miss me, just come get me ». Incompréhensible et sans intérêt. 1/5

3. Kiss It Better


Là encore, les fans connaissent déjà "Kiss It Better", dont un extrait avait été dévoilé en décembre 2014 ! Mais Rihanna étonne sur ce titre, certes classique dans la forme, en alliant synthés, guitares et son univers urbain. « What are you willing to do? / Oh, tell me what you're willing to do? / Kiss it, kiss it better, baby » chante-t-elle sur ce titre post-rupture. Envoûtante mais noyée, la production aurait peut-être pu être un peu plus dark et moins dans les échos. D'ailleurs, en voulant jouer avec tous les genres, le titre rate un peu sa cible, malgré de bonnes idées. Single potentiel, "Kiss It Better" aurait pu lorgner vers l'univers de The Weeknd car le potentiel est là avec des couplets radiophoniques ainsi que les répétitions et la superposition des voix sur le refrain. 2,5/5

4. Work (feat. Drake)


Après "What's My Name" et "Take Care", le public pouvait s'attendre à un véritable événement musical, une réunion au sommet entre Rihanna et Drake sur "Work". Surtout que la chanteuse voulait des titres intemporels, comme "FourFiveSeconds". Ici, rien de tout ça mais un titre léger, aux accents caribéens, très répétitif, sans trop de structure. Le refrain, qui consiste globalement en un alignement de "Work, work, work, work, work, work", et qui a tout de même été écrit par huit auteurs !, est un hymne club sans trop de relief, mais qui accroche tout de même l'oreille. Drake fait malheureusement office de figurant, et Rihanna n'a pas l'air très concernée dans son interprétation. Une déception pour un lead single. 2,5/5

5. Desperado


L'ère "Rated R" est visiblement de retour à l'écoute de "Desperado", morceau sombre, enivrant et inquiétant, à la production quasi militaire. Malheureusement, malgré une base solide et un beau travail d'atmosphère, le titre, qui tourne encore une fois autour des sentiments d'un couple après une rupture, ne décolle jamais. Le flow (linéaire) de Rihanna, les nappes de choeurs, les voix fantomatiques en fond et la batterie percutante ne suffisent pas à sauver cette piste des sables mouvants où elle s'enfonce sans jamais y échapper. Dommage. 2/5

6. Woo


C'est exactement le même schéma initié sur "Desperado" que nous propose Rihanna avec "Woo", une tonalité au-dessus. Pas de refrain à proprement parlé au programme, mais un inlassable flot sans âme. Pas vraiment habitée, la chanteuse n'articule guère, le "woo" est finalement la seule attraction de ce morceau à l'encéphalogramme plat, lassant dès les premières notes. Une âme rock se trame sans jamais éclore, la voix de Rihanna se casse et devient enfin intrigante, mais la totalité retombe comme un soufflé. 2/5

7. Needed Me


Co-produit par DJ Mustard, "Needed Me" rassure légèrement après quelques titres en dessous des attentes. On retrouve une ambiance fantomatique, à la "Unapologetic", mais une nouvelle fois Rihanna a oublié de nous offrir un refrain digne de ce nom. Le son urbain se déroule sans grande passion, même si la production soignée et hantée apporte un tout petit peu de piment à l'ensemble. Malgré un texte direct et sans pincettes, trusté de "fuck" et de "shit", maladroitement féministe ("But baby, don't get it twisted / You was just another nigga on the hit list"), "Needed Me" manque cruellement de piquant pour délivrer véritablement le message envoyé. 2,5/5

8. Yeah, I Said It


En deux minutes et treize secondes, Rihanna veut nous prouver qu'elle n'a rien perdu de son aura. En pleins ébats torrides, la popstar susurre à l'oreille de son amant, et lui demande de privilégier la sensualité à la brutalité. Le texte est cependant assez explicite : « You could be rough, boy, but you won't / Give me some love, boy, give it to me till the morn' ». A l'ambiance romantique, presque lounge, "Yeah, I Said It", co-produit par Timbaland, étonne de par sa douceur et son approche d'un sujet pourtant sulfureux. Là où Rihanna n'aurait habituellement pas fait dans la dentelle, elle offre un visage plus posé, et le final tout en écho avec les notes de synthés en font un instant suspendu bienvenu. 3/5

