Crédits photo : DR / Laurent Humbert
On le sait, Benjamin Biolay n'a pas la langue dans sa poche. Depuis le début de la crise sanitaire de coronavirus, le chanteur a multiplié les coups de gueule contre le gouvernement face aux mesures floues concernant la reprise des concerts. La fermeture des rayons culturels, suscitant le report de la sortie de la réédition de son album "Grand prix" au 11 décembre au lieu du 20 novembre, l'ont incité à s'en prendre au Ministère de la Culture et au Premier ministre. « Victimes une fois de plus des décisions absurdes, ubuesques et orwello-kafkaiennes du gouvernement français, nous sommes contraints de repousser la sortie de la réédition de Grand Prix (...) Nous continuons à mourir dignement comme vous le voyez Jean Castex. Bonne fin de journée dans le simulateur de vol » écrit-il sur son compte Instagram. Un coup de gueule qu'il réitère lors d'une interview croisée avec Calogero pour Paris Match.
"On nous abandonne, clairement"
Dans les pages du magazine, les deux artistes évoquent leur collaboration (Benjamin Biolay a écrit deux titres du nouvel album de Calogero "Centre ville"), taclent l'attitude de Michel Polnareff et évoquent la situation très difficile du secteur culturel, encore plus endommagé par le reconfinement. « On nous abandonne, clairement (...) Ma tournée est prévue en novembre 2021, mais on attend pour l'annoncer. Tout cela commence à devenir dur » se désole Calogero, qui prend rarement la parole sur ces sujets. De son côté, Benjamin Biolay ajoute : « Le gouvernement nous abandonne, l'Etat va mettre en place des structures, très bien. Mais on a empilé les lois anti-Covid et, au final, tout ça ne sert à rien. Je devais donner deux concerts dans la même soirée à l'Olympia pour respecter les normes sanitaires. J'ai dû les annuler ».
L'interprète de "Comme une voiture volée" explique que, malgré ses multiples sollicitations, le cabinet de Roselyne Bachelot n'est jamais revenu vers lui : « Pour décorer, il y a du monde, mais visiblement, c'est pour nous remettre des médailles en chocolat. Je dis ça sans animosité. On aurait pu nous dire dès le mois de mai : "Vous ne partirez pas en tournée", ça aurait évité de sacrées désillusions ». Benjamin Biolay évoque également le sort des techniciens durement touchés par cette crise : « [Ils] n'ont pas le droit au chômage partiel étant donné que les contrats se signent au jour le jour. On est censé faire rêver ! Pas être des mecs qui se filment chez eux pour annoncer de mauvaises nouvelles ». Pour Benjamin Biolay, la culture est bel et bien un domaine "essentiel" : « C'est ce qui justifie que tu te lèves le matin pour aller faire un boulot chiant ». « Tout ça fait mal. Ce côté brimé en permanence, l'art fliqué, c'est flippant. On a l'impression d'être en Chine » conclut de son côté Calogero, avant que son acolyte ne lui rétorque avec humour : « Tu ne comptais pas aller chanter là-bas ? ».