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dimanche 13 novembre 2016 12:40

Emeli Sandé en interview : le poids du succès, Rihanna, les comparaisons avec Adele...

Par Julien GONCALVES | Rédacteur en chef
Enfant des années 80 et ex-collectionneur de CD 2 titres, il se passionne très tôt pour la musique, notamment la pop anglaise et la chanson française dont il est devenu un expert.
Quatre ans après l'incroyable succès de son premier album, Emeli Sandé revient avec "Long Live The Angels". Pour Pure Charts, la chanteuse revient sur le tourbillon, son impact sur sa vie, les comparaisons avec Adele ou sa collaboration avec Rihanna. Interview !
Crédits photo : DR
Emeli Sandé me donne peut-être rendez-vous dans un palace, mais elle n'a rien d'une diva. Avec un grand sourire, et cette coiffure pour le moins originale qui la différencie de toutes les autres, la chanteuse instaure d'emblée une atmosphère décontractée et répond avec douceur et sincérité à mes questions. Pas stressée mais impatiente à l'idée de dévoiler ses nouvelles chansons pour la première fois sur scène au public français, Emeli semble totalement apaisée, comme guérie, après un succès tonitruant qui a fortement impacté sa vie. Rencontre avec une artiste sereine et naturelle.

Propos recueillis par Julien Gonçalves.

Tu es de retour avec ton deuxième album "Long Live The Angels", quatre ans après "Our Version of Events". Une éternité donc ! Pourquoi as-tu eu besoin de tout ce temps ?
Je devais ressentir l'envie de sortir un nouvel album. Et j'avais surtout besoin de grandir personnellement, d'apprendre à mieux me connaitre, de devenir encore plus forte qu'avant... Et j'ai vraiment eu l'impression de franchir un cap, de passer de fille à femme, pendant cette période. Donc j'avais besoin de ce temps pour moi-même, afin de devenir aussi une meilleure artiste aussi.

" Je ne regrette rien "
Est-ce que ton succès n'a pas été trop important ?
En fait, c'est arrivé très vite. Je n'ai pas eu le temps de me poser la question ou d'anticiper quoi que ce soit, c'était totalement inattendu. Je n'ai pas pu me demander si ça allait, ce que je voulais faire, où je voulais aller... J'étais hyper heureuse quand même, mais maintenant je sais où je vais, j'ai plus de contrôle sur tout ça.

Avec du recul, tu ne penses pas avoir été surexposée ?
Je pense qu'on a surtout fait des choses très fortes. Je ne crois pas en avoir trop fait, mais les événements où je chantais, par exemple la cérémonie des Jeux Olympiques, en fait tout le monde les regardait ! Donc on a cru qu'on me voyait partout ! (Rires) Aujourd'hui, quand je repense à tout ça, je ne regrette rien de ce que j'ai fait. Ça m'a appris des choses, car aujourd'hui avec ce nouvel album je veux savourer et choisir des moments particuliers, faire les choses quand c'est le bon moment.

" Personne n'est prêt pour ce genre de succès "
Est-ce qu'un être humain est prêt pour affronter ce genre de succès aussi massif ?
Oh non ! (Rires) Je pense que personne n'est jamais fait pour ça. Les gens te disent des trucs, te donnent des conseils, et toi tu leur dis : "Oui oui ok". (Rires) Mais tant que ça ne t'est pas vraiment arrivé, tu ne te rends pas compte qu'ils te donnaient des conseils vraiment précieux ! Je n'étais pas préparée, mais ce que je retiens de tout ça c'est que rien n'est important à part la musique. Si jamais tu crois en ce que tu fais, alors vas-y et essaie de le faire écouter au plus grand nombre. Le reste c'est du bonus, des bonus sympas, mais il faut aimer la musique au départ.

Ton premier album a été un immense succès. Tu étais un peu stressée avec l'arrivée du nouveau ? Que les gens comparent, s'attendent peut-être à la même recette...
Oui, un peu. Mais sur le premier, je ne m'attendais pas à ce qu'autant de monde l'écoute ! Cette fois, je me disais : "Je veux que ce soit génial, je veux que ça me ressemble car des gens vont l'entendre". Et puis si je ne refais plus jamais d'album, je voulais qu'il soit vraiment moi à 100%.