9. Same Ol' Mistakes


Sans conteste, "Same Ol' Mistakes" est le titre le plus étonnant de cet album, "ANTI". Copié-collé du morceau "New Person, Same Old Mistakes" de Tame Impala, figurant sur son dernier album "Currents" paru l'an dernier, "Same Ol' Mistakes" surprend enfin l'auditeur. Jamais Rihanna n'avait présenté un tel univers, lorgnant vers la pop indé. Sans perdre son ADN mais visiblement en panne d'inspiration, la chanteuse invite des synthés aériens à couvrir sa voix angélique, aiguë et donc totalement trafiquée, comme perdue en plein rêve psychédélique dans l'immensité de la galaxie. Une idée maline qui prouve que Rihanna peut se mettre en danger, aller là où elle n'a jamais osé se rendre jusqu'ici, autant musicalement que dans le texte, sous forme de renaissance. 3,5/5

10. Never Ending


Pop-acoustique, "Never Ending" étonne car il dénote avec tout ce que Rihanna a proposé avant sur "ANTI". Sa mélodie légère, sonnant presque comme une comptine, ne marquera pas les esprits, mais les paroles, elles, sont intéressantes à décrypter. A découvert, la chanteuse dévoile un visage trouble, perdue après une séparation et un retour de flamme. Abusant d'alcool et de drogue, Rihanna ne contrôle plus la situation, fait face à un « péril » et se dédouble, explorant enfin la profondeur de ses sentiments. Plus sincère que bon nombre des titres présentés jusqu'ici, Rihanna affiche sa vulnérabilité sans fard. Malheureusement, la musique qui accompagne le texte ne lui rend pas justice. 2,5/5

11. Love On the Brain


Toujours sur une approche mid-tempo, Rihanna mise ici sur une atmosphère 60's, très soul, avec une touche de rock, pour mettre enfin en valeur sa voix. Et c'est un véritable choc. Traditionnelle dans sa construction avec ses cordes et son approche très religieuse, "Love On the Brain" impressionne grâce à l'interprétation de Rihanna, qui transforme sa voix à fur et à mesure que le titre se développe, jusqu'à ce qu'on ne puisse même plus la reconnaître. Habitée par l'âme d'une diva d'antan, l'artiste alterne aigus inattendus et graves habituels, joue avec son timbre, s'amuse et prend visiblement un immense plaisir à offrir cette performance. Jouissif. A noter que Rihanna aborde visiblement ici sa relation chaotique avec Chris Brown : « What you want from me? / I tried to buy your pretty heart, but the price too high ». 4/5

12. Higher


Il semble que sur la fin de son album, Rihanna se mette véritablement à nu. A s'en casser la voix, l'artiste crie son mea culpa en deux minutes chrono sur "Higher", à l'état brut, dont la mélodie aux violons se veut tout droit sortie d'un vieux tourne disque. Un verre à la main et l'esprit vaporeux, la chanteuse se met comme dans la peau d'une diva déchue empreint de solitude, qui réclame corps et âme à son amant de revenir dans sa vie. « I'm sorry 'bout the other night / And I know I could be more creative / And come up with poetic lines ». Rihanna en fait des tonnes mais le désespoir se ressent vraiment et donne au morceau une vraie crédibilité, même s'il n'apporte pas grand-chose à l'album. 3/5

13. Close to You


On tient ici le "Stay" de "ANTI". Un cran en dessous il faut bien l'avouer. Mais sur cette ballade au piano, Rihanna apparaît le coeur brisé, face à son petit-ami alors que leurs chemins se séparent. « Nothing but a tear, that's all for breakfast / Watching you pretend you're unaffected / You're pulling our connections, expecting me to let you go ». Le refrain est trop fade pour réellement transformer le morceau touchant en un tube potentiel, mais l'émotion est là. 3/5


A l'image de sa stratégie marketing, "ANTI" est difficile à cerner. Il alterne une partie urbaine dark lassante, et une autre plus brute, plus authentique avec des prises de risques. En eaux troubles, Rihanna ne semble pas savoir dans quelle direction aller, ni savoir quoi nous dire. En résulte un album inégal, sans tubes, inabouti et globalement impersonnel.
Pour en savoir plus, visitez rihannanow.com et la page Facebook de Rihanna.
Écoutez et/ou téléchargez la discographie de Rihanna sur Pure Charts.

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