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Propos recueillis par Julien Gonçalves.

"Sauve qui aime" est élue Chanson francophone de l'année aux Purecharts Awards. Qu'est-ce que ça te fait ?
C'est un témoignage d'amour qui encourage énormément à continuer, à y croire. Je le prends un peu comme ça. À chaque fois, c'est un booster !

Et puis on fait les chansons pour les gens...
On fait les chansons pour les gens, et j'aime les gens profondément. Et je vais enfin les retrouver ! Ça fait trois ans que je pense à ces chansons, que je pense à les retrouver et que j'ai élaboré cet album pour les retrouver de cette manière-là. J'ai choisi vraiment d'avoir cet ADN sur ce disque parce qu'avec ces sonorités-là, on crée tout de suite quelque chose de spécial. Ce sont des chansons que je projetais dès le début sur scène. J'aspirais à quelque chose de festif, qu'on soit nombreux, qu'on appelle les gens à participer à un spectacle. Et qu'on soit en roue libre aussi sur scène. Avec cet ADN-là, j'ai pu me permettre d'être moins scolaire, moins disciplinée.

Ça se ressentira donc sur scène ?
Ah oui complètement ! On s'accordera beaucoup plus de choses. Il y aura très peu de séquences, juste sur quelques morceaux, on a ajouté un peu de modernité avec de vrais jeux de lumières, mais en majorité c'est que les musiciens quoi. Ça amène tout de suite quelque chose d'authentique, de direct pour faire décoller les gens et créer ce moment d'évasion qu'on attend tous quand on va voir un concert.

Les prix, les distinctions, c'est important pour toi ?
On est toujours content quand on le reçoit ! Je suis toujours reconnaissante de recevoir un prix. Je le prends comme un témoignage : "Oui on est toujours là, on t'aime !".

Parce que tu en doutes ?
Non mais j'en ai besoin ! Clairement, j'ai un appel à être aimée. Si je suis chanteuse, je pense que ce n'est pas un hasard... Je suis pleine d'amour, j'en donne énormément, mais j'en attends énormément en retour. Donc c'est un coup de booster d'amour, c'est le truc qui va me pimenter un peu ma carrière.

Quand il y une cérémonie, tu regardes pour voir si tu es nommée ?
Oui ! Et en même temps parfois pas du tout parce que je déteste la compétition. Il y a un petit côté que je redoute toujours. La compétition envers moi-même j'aime bien, je n'ai aucun problème avec ça, mais me retrouver nommée à côté d'artistes que j'aime beaucoup, même parfois qui viennent d'univers différents, ça me met dans une configuration où je me sens mal à l'aise. Par exemple, si je me retrouve à côté de Mylène Farmer, c'est Mylène Farmer, il n'y a pas photo. J'ai encore énormément à apprendre d'artistes qui sont ancrés dans le paysage français, qui racontent des choses, qui savent se renouveler. J'ai une grande admiration pour un grand nombre d'artistes. Parfois, tu te retrouves en face de Zazie, Aya Nakamura, Mylène Farmer... C'est le grand écart. Mais ça fait toujours plaisir quand j'en reçois un !



Ta tournée va donc démarrer le 3 mars prochain. Tu es dans quel état d'esprit ?
Je suis hyper excitée. Ça arrive à grands pas, c'est dans moins d'un mois donc je commence aussi vraiment à flipper ma race.

Qu'est-ce qui te fait peur ?
J'ai peur ! (Rires) Non mais j'ai peur de ne pas répondre à l'attente. J'ai toujours cette appréhension que la personne ne ressorte pas avec le sourire, soit à moitié satisfaite de ce qu'elle a pu entendre ou voir... Même si je sais que l'avis n'est jamais unanime ! J'ai conscience de ce que coûte un billet. J'ai conscience du monde fracturé dans lequel on vit. Je sais ce que ça impacte dans les budgets. Parfois, on sort en famille, entre amis... En tout cas, un billet ça a un coût. Je veux absolument, et avec toute mon équipe d'ailleurs... Parce qu'il y a une vraie notion d'équipe sur la tournée dont j'ai besoin sinon je suis incapable de monter sur scène, j'ai tellement le trac et je suis hypersensible. On veille au grain pour faire en sorte que la personne en ait vraiment pour son argent. Chaque rôle est très important donc tout le monde oeuvre pour que ce soit un beau spectacle et un bon concert.

