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samedi 31 mai 2014 14:28

Foster The People en interview : "On s'en fout d'écrire d'autres "Pumped Up Kicks" !"

Par Yohann RUELLE | Journaliste
Branché en permanence sur ses playlists, il sait aussi bien parler du dernier album de Kim Petras que du set de techno underground berlinois qu'il a regardé hier soir sur TikTok. Sa collection de peluches et figurines témoigne de son amour pour les grandes icônes de la pop culture.
Cette semaine, Foster The People dégaine le clip de son nouveau single "Best Friends", tiré de son deuxième album "Supermodel". La rencontre avec son chanteur Mark Foster nous a offert l'opportunité d'aborder, sans langue de bois, la genèse du projet, entre deux digressions philosophiques sur le bonheur et le culte de la célébrité.
Crédits photo : Site officiel
Propos recueillis par Yohann Ruelle.

Après le succès colossal de "Pumped Up Kicks" et votre tournée mondiale, vous auriez pu prendre le temps de vous reposer, de respirer... Mais vous vous êtres rapidement remis au travail. Dans quel état d'esprit étiez-vous, et toi particulièrement ?
Je ne sais pas... Je suis un acharné de travail. J'ai besoin de composer, de créer. En permanence ! Jusque là, je n'avais pas trop pris le temps de savourer. Donc je me suis accordé un mois ou deux de vacances. J'ai voyagé en Inde, en Afrique, j'ai escaladé le Kilimandjaro, j'ai découvert le Belize, la Grèce, l'Italie... Ce n'était pas très long, mais c'était une vraie coupure. Je ne peux pas me tourner les pouces trop longtemps, de toute façon !

« J'ai besoin de gravir des montagnes »
Comment avez-vous gérez votre notoriété fulgurante, après des années de galère ?
Ça été compliqué, et ça l'est toujours. Tu sais, quand tu as bossé dur et sans relâche, comme on l'a fait avec Mark et Cubbie... Tu atteins ton objectif et tu dis : "Et maintenant, quoi ?". T'es déboussolé, perdu.

Tu ne te sens pas à l'aise vis-à-vis de la célébrité ?
Je ne me considère pas comme une star. Surtout pas ! Je n'y pense pas et je ne veux pas y penser. Je n'ai jamais voulu être célèbre. Ce qui compte pour moi, c'est de savoir de ce que je vais faire après. (Il marque une pause). J'adore les puzzles. J'aime résoudre des équations, me creuser la tête et réfléchir à la manière dont je vais m'y prendre pour achever telle ou telle chose. Et pendant dix ans, mon puzzle a été de savoir comment enregistrer un album. Maintenant que je l'ai fait, avec "Torches", je vais quoi, sortir un deuxième disque ? Un troisième ? Et si je n'avais pas envie de faire ça ? Une partie de moi aimerait être acteur. Une partie de moi a envie de faire de l'art. J'ai besoin d'être stimulé par un autre challenge, par une autre montagne à gravir. Heureusement, je suis suffisamment pragmatique pour me dire "Hey, tu as déjà fait le plus dur, tu as bâti un début de carrière. Profites-en !".


Découvrez le clip "Best Friend" de Foster The People :


Ce nouvel album, c'est le résultat d'une envie ou d'une nécessité ?
Je vais te dire la vérité, en toute honnêteté. Là, maintenant, j'essaie de déterminer artistiquement ce qui me fait vibrer. Et sortir albums sur albums, essayer d'écrire d'autres "Pumped Up Kicks"... Je m'en fous ! Je l'ai déjà fait.

« L'égo, le succès... C'est de la connerie ! »
Donc quand tu chantes "Are You What You Want To Be?" (es-tu ce que tu veux être), sur l'un des titres de l'album, en réalité tu dialogues avec toi-même...
Totalement. "Supermodel" est né en réaction au succès de "Torches". Le disque parle beaucoup de ça : le rêve américain. D'une certaine façon, je le défie. On a tous grandi aux Etats-Unis en poursuivant cette quête, cette idée que la vraie réussite consiste à se faire beaucoup d'argent. Acheter une grande maison, construire une famille, conduire une belle voiture... On grandit en se disant que c'est ça, la définition du bonheur : posséder des choses matérielles et bâtir un empire. Tu vois, ma famille est de classe moyenne, ni pauvre, ni riche. Quand je suis arrivé à Los Angeles, j'ai connu la galère et les fins de mois difficiles, pendant huit ans, jusqu'à ce qu'on forme le groupe. Pour la première fois de ma vie, j'ai gagné mon propre argent. Et j'ai alors réalisé que ce n'était pas la bonne réponse. Je ne suis pas heureux. Je ne suis pas plus heureux que je ne l'étais avant. Tout ceci m'a fait me poser beaucoup de questions existentielles.

Écoutez "Are You What You Want To Be?" de Foster The People :



Tu as trouvé les réponses que tu cherchais, en écrivant cet album ?
Certaines, oui... Ok, bon, parlons sérieusement cinq minutes ! (Sourire). Je pense que nous sommes remplis de faux espoirs et que nous ne vivons pas notre vie comme on devrait la vivre. Le lâcher prise, c'est peut-être ça la clé du bonheur. Tout le monde essaye de se faire un nom, pour laisser une trace de son passage sur Terre. Regarde, hier je me baladais en bateau sur la Seine, et on est passé sous le pont Saint-Michel. Napoléon y a fait graver ses initiales. Il a marqué son temps, mais ce n'était pas suffisant pour lui, il voulait traverser les époques.

« On vit dans la culture du glamour et des paillettes »
Ça fait partie de la nature humaine, non ?
Je pense que c'est dangereux de placer sa foi dans cette idée, parce que ça nous dépasse. Il y a trop de variables, on ne peut pas le contrôler. Par exemple, l'oeuvre de Vincent van Gogh n'est devenue célèbre qu'après sa mort... Et puis on s'en fout ! Quand t'es mort, t'es mort, point. Donc le problème posé par "Supermodel" n'a pas été d'écrire un nouveau tube ou de trouver la recette magique pour vendre des millions de disques. L'essentiel, c'était de focaliser son attention sur ce qui compte vraiment : la musique et l'honnêteté. Les histoires d'égo, le succès, la pression de la société... Ce sont des conneries tout ça !

Découvrez le clip "Coming of Age" de Foster The People :



Pourquoi ce titre alors, "Supermodel" ?
C'est l'antithèse de ce qu'est réellement cet album et de ce qu'il veut dire. On vit dans la culture du glamour et des paillettes. On éduque nos gamins pour qu'ils deviennent des célébrités. Gagne du fric et tous tes problèmes s'en iront ! Voilà. C'est ça l'époque dans laquelle on vit aujourd'hui. C'est triste.

D'où la pochette de l'album...
Exactement. Le concept de l'artwork est très brutal, malgré les apparences. Il y a de la couleur, un design cartoonesque, mais ça montre quoi ? Une starlette en train de vomir qui se fait mitrailler par des paparazzi. C'est très indigeste. Le joli dessin, c'est juste un papier cadeau. Comme les chansons que j'écris, très festives mais aux textes très sombres, il faut voir au delà de la simple façade...
Retrouvez Foster The People sur son site officiel et sa page Facebook.
Écoutez et/ou téléchargez "Supermodel" de Foster The People sur Pure Charts.

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