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Mylène Farmer au Festival de Cannes, c'est la surprise inattendue de cette 74ème édition. Présentée comme « une artiste unique » dont « les chansons sont des histoires et les clips sont des films » par Doria Tillier lors de la cérémonie d'ouverture, l'iconique chanteuse siège aux côtés de Spike Lee, Mélanie Laurent ou Tahar Rahim au sein du jury chargé de décerner la Palme d'or aux 24 réalisateurs et réalisatrices en compétition officielle. « Très honorée » de s'être vue proposer cette fonction, comme elle l'a affirmé d'une voix discrète en conférence de presse, Mylène Farmer voit ce rendez-vous comme « un sursaut de vie, après ce trop long confinement ». « C'est un moment rare en compagnie d'artistes exceptionnels. C'est une fois dans une vie et Cannes est le plus grand festival à rendre hommage à cet indispensable voyage qu'est le cinéma » explique-t-elle dans un rare entretien accordé au format spécial Croisette du magazine Gala. Ce qui l'a convaincue ? « L'envie de ma présence. Les membres du jury. La sélection officielle. Le symbole que la vie reprend des forces, sa force, sa toute-puissance » énumère l'interprète de "L'âme dans l'eau", qui trouvera sans doute dans la richesse et la diversité des oeuvres visionnées l'inspiration pour sa prochaine tournée des stades, "Nevermore 2023".

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Entre Mylène Farmer et le cinéma, c'est une histoire d'amour, « une conversation intime » dit-elle. « Le cinéma et moi n'avons jamais cessé de nous parler à voix basse » atteste celle qui a souvent, au cours de sa foisonnante carrière, dressé des ponts entre le 7ème art et la musique, comme en atteste les clips grandioses de "Libertine", "Tristana" ou "Désenchantée", tous pensés comme de véritables court-métrages avec de multiples références cinématographiques. « Je serai une spectatrice curieuse et ouverte » promet la chanteuse, marquée par le sacre de la réalisatrice Jane Campion en 1993 avec "La leçon de piano" (« un chef d'oeuvre »). Face aux autres membres du jury, on aurait tort de prendre Mylène Farmer pour une novice : elle est une cinéphile avertie, passionnée depuis l'enfance par le pouvoir de l'image : « Mes goûts sont éclectiques en matière de cinéma, j'aime tous les genres. Tellement de cinéastes me transportent et m'émeuvent. Impossible de les citer au risque d'en oublier. Mais j'aime aussi être surprise. Un cinéaste peut vous faire basculer dans son monde avec un propos, un regard, une émotion (...) J'ai envie d'émerveillement ».

"Chaque film est un engagement, un enchantement"

"Annette" de Leos Carax, "Benedetta" de Paul Verhoeven, "Titane" de Julia Ducournau, "Memoria" d'Apichatpong Weerasethakulv... Impossible de deviner quel.le cinéaste saura toucher sa corde sensible car elle ne le sait pas elle-même. « Chaque film est une oeuvre, un engagement et parfois un enchantement. Impossible de juger une oeuvre par rapport à une autre. Ce qui guidera mes choix : les émotions liées à l'histoire et à l'interprétation, la qualité du film, l'honnêteté du réalisateur. Je tâcherai de communiquer avec les autres membres du jury avec, à mon tour, émotion et honnêteté. Mais j'attends aussi d'être convaincue par leurs arguments. C'est intéressant ! » assure la perfectionniste, prête à jouer des coudes pour imposer son point de vue au milieu de ses comparses, tous issus de l'industrie du cinéma.

Radieuse sur le tapis rouge de la Croisette, Mylène Farmer prend un immense plaisir à prendre part au festival et ça se ressent. Quand on lui demande quel est le secret pour une montée des marches réussie, elle répond en riant : « Atteindre le sommet sans incident ! ». Son rêve secret serait de « croiser par hasard Lino Ventura qui cherche son chemin ». « N'ayant aucun sens de l'orientation, je lui indiquerai l'opposé de sa destination et je l'accompagnerai jusqu'en haut des marches. Pour retrouver Jean Rochefort » glisse-t-elle, en clin d'oeil à ces deux icônes qu'elle aimait tant. Dans 10 jours, le palmarès complet du Festival de Cannes sera révélé. Qui sait ce que nous réserve le jury de Spike Lee et l'insaisissable artiste ?