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En mars dernier, alors que Johnny Hallyday annonçait à la France entière être traité pour un cancer des poumons, son fils David se préparait déjà au pire. « J'ai la chance d'avoir des parents jeunes dans leur tête. Ils sont animés par des passions et restent jeunes. Mais je pense qu'on devient adulte quand on perd ses parents. C'est un peu la tragédie de sa propre vie. On devient adulte et on n'a pas envie de devenir adulte » avait confié le chanteur de 50 ans. Mercredi 6 décembre, Johnny Hallyday a finalement été emporté par la maladie et avec lui, tout un pan de la chanson française. « Aujourd'hui nous avons perdu notre père. Notre douleur est immense. Merci du soutien que vous nous apportez et de vos messages, qui nous touchent et qui comptent énormément pour nous » a réagi publiquement David Hallyday dans un communiqué partagé avec sa demi-soeur Laura Smet.

Un océan qui les sépare

Entre le père et le fils, c'est une histoire faite d'absence, d'incompréhension, de passion et de musique. Né en 1966 de l'union ultra médiatisée de Johnny Hallyday avec Sylvie Vartan, David a grandi en composant avec celui qui était devenu "l'idole des jeunes", au point de sacrifier sa vie de famille pour la scène. « J'avais 22 ans, je sortais de l'armée, du service militaire. David a fait ses études et a vécu à Los Angeles alors que moi je vivais en France » confiait le rockeur en 2016 dans un documentaire diffusé sur France 3. Un manque qui a longtemps rongé le coeur de David. Est-ce pour cette raison qu'il s'est lancé sur ses traces et a embrassé une carrière d'artiste ? Malgré le poids du passé, les deux Hallyday sont unis par la même passion. Et c'est par le biais de la chanson qu'ils vont se réconcilier et se rapprocher en 1999, avec l'album "Sang pour sang".

Regardez le clip "Vivre pour le meilleur" :



Tout est parti d'une chanson offert à Johnny Hallyday par Françoise Sagan. « Ce texte a été le point de départ de l'album. Je l'avais déjà depuis deux ans : Françoise l'avait écrit à ma demande, très vite, à la suite d'un dîner. J'avais essayé d'en faire la musique, puis d'autres compositeurs m'avaient proposé des musiques qui ne me satisfaisaient pas. J'aimais beaucoup cette chanson mais j'ai laissé tomber en me disant que personne n'allait y arriver et que, vraisemblablement, ce n'était pas un texte pour une chanson. Quand j'ai commencé à travailler avec mon fils David pour l'album qu'on devait faire ensemble, il m'a dit : "Tu n'avais pas un texte de Françoise Sagan?" J'ai répondu : "Laisse tomber, on est sept à s'être cassé le nez dessus, on n'y arrivera jamais. Les musiques ne sont pas à la hauteur du texte." Il est parti avec les paroles et deux jours après, il est revenu avec la musique » s'était remémoré Johnny pour RFi Musique.

"On a fait cet album avec beaucoup d'amour"

A partir de là, le père et le fils, qui avaient déjà collaboré ensemble sur les titres "Mirador" et "Possible en moto" en 1989, ont dessiné les contours d'un disque d'auteurs élégant, puissant. Mais l'exercice ne fut pas aussi simple qu'il n'y paraît... « Il était dans ses petits souliers et moi aussi j'étais très stressé. Pour lui, c'est aussi important, sinon plus, d'être reconnu comme compositeur que comme chanteur. Il veut écrire pour d'autres, ne pas seulement chanter ses chansons. Et la première fois qu'il écrit un album pour quelqu'un d'autre, c'est pour son père. Alors, on a fait cet album en connivence, avec beaucoup d'amour, mais en même temps avec beaucoup d'inquiétude. Et on en est sortis vivants » dira Johnny. Mais pas question pour lui de considérer ce travail à quatre mains comme une manière de rattraper le temps perdu. « Je ne pense pas avoir à me faire pardonner quelque chose. La vie a été faite ainsi » expliquera-t-il dans les colonnes de Libération.

Les auteurs à travailler sur les 13 chansons de l'album ont été triés sur le volet. Des noms prestigieux : Miossec, Vincent Ravalec (Marc Lavoine), Pierre Grillet (Alain Bashung), Zazie, qui lui offre "Le Poids de mes maux", Philippe Labro, présent à ses côtés depuis l'album "Une vie" en 1970, mais aussi Michel Mallory, fidèle parolier de Johnny à qui ce dernier doit "La musique que j'aime" ou "J'ai un problème" et qui fait ici son retour après 17 ans d'absence. Lionel Florence, qui venait de collaborer avec David Hallyday sur l'album "Un paradis / Un enfer", lui écrit "Vivre pour le Meilleur".

Un succès à 2 millions d'exemplaires

Mais la plus belle chanson que renferme "Sang pour sang" reste la chanson qui lui donne son nom. Signée Eric Chemouny, elle évoque le thème de retrouvailles entre un père et son fils et fait magnifiquement écho à la propre relation entre Johnny et David. Un tube qui fera chavirer la France entière et permettra à "Sang pour sang" de devenir le plus gros succès de la carrière de Johnny Hallyday. Disque de platine en deux semaines, l'album s'arrachera à plus de deux millions d'exemplaires et raflera le prix de l'Album de l'année aux Victoires de la musique. « David m'a écrit le disque qui s'est le plus vendu de ma carrière. Si je ne reconnaissais pas tout cela, je serais un abruti ! » disait encore le Taulier en 2013. D'ailleurs, David Hallyday n'excluait pas de retravailler un jour avec son père : « J'aimerais le faire. On a passé trop peu de moments ensemble. Donc le peu de moments qu'on peut passer, je comptabilise cela comme du temps gagné pour toujours ». La vie en a décidément autrement...

Découvrez Johnny et David Hallyday chanter "Sang pour sang" en live :