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Des accès interdits et des étalages bâchés. Depuis mercredi, la fermeture des rayons culturels dans les grandes enseignes porte un nouveau coup dur à une industrie déjà douloureusement impactée par la crise sanitaire. Une décision prise pour ne pas concurrencer les commerces de proximité, contraints de fermer boutique durant le confinement et qui, comme les disquaires indépendants, ne peuvent compter que sur le service de "click and collect" pour survivre économiquement. « Je dis à ces commerçants et à tous les autres, mieux vous respecterez les règles aujourd'hui à tous nos concitoyens, mieux vous respecterez toutes ces consignes de sécurité sanitaire, plus vite nous pourrons sortir » a expliqué le premier ministre Jean Castex dimanche au 20h de TF1. « Stratégie débile de la négation » rétorque Julien Doré, artiste en colère parmi de nombreuses voix dissonantes qui s'inquiètent des conséquences d'une telle mesure alors que le secteur est déjà dans le rouge en raison de la fermeture des salles de spectacles. Après un été sans festival, place à un automne sans concert et des ventes d'albums tirées vers le bas. Dans ce contexte, les 2 milliards d'aides promis par le gouvernement ne suffiront pas à compenser les pertes, que le ministère de la Culture chiffrait à 22,3 milliards d'euros en juillet, à la fin du premier confinement.

"Ça ressemble à une punition pour la culture"

En écho à la pétition lancée par le Syndicat national de l'édition phonographique (SNEP), Benjamin Biolay, Claudio Capéo, Vitaa, Slimane, Clara Luciani ou MARINA Kaye ont décidé d'utiliser leur portée médiatique pour faire part de leur incompréhension et pousser la ministre Roselyne Bachelot à faire marche arrière. Sur son compte Instagram suivi par 2,8 millions d'abonnés, M. Pokora a partagé le récent coup de gueule de l'humoriste Elie Semoun, pour qui le « spectacle de la violence et de la barbarie » qui frappe la France ces dernières semaines est « aussi dû à un vide abyssal de culture et d'éducation », avant de se filmer dans un supermarché pour y exprimer sa désolation de voir le rayon musique fermé quand celui consacré à la presse reste ouvert. « La vidéo qui suit n'est pas une blague. C'est réel et c'est un peu partout comme ça… C'est lunaire, ça ressemble à une punition pour la culture. Pourquoi ? Qu'est-ce que ça change qu'un(e) client(e) puisse acheter un livre ou un album ? Il y a le covid sur nos oeuvres ? » s'est-il indigné en story.

Confronté à l'annulation de la fin de sa tournée, M. Pokora comptait, à l'instar de ses collègues, sur les fêtes de fin d'année pour booster les ventes de la réédition de son album "Pyramide" prévue le 27 novembre, et faire vivre l'écosystème musical en ces temps difficiles. Aussi, l'interprète de "S'en aller" en appelle directement auprès de la sphère politique : « Il y a quelqu'un ? Ça choque personne dans vos bureaux ? Dans une grande surface, on peut acheter un magazine ou des mots croisés, l'étagère à côté, mais pas un CD ou un bouquin ? C'est interdit ? ». L'été dernier, quand l'incertitude planait sur la reprise des concerts, M. Pokora avait été l'un des artistes les plus mobilisés pour dénoncer le sort réservé au monde culturel. « Je demande juste de la considération pour notre secteur d'activités » avait-il plaidé.