Crédits photo : Bestimage
Ces dernières années, Renaud a davantage défrayé la chronique à coups de nouvelles inquiétantes sur son état de santé plutôt qu'avec ses chansons. Alors que certains estiment que sa voix, difficilement reconnaissable, ne lui permet plus de renouer avec le succès, le chanteur, qui a fêté ses 71 ans le 11 mai, veut prouver qu'il est loin d'avoir dit son dernier mot. Celui qui a retrouvé l'amour aux bras de Cerise - qui s'appelle en réalité Christine - s'est lancé dans une nouvelle tournée de 40 dates en début d'année, donnant rendez-vous à ses fans en France, en Belgique et en Suisse. Ambitieux, il a même décidé d'ajouter 39 nouvelles dates à son spectacle acoustique, baptisé "Dans mes cordes", avec en point d'orgue quatre nouveaux shows à Paris, les 8 et 9 décembre aux Folies Bergère et les 20 et 21 décembre à la Salle Pleyel.

En communion avec le public

Mais avant, Renaud a fait escale dans la capitale pour deux concerts au Casino de Paris le week-end dernier. En guise de première partie, l'artiste et poète a choisi de mettre en avant Marion Roch. La jeune femme, dont le premier single "La bête au ventre" est paru fin mars, a reçu pour mission de faire patienter les fans du chanteur phare des années 70 et 80. Il est 20 heures précises lorsqu'elle s'élance sur scène, armée d'un univers qui fait rapidement mouche. La salle comblée se prend de passion pour ses titres et au bout de quelques minutes, une grande partie du public est debout, à se déhancher et à l'ovationner. L'accueil est si chaleureux que les spectateurs lui demandent de jouer (un peu) les prolongations. Chose faite avec, à la clé, des applaudissements amplement mérités. Après son départ, la foule est prête à entonner les grands classiques de Renaud. Mais il lui faut faire encore preuve de patience : un entracte est décrété. Au bout de 20 minutes, Renaud finit par arriver sur scène accompagné d'un double quatuor de musiciens. Le public lui réserve un accueil digne des plus grands. Il faut dire qu'ils sont venus de toute la France pour applaudir celui qui a réussi à traverser les générations avec des tubes populaires comme "Morgane de toi" ou "La mère à Titi".

Etonnamment, Renaud choisit d'ouvrir son concert acoustique avec d'anciennes chansons plus méconnues comme "Cent ans" et "Le petit chat est mort". Puis, l'heure vient d'entonner ses plus grands succès. Véritables marqueurs temporels, "En cloque", "Manu", "La pêche à la ligne", "Dès que le vent soufflera" et "Mistral gagnant" sont repris en choeur. A la fin de chaque prestation, le chanteur se voit réserver une standing-ovation. Ses fans, en totale communion, ne cessent d'en redemander. Et Renaud les comble davantage en assurant le show sur l'air de "Germaine", avant un final en apothéose sur "La ballade nord-irlandaise".

Des textes marmonnés avec difficulté

Mais sa voix éraillée par des excès d'alcool et de tabac vient ternir ce succès. Régulièrement, les paroles entonnées par Renaud sont, il faut le dire, inaudibles. Ses faiblesses se ressentent particulièrement lorsqu'il entreprend de monter dans les graves et les aigus. Au milieu du show, le musicien, grand amateur de chanson française, se lance le défi de reprendre un classique : "Si j'étais chanteur" de Michel Delpech. Si l'objectif est de rendre hommage à l'artiste décédé en 2016, Renaud n'apparaît pas à la hauteur... Juste avant sa prestation, Renaud a d'ailleurs créé la stupeur de ses fans en faisant mine de reprendre un titre de Michel Sardou. Ce qui a valu à ce dernier des sifflements et des huées nourris !

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Ce concert a été aussi ponctué d'un couac. Dès le début du show, des personnes chargées de gérer le public ont arpenté, dans tous les sens, la salle pour marteler que les photographies et vidéos n'étaient pas autorisées. Pas étonnant lorsqu'on se souvient que lors de son spectacle à Lille en janvier dernier, il s'est arrêté de chanter et a menacé de quitter la scène pour protester contre les nombreux téléphones brandis face à lui. Mais à l'issue des deux premières chansons de son show parisien, Renaud s'est livré à une annonce inattendue : il autorisait le public à le filmer pour immortaliser le concert ! Si cette seconde date de son périple parisien a été empreinte de difficultés d'élocution qui ont terni le spectacle, Renaud peut se targuer d'avoir conquis le Casino de Paris malgré tout. La salle n'a cessé de l'ovationner, ne lui tenant pas rigueur d'une voix éreintée par le poids des années. Celle qui a bercé des générations entières n'est plus vraiment là, mais qu'importe : l'icône prouve que la magie de ses textes sublimes continue toujours d'opérer.