Crédits photo : Richard Dumas
Trois ans après avoir chanté "La tendresse des fous", Da Silva est de retour avec un quatrième album pour lequel il n'a pas souhaité faire de concessions. Il n'avait pas envie de rire pour faire ses confessions. Douze titres signés de sa main avec une plume qu'il a bien aiguisé avant de coucher ses maux sur le papier. Sur fond de crise social, Da Silva raconte des histoires d'amour. L'amour pendant "La crise", l'amour dans "Les stations balnéaires", l'amour dans "L'escalier"… Autant d'idées défendues tantôt par un piano qui pleure, tantôt par des guitares et des sons électroniques.
Da Silva ne propose pas une tragédie à la Shakespeare mais "La distance" est un album sombre. L'artiste annonce le ton dès le titre d'ouverture : "Les concessions". « Je sais comment cela fini, comment cela dégénère, de faire ami-ami avec l'opposition. Non, je n'ai pas envie de rire avec tous mes congénères. Cela me contrarie de faire des concessions. ». Un album dans lequel Da Silva est direct comme s'il entrait au confessionnal. « A cran », « épuisé », la mâchoire serré, l'artiste revient sur son passé dont il aimerait se laver. C'est en tout cas "La crise" qui semble le ronger jusqu'aux os : il « remonte le courant » pour retourner « jusqu'à la source » et retrouver la lumière. Les remords hantent le chanteur qui paye ses « errances ». Ses fautes le rattrapent ! Mais "La crise", c'est aussi celle qui foudroie un à un les gouvernements en place et alimente l'actualité des journaux télévisés. Pas moyen de passer au travers des discours des politiques et des journalistes. Au point même d'en oublier les joies simples de la vie, que ce soit boire un verre seul ou à plusieurs, ou tout simplement faire l'amour.
A l'heure de retrouver sa famille pour "Le repas", cet homme qu'il dépeint comme fatigué par une journée de travail qui le déprime, au point d'en répercuter les méfaits sur ses enfants et sa femme, ne sait plus quoi faire. Saisissants, ces textes initialement chantés en guitare-voix puis finalement associés à des musiques dépouillées, ne tombent pas pour autant dans l'écueil d'une satire sociale bien trop facile. L'artiste rappelle avec cet album qu'il est également poète et conteur, narrant de belles histoires accessibles et peut-être autobiographiques quelque part. Comme une quête, Da Silva live ici une véritable introspection.
