Crédits photo : Compte Facebook de Janelle Monáe
Après cinq ans loin des bacs des disquaires, Janelle Monáe fait son grand retour. Avec "Dirty Computer", la chanteuse veut prouver au monde entier son statut de reine de la soul-funk moderne. Si le temps a été long, l'Américaine s'est entre temps illustrée dans le film oscarisé "Moonlight" et s'est engagée dans le mouvement "Black Lives Matter". Une longue pause due aussi à la mort de Prince, son idole, qui l'a énormément touchée. C'est le Kid de Minneapolis qui a lancé la chanteuse en la faisant apparaître en première partie de ses concerts. Très logiquement, l'album lui est grande partie dédié.
Regardez le clip "Make Me Feel" de Janelle Monáe :
Seulement, "Dirty Computer" (référence évidente à l'album "Dirty Mind" de Prince) est un album déroutant, où chaque piste explore un genre différent. Comme le prouve la chanson-titre introductive qui, avec ses chœurs solaires, rappelle l'univers des Beach Boys. Normal, c'est Brian Wilson, fondateur du mythique groupe californien, qui a composé le titre. Par la suite, Janelle Monáe nous invite dans un voyage qui navigue entre rap et gros funk 70's. L'énorme influence de Prince est à chaque coin : "Take a Byte" donne irrémédiablement envie de se trémousser alors que le méga-tube "Make Me Feel" a été en partie composé par le Kid de Minneapolis, dont on reconnaît les riffs de guitares si caractéristiques.
Janelle Monae mêle sexualité, politique et féminisme
Mention spéciale aussi à "Screwed", en duo avec Zoë Kravitz. Une chanson fédératrice et sensuelle sur laquelle Janelle Monáe se montre plus aguicheuse que jamais, tout en ironisant sur le pouvoir sexuel : « Wanna get screwed at a festival / Wanna get screwed like a animal (..) Everything is sex / Except sex which is power ». Grimes et Pharrell Williams viennent aussi prêter main forte à la chanteuse sur "PYNK" et "I Got the Juice". Étonnamment, ce sont les singles qui se révèlent être les moins bons titres du disque, excepté "Make Me Feel". Étrange choix d'ailleurs de les réunir en un seul bloc au milieu du disque. Toujours plus aventureuse, Janelle Monáe se frotte à la trap, en vain, sur "Django Jane" puis à une expérimentation folk-symphonique avec "Don't Judge Me", au titre très évocateur. Avec ces titres, l'artiste de 32 ans offre un disque dansant mais très personnel dans laquelle elle s'affirme en tant que femme forte et indépendante, insensible aux critiques que l'on peut lui faire.
A la fin de l'album, Janelle Monáe touche sa fibre politique avec "So Afraid" et surtout "Americans", qui restent les sorties de route du disque : « Aime-moi pour ce que je suis / Je suis américaine » conclut-elle à la fin de ces 42 minutes d'album. Bon timing : la chanteuse vient d'annoncer un concert dans la Grande Halle de la Villette le 5 septembre, date à laquelle les fans pourront venir vibrer sur ses nouveaux hymnes funky.