Tu veux proposer quoi alors ? Quelque chose de festif ?
Je veux quelque chose de joyeux, de positif. Comme sur le disque, il y a un appel au lâcher-prise. C'est très pop, il y a des influences, rock, un peu soul. C'est l'un des disques les plus authentiques que j'ai pu faire, avec beaucoup de cris d'amour, de passion. On a enregistré dans des conditions de live donc c'est pas trop difficile de les projeter sur scène.

Est-ce que ça matche bien avec les anciennes chansons ?
Ça matche super bien ! Justement, ça leur donne un second souffle. Et moi ça me fait du bien, je vais les chanter d'une manière encore une fois non mécanique. Je déteste ce robotisme. "Au soleil", ça fait 20 ans si tu veux, je l'ai chantée 400 millions de fois, donc si elle ne me procure pas un minimum de sentiments, je ne peux pas chanter.

Il y a des anciennes chansons où tu te dis qu'il ne vaut mieux pas les revisiter parce que les gens veulent les entendre comme à l'époque ?
Non, après on ne les a pas totalement dénaturées non plus ! Ça m'est arrivé de dénaturer des chansons sur certaines tournées. Là, on est sur un spectacle qui est beaucoup plus dans l'énergie, il y a peu de ballades. Il y a des moments d'accalmie mais c'est plus pour créer l'interaction avec les gens.

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Avec neuf albums, la setlist, c'est un casse-tête ?
Franchement, il y eu trois versions, donc ce n'est pas énorme. La semaine prochaine, ce sera peut-être différent. (Rires) Mais peut-être pas ! En plus, je bosse avec Boom, directeur musical qui a fait Gims, Angèle, Tayc... C'est un bassiste avec qui j'ai l'habitude de travailler, c'est un excellent musicien. C'est quelqu'un qui a beaucoup de coeur et beaucoup de passion. Il a construit une équipe qui fait que les chansons ont pris une autre ampleur.

Quel titre tu prends le plus plaisir à chanter ?
J'adore "Que l'amour s'en aille", " A nous deux". Et "La hauteur des branches" parce que c'est un moment slowly, très sensuel. "Le titre de la chanson", j'adore aussi. J'aime bien aussi les chansons avec les tonalités un peu plus rock. Elles me font du bien ! Je me dis qu'elles sauront peut-être faire du bien aux gens. Mais, en tout cas, j'ai tout mis. Il y a les 18 chansons de l'album, plus les anciennes, donc préparez-vous parce que ça va durer 6h50 ! (Rires) Impossible de faire l'impasse sur un titre. On verra si ça change... Il y aura des mash-ups car certaines se mélangent bien. Je ne voulais pas enlever les bonus par exemple qu'on a mis sur les albums "J", "E" et "N" car ça se complète. D'ailleurs, j'ai eu certains regrets dans l'élaboration de l'album principal car je fais clairement un appel à la fête et en même temps j'ai mis 2-3 ballades, mais ça ce sont des trucs qui me dépassent.

Ton concert à Bercy, le 18 mars prochain, est particulièrement important j'imagine ?
Toutes les dates sont importantes ! Mais Bercy, ça fait bizarre. On me l'avait proposé plusieurs fois mais je ne voulais pas le faire. Parce que ce n'était pas le moment. J'avais l'impression que mes albums ne correspondaient pas à ce genre de salle. Et j'aime bien la proximité avec les gens. J'avais l'impression que j'allais me retrouver noyée, pétrifiée de trac, que j'allais être dépassée. J'ai peur de ne pas rompre le lien virtuel entre nous et le public. C'est important que le lien se rompe tout de suite, je ne veux pas être dans une bulle, je veux une unité. Mais là, comme on est nombreux sur scène et avec ce son-là, je pense que je vais pouvoir le créer.

