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mercredi 15 octobre 2014 13:00

Priscilla dans "Flashdance" : "Je me suis demandée ce que je foutais là !"

Par Julien GONCALVES | Rédacteur en chef
Enfant des années 80 et ex-collectionneur de CD 2 titres, il se passionne très tôt pour la musique, notamment la pop anglaise et la chanson française dont il est devenu un expert.
Priscilla Betti est actuellement à l'affiche de la comédie musicale "Flashdance". Nous avons rencontré la chanteuse au Théâtre du Gymnase pour évoquer ce nouveau défi, la pression, sa traversée du désert, ses photos de nu, la provoc de Miley Cyrus et Rihanna, et son prochain album avec Benjamin Biolay.
Crédits photo : Claire Ghibaudo
Propos recueillis par Julien Gonçalves.

"Flashdance" signe ton grand retour, sept ans après la sortie de ton dernier album. Ça te fait quoi de revenir en première ligne ?
J'ai l'impression de revenir à ce que j'aime faire, mon métier, d'être sur scène avec ce projet. Je suis très honorée de représenter ce personnage. Je sais que "Flashdance" c'est mythique, culte, multi-générationnel. Et les gens attendent de retrouver pas mal de choses du film. Nous, c'est en partie une création en ce qui concerne les chansons narratives et l'histoire, mais les passages phares comme "Maniac", la douche ou l'audition de fin, ça appartient au film. Je suis super contente en ce moment.

« J'ai eu peur de disparaître »
C'est un renouveau ?
C'est nouveau dans l'expérience mais ça s'inscrit dans l'évolution des choses. Je suis contente parce que là je suis sortie de l'enregistrement de mon album, il y a maintenant "Flashdance"... Ça s'enchaîne et ça fait plaisir.

Ça te permet, avant la sortie de l'album, d'avoir une nouvelle notoriété...
En tout cas, on parle de "Flashdance", les gens savent que c'est moi qui suit sur le projet, donc ça leur parle. J'arrive à revenir dans la tête des gens.

Tu as eu peur de partir de la tête des gens justement ?
Ça m'a fait peur, oui et non. Je suis sortie à un moment donné car il y a d'autres artistes qui sont arrivés. Moi, je ne me suis pas arrêtée mais j'ai travaillé dans l'ombre, je ne peux pas être partout. Mais c'est bien aussi de disparaitre pour mieux revenir. Que les gens aient une image claire de ce que tu fais.

« Heureusement que les gens savent que je sais chanter, c'est mon métier »
Monter sur scène pour jouer la comédie, chanter, danser… Ça impose un vrai rythme, c'est un autre exercice. Tu n'as pas eu peur du challenge, de ne pas être à la hauteur ? Les gens savent que tu danses, que tu chantes mais...
Non, non... Les gens savent que je chante. Encore heureux, c'est un peu mon métier ! Après, pour la comédie, j'ai eu l'expérience de la série "Chante !". Ça m'a énormément servi. Mais les gens ne savaient pas vraiment que je dansais. Je dansouillais ! (Sourire) Ils savent que j'ai de l'énergie à revendre, que je peux balancer des coups de cheveux... C'était un peu ma marque de fabrique quand j'étais petite. Là, on me demande d'être une danseuse, technicienne, d'être souple... Ça a été un challenge mais ça l'est toujours. Tous les jours, ça en reste un. On ne sait pas de quoi demain est fait... On n'est pas des robots. Moi, par exemple, hier, j'étais en super forme, mais avant-hier, vocalement, j'ai eu quelques soucis. Heureusement, rien ne s'est entendu. C'est une hygiène de vie, un challenge de tous les jours.



Tu t'es dit à un moment "Dans quoi je m'embarque" ou tu as foncé ?
Alors, au départ, j'étais ravie. Après, quand j'ai commencé les cours de danse avec la chorégraphe, que j'ai vu ce qu'elle me demandait de faire, là je suis sortie du cours et je me suis demandée : "Mais qu'est-ce que je fous là ? Je n'ai pas mal place, je ne peux pas prendre la place de quelqu'un d'autre". Pour une danseuse, c'est le rôle d'une vie de jouer Alex. Après, je me suis dit qu'il n'y a que le travail qui paie, et je suis une bosseuse.

