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jeudi 15 juin 2023 14:44

"Lithopédion" fête ses cinq ans : est-ce le pire album de Damso ?

Par Guillaume NARDUZZI | Journaliste
Il y a cinq ans jour pour jour, Damso dévoilait son troisième album, "Lithopédion". Un disque, aussi complexe qu'ambitieux, particulièrement attendu au moment de sa sortie. Après les immenses réussites de "Batterie Faible" et "Ipséité", l'album a été tièdement reçu et est régulièrement cité comme le plus faible de sa discographie. Mais, avec le recul, qu'en est-il vraiment ?
Crédits photo : Cover
Il aura suffi d'un couplet à Damso pour que son nom soit gravé à jamais dans l'esprit des auditeurs de rap français. Avec son apparition sur "Pinocchio" de Booba en 2015, extrait du classique trap "Nero Nemesis" du Duc de Boulogne, le rappeur belge se fait un nom. Des espoirs qui, une fois signé sur le label 92i de B2O, vont se confirmer avec ses deux premiers albums, "Batterie faible" en 2016 et surtout "Ipséité" un an plus tard (840.000 exemplaires vendus à ce jour), considérés par nombre de fans et de spécialistes comme des classiques du genre. L'attente est donc immense lorsque l'artiste effectue son retour il y a cinq ans. Et c'est peu dire que lorsque "Lithopédion" paraît le 15 juin 2018, les fans tout comme les critiques sont pour le moins perplexes.

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Un morceau cristallise l'attention


Il faut dire que Damso a opté pour une complexité déroutante sur ce troisième album en à peine trois ans. S'il est particulièrement ambitieux dans son naming, son concept et aussi dans sa direction artistique de manière globale, le disque n'est pas toujours à la hauteur de ses aspirations. La faute à un discours qui s'égare un peu en chemin et des choix qui interpellent. En témoigne notamment la piste particulièrement dérangeante qu'est "Julien". Un titre sur lequel Dem's décide d'aborder un sujet sensible : la pédophilie. Si dans le fond, l'idée n'est pas forcément mauvaise, même si très audacieuse au vu du rapport du rap en général avec "les pointeurs", le résultat s'avère assez embarrassant tant dans la forme (Julien est en réalité une femme) que dans le fond (les clichés éculés sur la pédophilie). De plus, l'écriture crue et pas forcément adaptée à ce registre de Damso vient renforcer ce sentiment (« Le prépuce venimeux et la peau luisante »). La légende raconte même que Booba détestait tellement ce titre que c'est l'une des raisons principales qui a acté la fin de la collaboration entre le rappeur belge et le label 92i.



Des productions remarquables


Cependant, il est important de noter que "Lithopédion" surclasse la plupart des albums de rap français et s'est offert des chiffres de ventes remarquables dont peu d'autres peuvent se targuer. Il s'est immédiatement classé numéro un du Top Albums et a inondé le Top Singles. Aujourd'hui, le disque s'est écoulé à plus de 475.000 copies et compte pas moins de 16 titres certifiés. Des performances rendues possibles notamment grâce à des productions que l'on doit à des références absolues comme Benjay, DSK On The Beat, Ikaz Boi, Junior Alaprod, Nk.F, Ponko, Pyroman et le duo Twinsmatic. Il a aussi le mérite d'apporter un peu de lumière dans l'univers jusqu'à présent très "nwar" du rappeur belge, notamment avec la parution du premier featuring d'ampleur sur l'un de ses projets avec "Silence", en compagnie d'Angèle, alors montante de la pop. Une surprise sur le papier tant les discours des deux artistes sont aux antipodes. Cette chanson casse alors complètement les codes habituels du rappeur et adoucit sa proposition. Son positionnement dans la tracklist, en quatrième position, est toutefois encore une énigme à ce jour.

Un disque scindé en deux


Quelques tubes font également mouche et figurent parmi les meilleures pistes de la discographie de Damso, comme "Feu de bois" ou "Smog". Mais d'autres, bien plus communs et dénués de l'ADN qui a fait la réputation du rappeur, désenchantent. On peut notamment penser à la seconde partie du disque, de la dixième piste "Aux paradis" jusqu'à l'outro - sans compter les morceaux bonus - "William", sur laquelle il fait pourtant le choix de dévoiler une petite part de la vie de l'homme derrière l'artiste. Car si la première moitié offre les idées les plus inspirées, dans le bon comme dans le mauvais, quitte à partir un peu dans tous les sens, celle-ci s'avère un ton en-dessous avec des jeux de mots qui tombent à l'eau ("Dix leurres") et des morceaux génériques qui créent un relatif désintéressement ("NMI", "Tard la night", "Noir meilleur").

Mais cinq ans après, le constat tient davantage dans le fait que "Lithopédion" est une sorte de laboratoire sonore transitoire qui a permis à Damso d'effectuer sa mue vers une proposition plus musicale et pop avec "QALF", qui a elle aussi morcelée la communauté des fans de l'artiste. Ce quatrième album, renforcé par son édition augmentée "Infinity" quelques mois plus tard (pour un total avoisinant les 485.000 unités à ce jour), offre un autre visage du rappeur, libre de ses choix sur son propre label. Damso semble y proposer la musique qu'il souhaite et telle qu'il la conçoit, tout en l'assumant pleinement. S'il adviendra à chacun de trancher au moment de statuer sur le moins bon album du rappeur belge, "Lithopédion" est en tout cas celui qui a généré le plus d'indifférence. Et c'est peut-être là l'un des facteurs les plus cruciaux.

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