Pourquoi penser que ce serait le dernier ?
(Rires) Je ne sais pas, on ne sait jamais ! On verra comment ça se passe. Je ne me fais jamais de promesse. Mais j'adore la musique, et j'ai adoré faire ce nouvel album. Si les gens veulent un troisième album, alors je me pencherai sur la question ! (Rires)

Regardez le clip "Breathing Underwater" :



Quand on est en studio après un tel raz de marée commercial, on se pose beaucoup de questions, on doute ?
Pas vraiment... Enfin, oui, au début, je me suis dit : "Merde, qu'est-ce que je vais faire ?". (Rires) Mais quand j'ai vu que ça pouvait changer ma façon d'envisager les sessions en studio, j'ai réalisé que j'avais besoin d'oublier tout ça, comme je n'y pensais pas quand j'enregistrais le premier. Il fallait que je sois dans le même état d'esprit. Je me disais : "Est-ce que je dis la vérité ?". C'était ça la vraie question. Quand j'écoutais les chansons, je me demandais : "Est-ce que c'est vraiment moi ? Est-ce que je fais semblant ?". Toutes les chansons de cet album sont pleines de vérité.

" J'ai eu la sensation de ne plus être moi-même "
J'ai pu écouter l'album avant sa sortie, et j'ai l'impression que toute cette expérience a vraiment eu un impact sur celle que tu es devenue. Comme si ça avait pu te déconnecter de la vraie vie et que tu avais eu envie d'y revenir à tout prix avec cet album...
Merci beaucoup... C'est exactement ça. J'ai eu la sensation a un moment qu'on m'a emmené loin du vrai monde, mais moi je viens d'une famille de classe moyenne comme on dit. J'ai eu la sensation de ne plus être moi-même. J'ai eu la possibilité de vivre des expériences formidables, d'avoir des choses très tendance, être entourée de luxe... Mais si tu n'as pas ta famille avec toi, tes proches, ça n'a pas la même saveur. J'ai eu besoin de me couper de ça, de revenir vivre dans la vraie vie et d'être moi-même. Ce nouvel album, je le vois comme un journal intime de ces expériences véritables.

Tu as eu envie un jour de tout arrêter ?
Peut-être quand j'étais extrêmement fatiguée. Le truc qui me gênait le plus c'est que je ne n'avais plus assez de temps pour chanter et écrire, alors que je grandissais et que j'avais besoin de m'exprimer sur ça. J'avais besoin de me sentir mieux dans mon coeur, dans mon métier. Et c'était le truc le plus important pour moi. Donc j'ai dû dire : "Je suis désolée mais je reviendrai plus tard car là j'ai besoin de m'améliorer, de progresser, d'aller de l'avant".

" Je n'ai pas décalé mon album pour Adele "
Tu as dit dans une interview que tu avais enfin appris à dire "non"...
(Elle réfléchit) Je crois que pour cet album mon label a compris que j'avais beaucoup changé personnellement. Ils m'ont donné du temps, là où normalement les labels te demandent de te dépêcher. En fait, je n'ai pas eu à dire non, les gens ont compris que je reviendrais quand ce serait le bon moment. Même si ça ne se voyait pas, je travaillais sur des chansons ! (Rires) J'ai commencé à bosser dessus, il y a deux ans. On avait tellement fait de concerts après "Our Version of Events" que j'ai pris une année de pause... Qui est devenue deux années ! (Rires)

Ecoutez "Garden" d'Emeli Sandé :



Ça a été difficile de recommencer à écrire ?
Non ! (Rires) Je suis accro ! J'ai besoin d'écrire des chansons. Ce que j'ai toujours fait en fait. Je n'ai jamais arrêté, j'aime trop ça. Par exemple, "Shakes" a été écrite il y a trois ou quatre ans peut-être quand je faisais la promotion de l'ancien album. Et même là, je continue à écrire... Je ne peux pas m'arrêter !

Comment on se renouvelle artistiquement ?
Je crois que j'ai juste été honnête en fait. Sur le premier, j'étais très jeune, je n'avais pas autant d'expériences à propos de la vie. Cette fois, c'est vraiment moi.

Mais le premier, c'était toi aussi..
C'était moi, mais c'était moi avant toutes les nouvelles expériences. Ça ne montrait peut-être qu'une partie de moi. Là, je crois qu'on découvre toutes mes facettes.

