Serge Gainsbourg aurait eu 83 ans le 2 avril prochain. En dehors de cette date anniversaire, le temps qui passe nous permet de mieux mesurer l’importance de l’oeuvre de cet artiste exceptionnel, et surtout de commémorer en ce 2 mars 2011, les 20 ans de sa disparition. Fils d'immigrants russes juifs, Lucien Ginsburg voulut d'abord devenir artiste-peintre. Puis il devint célèbre en tant qu'auteur-compositeur-interprète, d'abord pour les autres, ensuite pour lui, abordant de nombreux styles musicaux. Toute sa vie, Serge Gainsbourg souffrit de son physique, ce sentiment de rejet que lui renvoyait son miroir : celle d'un homme que l'on qualifiait de laid. Il ira jusqu'à en jouer, provoquer, se créer ce personnage de Gainsbarre, séduisant paradoxalement les plus belles femmes du monde. « J'ai retourné ma veste quand je me suis aperçu qu'elle était doublée de vison » déclarera-t-il.

Jusqu'à l'âge de trente ans, Serge Gainsbourg vit de petits boulots. Il est tour à tour professeur de dessin, de chant, surveillant… Mais son activité principale reste la peinture. En 1957, c'est par hasard que Michèle Arnaud et Francis Claude découvrent avec stupéfaction ses compositions, en allant chez lui voir ses toiles. Le lendemain, Francis Claude pousse sur scène Serge Gainsbourg qui, mort de trac, interprétera son propre répertoire. Puis, il entre en studio et commence sa fructueuse collaboration avec Alain Goraguer, déjà arrangeur de Boris Vian. Son premier album, "Du chant à la une !...", parait en 1958, avec "Le poinçonneur des Lilas", un échec commercial.


Visionnez le scopitone de Serge Gainsbourg, "Le poinçonneur des Lilas" (1958) :


Musicalement, tout le long de sa carrière, Serge Gainsbourg multiplie les collaborations. D’Alain Goraguer, à ses débuts, à Billy Rush pour ses deux derniers opus, en passant par Jean-Claude Vannier ou Sly Dunbar et Robbie Shakespeare, il ne cesse de redéfinir son univers musical. Sa sensibilité, son talent, lui permettent de capter dans l’air du temps les évolutions de la société qu’il observe, lucide et sans hypocrisie. Il incarne un artiste moderne qui se joue des conventions et s’investit totalement dans son travail, faisant de sa propre image un support artistique. Il collaborera même avec le photographe et réalisateur Jean-Baptise Mondino (Madonna, David Bowie, Sting, Björk...) en 1987 pour le clip du single "Mon légionnaire" (issu de son album "You're Under Arrest"), sa reprise modernisée de la chanson d'Edith Piaf datant de 1937.

Visionnez le clip de Serge Gainsbourg, "Mon légionnaire" (1987) :


Depuis quelques semaines, le magnifique coffret cinq CDs, "Les 100 plus belles chansons" est en bacs, avec un nouveau livret de trente-deux pages. Egalement la réédition en vinyle, pour la première fois depuis leurs sorties originales, de toute la discographie du grand Serge. Un coffret 2 DVDs, "D’autres nouvelles des étoiles", d'une durée totale d’environ 4h40 en son Dolby Digital 5.1 et DTS, et incluant le tournage intégral du mythique "Histoire de Melody Nelson" datant de 1971, ainsi que de nombreuses interviews filmées. Des extraits de concerts "Casino de Paris" et "Zénith", et des captations de duos avec Jane Birkin, Brigitte Bardot, France Gall, Catherine Deneuve, Charlotte Gainsbourg, ou Jacques Dutronc… sans oublier la publication également d'un coffret 4 CDs Mister Melody de quatre-vingt dix-huit titres, regroupant les plus grands interprètes de Serge Gainsbourg, de Juliette Gréco à Serge Reggiani, en passant par Régine, Anna Karina, Françoise Hardy, Isabelle Adjani ou Vanessa Paradis.

Ecoutez la maquette restaurée de Serge Gainsbourg, "Comme un boomerang" :


Disponible également, le double Best Of "Comme un boomerang" de 47 titres et un coffret intégral de 20 CDs, soit 284 titres. En édition limitée et numérotée, cette nouvelle intégrale retrace la carrière de Serge Gainsbourg et reprend sa discographie originale, de 1958 à 1991.