Crédits photo : Pochette de l'album
Il a suffi d'un single, "Pillowtalk", pour deviner l'ampleur du succès qui attend Zayn Malik. Il y un an, le jeune garçon découvert à 17 ans dans la version britannique du télé-crochet "X Factor" mettait un point final à son aventure avec One Direction. En cinq ans, le boys band a enchainé les succès, écoulé 20 millions de disques, généré des bénéfices records et fait chavirer la planète entière. Mais enfermé dans un univers musical qui n'était pas le sien, Zayn, le plus mystérieux de la bande, a préféré tout sacrifier pour rester fidèle à ses convictions artistiques. « Il n'y avait aucune place pour expérimenter ma créativité dans le groupe » a-t-il regretté, s'exprimant sur son choix une fois la tempête médiatique retombée.

Une quête d'identité

Ses millions de fans esseulés n'ont pas eu à attendre longtemps avant d'être consolés. Rejoint en studio par James "Malay" Ho, producteur de Frank Ocean, Alicia Keys ou John Legend, Zayn a dessiné les contours d'un premier album qui lui ressemble, loin des mélodies pop-rock FM et sucrées de One Direction. Sur "Mind of Mine", le chanteur se jette à corps perdu vers le R&B et se met véritablement à nu sur des morceaux intimes où romantisme et sensualité s'entrechoquent.

Regardez le clip "Pillowtalk" de Zayn :



Le ton est donné dès l'introduction. Mixant piano, touches électro et échos brumeux, "MiNd Of MiNdd" pose les bases d'un disque qui cherche à faire table rase du passé. La démarche affiche quelques similitudes avec celle de Justin Bieber sur "Purpose", et pas seulement musicales. Ici, l'introspection s'inscrit dans une vraie démarche d'authenticité qui possède les défauts de ses qualités : c'est à la fois sincère, touchant et maladroit. Bien sûr, Zayn n'est pas en quête de rédemption comme son collègue canadien mais d'identité. Et sur ce point-là, le challenge est relevé. Aussi bien à l'aise sur des hits tempétueux ("LIKE I WOULD") que sur des ballades à fleur de peau ("fOoL fOr YoU", "BLUE"), le chanteur de 22 ans impose une patte vocale surprenante, tant dans son débit que son falsetto vertigineux ("iT's YoU"). D'origine irlando-pakistanaise, converti à l'Islam, Zayn offre même un hommage à ses racines le temps d'un interlude acoustique des plus sublimes chanté en ourdou ("INTERMISSION: fLoWer").

Pas de course aux tubes

Interprète intelligent, Zayn a fait confiance au savoir-faire de Malay pour créer des productions sensuelles et élégantes. On apprécie la construction torpide de l'électrique "lUcOzAdE" ou celle, habitée et soul, de "tRuTh". C'est une satisfaction : le produit final est soigné malgré sa gestation rapide, alors que le chanteur aurait pu ne pas s'embarrasser de contraintes en choisissant des morceaux clés en main. L'investissement et la passion de Zayn pour le projet sont palpables.

On tempère les ardeurs : tout n'est pas à garder. En dépit d'un potentiel tubesque, "BeFoUr" est vulgairement générique et la ressemblance avec Nick Jonas sur le refrain est troublante. "sHe" aligne claps, texte et effets vocaux sans saveur. Le duo avec Kehlani, "wRoNg", apparaît comme une opération séduction pour les radios hip-hop et "TiO" est plus que dispensable. Mais pour une première tentative, l'essai se montre plus que convaincant.