Comment tu définirais le son de ce nouvel album ?
C'est plus intense. Plus brut, vraiment plus soul. Il y a des influences gospel. J'ai l'impression que l'interprétation est plus forte.


Regardez le clip "Hurts" d'Emeli Sandé :



Et c'est vrai que tu as dû décaler la sortie de cet album à cause de "25" d'Adele pour ne pas l'affronter dans les charts ?
Oh non, ce n'étaient que des rumeurs... On l'a lu partout mais non ! (Rires)

Tu en as marre qu'on te compare avec Adele ?
Oui, parfois. Personnellement, je ne comprends pas trop les comparaisons. Je comprends, j'ai le même prénom qu'elle (Elle s'appelle Adele Emeli Sandé, ndlr), on est toutes les deux britanniques. Mais pour moi, ma musique est vraiment différente de ce qu'elle fait. Je la respecte, je trouve génial ce qu'elle fait. Mais je ne comprends vraiment pas. Mais bon, ce sont les médias...

Sur "Tenderly", on entend ton papa, et des cousins que tu as rencontré pour la première fois en allant en Zambie. Comment ça s'est fait ?
Mon père vit en Ecosse avec ma mère mais il est né en Zambie. J'ai collaboré avec Oxfam (une organisation internationale, ndlr) là-bas sur l'injustice, les droits des femmes. C'était magnifique, on a parcouru la Zambie. Je me suis rendue ensuite dans le village de ma grand-mère, il y avait mes cousins, mes tantes... C'était incroyable. C'est la première fois que je voyais mon père sur sa terre natale. C'est sans doute ce qui m'a le plus changé en faisant cet album.

" On a le droit d'être soi-même "
Alicia Keys est une de tes amies. Elle s'engage beaucoup depuis plusieurs mois. Elle ne porte plus de maquillage, elle est contre les smartphones pendant les concerts. D'un autre côté, Beyoncé s'engage pour la communauté afro-américaine. Tu as l'impression que quelque chose est en train de changer dans l'industrie ?
Oui, je crois. Les choses deviennent plus vraies. Avec Internet, tout le monde a sa chance. On peut écouter la musique de n'importe qui. Ce n'est plus quelque chose qui est contrôlé par les maisons de disques. C'est vraiment bien quand des artistes comme Alicia Keys ou Beyoncé prennent position pour des causes importantes en se servant de ce qu'elles représentent.

Tu as écrit pour Katy Perry ou Rihanna. Est-ce que d'autres titres écrits pour d'autres arrivent bientôt ?
Peut-être ! J'ai tellement de chansons que j'ai écrites... Des centaines. Mais pendant que je faisais l'album, quand on me sollicitait, je disais : "Désolé je fais mon disque, je ne peux pas écrire en ce moment". Mais puisque l'album est sorti, je vais pouvoir être plus disponible. On en enverra à certains artistes et on verra s'ils les aiment !

Tu disais il y a quelques années travailler avec Rihanna, sur "Anti" je crois, mais ces chansons ne sont pas sur l'album. Est-ce qu'on est déçu dans ce genre de situation ?
En fait, je n'ai pas écrit pour "Anti" mais pour le film d'animation "En route!". Parfois oui, ça peut être un peu décevant, mais les chansons étaient déjà écrites, ce ne sont pas des titres que j'avais écrits spécifiquement pour le projet. On leur a envoyé des chansons, et apparemment ils les ont beaucoup aimé mais il y avait beaucoup de business autour de ça. Il y a sans doute des centaines de personnes qui doivent tomber d'accord. Surtout quand il s'agit d'un film ! J'adore ces chansons donc je me dis qu'elles sortiront d'une façon ou d'une autre, quand ce sera le bon moment.

Pour terminer, quel est le message que tu veux délivrer avec ce nouvel album ?
Je voudrais dire aux gens que c'est bien d'être honnête, que c'est normal d'être sensible à l'émotion, de laisser parler ses émotions. Ce que j'ai appris c'est qu'on ne doit plus se préoccuper de ce que les gens disent, on a le droit d'être soi-même.

Découvrez l'univers d'Emeli Sandé sur www.emelisande.com et sur son Facebook.
Ecoutez et/ou téléchargez la discographie d'Emeli Sandé sur Pure Charts.

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