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Entre les stars d'Hollywood, les cinéphiles et les photographes, la Croisette connaîtra cette année une invitée de marque. Du 6 au 17 juillet, Mylène Farmer sera membre du jury de la 74ème édition du Festival de Cannes où, sous la présidence du réalisateur Spike Lee, elle sera chargée de déterminer avec Tahar Rahim, Mélanie Laurent et Maggie Gyllenhaal lequel des 24 films en compétition remportera la Palme d'or. L'idée d'associer l'iconique chanteuse au plus prestigieux des événements cinématographiques au monde germait dans l'esprit de Pierre Lescure et Thierry Frémaux, le président et le délégué général du Festival, « depuis au moins trois ans ». « On connaissait la vraie cinéphilie, profonde et discrète, de Mylène. Cette année, on avait envie d'une édition exubérante, multiple. On s'est dit que Mylène refuserait peut-être, mais serait sans doute touchée qu'on pense à elle pour cette responsabilité » explique le premier dans les colonnes du Parisien.

La chanteuse a accepté "tout de suite"

L'affaire s'est jouée il y a deux mois par l'intermédiaire d'un homme : le manager de Mylène Farmer, Thierry Suc, qui produira sa nouvelle tournée des stades "Nevermore 2023". D'après Pierre Lescure, l'interprète de "Désenchantée" a accepté « tout de suite » et « sans conditions ». « Mylène voit énormément de films, aussi bien d'action, d'auteurs, que de genre (...) Elle a tournée des clips épatants. C'est sûrement l'artiste française qui a le plus travaillé ses clips, tous tournés en format cinéma. Mylène est fascinée par l'image : cela se voit aussi dans ses spectacles » commente Gilles Jacob, le président du festival entre 2001 et 2014 qui, pour sa part, n'avait jamais « osé » lui proposer le rôle de jurée : « Je ne voulais pas me servir de notre amitié dans un but professionnel ».

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Le cinéma a toujours profondément fasciné Mylène Farmer et fait partie intégrante de son oeuvre. Aux côtés de son acolyte, le réalisateur et producteur Laurent Boutonnant, la chanteuse a marqué de son empreinte l'histoire de la musique avec des clips musicaux conçus comme de véritables court-métrages. Dans le sulfureux "Libertine" (1986), elle s'inspirait des films "Barry Lindon" de Stanley Kubrick et "Les Duellistes" de Ridley Scott pour implanter ce qui sera ses marques de fabrique : le goût de la provocation et sa chevelure rousse. On retrouve cette héroïne au parfum de scandale deux ans plus tard dans "Pourvu qu'elles soient douces", inscrit dans le Livre Guinness des records comme le clip français le plus cher de l'histoire (plus de 3 millions de francs à l'époque, soit 450.000 €), le plus long (sa durée exacte est de 17 minutes 52 secondes) et comprenant le plus de figurants (500). Par la suite, au cour d'une foisonnante carrière, Mylène Farmer s'illustrera devant les caméras de nombreux réalisateurs comme Luc Besson ("Que mon coeur lâche"), Marcus Nispel ("L'instant X"), Abel Ferrara ("California") ou Pascal Laugier ("City of Love")... qui en fera la star de son film d'horreur "Ghostland" en 2018, l'une des rares expériences sur grand écran de Mylène Farmer avec "Giorgino" (1994).

"Elle est vraiment à la hauteur"

Rappelons qu'à l'origine, la chanteuse de "L'âme dans l'eau" se prédestinait à une carrière de comédienne : à 18 ans, elle débarquait à Paris pour s'inscrire au cours Florent où elle avait, sur les planches, côtoyé Isabelle Nanty, Anne Roumanoff ou Vincent Lindon, devenu son ami. « Mylène reçoit régulièrement des propositions des plus grands metteurs en scène, avance son entourage. À chacun de ses spectacles, beaucoup de gens du cinéma, acteurs et réalisateurs, souvent sans la connaître personnellement, viennent l'applaudir. Mais on ne peut pas tout faire… » confie l'un de ses proches au Parisien. Selon le biographe Alain Wodrascka, la présence de l'artiste au sein du jury à Cannes est parfaitement « cohérente » : « Mylène est très cultivée. Elle s'intéresse à la littérature, à la peinture, à l'art en général. C'est quelqu'un de très fin, qui a un jugement tout à fait pertinent, un sens du discernement et une extrême profondeur. Elle est vraiment à la hauteur ». Bien que d'une nature effacée, la chanteuse saura, il en est convaincu, imposer sa vision et défendre son point de vue face à Spike Lee, cinéaste très engagé : « Quand il faut en avoir, Mylène a de l'assurance. Elle porte sur ses épaules énormément de choses. Elle sait imposer ses choix avec respect. Mylène, c'est la force discrète ».

Pour sa participation au Festival de Cannes, Mylène Farmer ne sera pas rémunérée mais, à l'instar des autres jurés, elle logera dans une villa à l'écart du centre-ville, afin de garantir sa sécurité. « À Cannes, les jurés sont escortés partout. C'est important pour Mylène : si elle n'est pas protégée, elle ne peut pas faire un pas » indique Gille Jacob, qui espère que cette aventure sur la Croisette donnera à la star « l'envie de réaliser son premier vrai film ». On croise les doigts !