Il y aura des guests ?
Il y aura des surprises ! Mais je ne peux pas en dire plus sinon ce ne sont plus des surprises. (Rires) Ce sera un peu plus pimenté, on va dire.

Quel bilan tu fais de l'album "N°9", trois mois après sa sortie ?
C'est définitivement l'album qui me ressemble le plus. J'adore la manière dont il a été pensé. J'aime la notion d'équipe qu'on entend sur cet album-là. Il y a vraiment beaucoup d'enthousiasme parce qu'ils aiment le disque et ça me fait vraiment plaisir. Je n'ai jamais eu autant de retours positifs sur ma musique. D'habitude, c'est surtout sur ma tenue vestimentaire ou les choses qui entourent ma musique, mais jamais sur ma musique. Là j'ai eu des critiques musique. Ça a été plutôt positif d'ailleurs, j'ai été chanceuse.

Regardez le clip "En attendant" :



Récemment, Zazie et Slimane ont abordé la question de la promotion intensive, estimant que parfois c'était difficile. Toi qui es là depuis 20 ans et qui a toujours été surmédiatisée, tu es d'accord avec ça ?
Oui car on devient mécanique, et c'est chiant. À chaque promo, j'essaie d'être focus sur le moment présent parce que je suis hypersensible et j'ai un gros problème de concentration. L'hypersensibilité, tu peux repenser au jour d'avant, à ce que tu as dit, ce que tu aurais pu dire... Tu te remets en question en permanence. Je peux me torturer comme ça. Quand il s'agit de parler de soi, c'est toujours un peu plus complexe pour moi.

Zazie et Slimane se posaient la question de se faire plus rares en promo. Tu y as pensé aussi ?
(Elle réfléchit) Pour être honnête, j'ai posé la question à ma manageuse tout à l'heure. Je m'interroge toujours sur le fait de trop en faire. Le trop est l'ennemi du bien et j'avais l'impression que je faisais trop de choses. Mon appréhension c'est de soûler les gens. J'ai toujours peur qu'à force de me voir, ça fasse l'effet inverse. Souvent, quand je rentre à Nice ou en Corse, on me dit : "Mais on te voit partout ! Tu n'arrêtes pas ! Mais comment tu fais avec les enfants etc ?". Et quand je parle depuis le matin, je suis en overdose de moi-même, je m'autosoûle.

On va faire vite alors ! Quel sera le prochain single de l'album ?
Là, on est sur "En attendant" et on continue de surfer sur "Sauve qui aime". Il existe aussi des remixes de mes chansons que j'aimerais bien faire exister à un moment donné. On n'a pas exploité "Est-ce que tu danses ?" encore, donc j'espère qu'on la sortira, elle est très représentative de ce que je vais proposer sur scène. J'adore le clip totalement décalé ! J'ai adoré me prêter au jeu, ça m'a fait marrer de prendre le contre-pied. C'était un risque mais j'ai le goût du risque. C'est comme ça que je me sens vivante, et pas en épousant les attentes qu'on se fait de moi. J'aime fonctionner avec mon instinct. Donc on a tout ça en projet. Alors, est-ce que je commence d'abord avec les remixes ? Je ne sais pas.

J'aime beaucoup "Tant que tu me tiens", qui ferait un super single !
Je l'adore aussi ! J'aimerais bien la sortir en single. C'était un potentiel single d'ailleurs. Elle est chouette, elle est toute légère au début, et elle a un côté naïf qui me fait du bien. Elle est fraîche. J'aime beaucoup cette chanson !

Est-ce qu'une réédition de l'album arrive ?
J'aimerais bien que les bonus existent vraiment. On est en réflexion là-dessus. J'aimerais bien ressortir le disque, rajouter les remixes, les feats aussi... Ce serait sympa, il y a un truc à faire.

Des feats ?
Il y a des petites interventions qui n'existent pas encore sur "N°9", qui ne devaient pas exister mais je pense qu'il faut qu'elles existent. Avec des participants... (Sourire) Je ne peux rien dire mais ce sont des artistes en tout cas.