Tu as passé des castings pour d'autres comédies musicales ces dernières années ?
Non, pas vraiment. J'ai fait un essai une fois pour "Robin des bois", pour le rôle de Marianne, mais je faisais trop jeune. C'est tout. Moi j'aime découvrir plein de choses, je suis passée par pas mal de phases. Donc une comédie musicale, pourquoi pas ! Et je ne suis pas déçue.

« Le début de "Flashdance", ce n'était pas facile »
Les premières critiques, public et presse, sont bonnes. Tu les redoutais ?
Moi, je ne me suis fait aucun avis. On ne peut pas être objectif avec le show, on travaille tellement pour ce que soit bien, et il y a des choses qui peuvent merder, mais ça ne tient pas forcément à nous. On est une unité, du technicien, au son à la lumière, aux danseurs, aux comédiens. Je ne m'attendais à rien et je suis ravie de ce qui se dit. On n'a pas démarré facilement, et aujourd'hui on arrive à en sortir quelque chose de bien. On est fiers de ce qu'on présente !

Quand on porte un projet comme ça, on a une certaine pression. Tu l'as ressentie ?
Évidemment ! Je l'ai tous les jours. Il y aurait un problème sinon... Je travaille depuis le mois de mai sur la création, le spectacle se joue depuis près d'un mois. Tous les jours, on a affaire à un public différent, on n'a pas envie de les décevoir. Là, on a la première de gala le 20 octobre, avec les Américains qui viennent, il y aura des people. Mais au-delà de cette soirée, tous les soirs, chaque personne dans la salle a payé sa place, a envie de rêver. On ne peut pas avoir de coup de mou ! J'essaie de me concentrer mais parfois ça ne dépend pas de moi, c'est mon corps, ma voix... Je ne peux pas tout maîtriser.

A l'origine, Florent Torres a quitté le projet. Comment tu l'as vécu ?
Je ne m'y attendais pas. On a commencé à travailler ensemble, le feeling est tout de suite passé entre nous. Il a eu la même interrogation que moi au début des répétitions. Pas de la même manière... Lui il s'est dit que finalement il avait envie de faire un projet tout seul. Il en a pris conscience avant que tout démarre. C'est classe !

« Mon album est prêt ! »
Tu aurais eu le courage de claquer la porte ?
Quand on sait ce que ça nous demande... Moi, j'en ai pour deux ans de ma vie à peu près. Donc on se pose la question quand même, on réfléchit. Ce n'est pas une décision qu'on prend à la légère. Surtout pour un projet comme ça, pour une marque comme ça. C'est "Flashdance" quand même !

Il y aura une tournée ?
Ça dépend du succès des représentations à Paris jusqu'en mars. On peut être prolongés, on peut partir en tournée tout de suite... On vit au jour le jour. Quand je m'engage dans quelque chose, je le fais, je sais que je suis ici. Mon album est prêt ! On verra...

On a beaucoup parlé de cet album, notamment grâce à l'implication de Benjamin Biolay. Comment s'est faite la rencontre ? C'est un peu improbable...
Oui, improbable, on peut le dire ! Même moi, je n'y croyais pas. J'ai toujours voulu le rencontrer. J'étais fasciné par la personne, par ses textes, sa musicalité. Le mec, il sait tout faire ! Je suis curieuse de ces personnages mystérieux mais tellement talentueux. Ça s'est fait très simplement. On s'est rencontré, on a discuté, il est curieux aussi. On a beaucoup parlé de ma vie, artistique aussi, de ce que j'avais envie de faire. Ça l'a emballé. On a bossé ensemble sur trois titres.

Ses titres s'intègrent à ton répertoire ? Il a tellement un univers propre...
C'est une question d'arrangements. Au départ, c'est vrai, les chansons sonnaient pop, mais moi ce n'est pas l'univers dans lequel j'ai voulu partir. On a trouvé des arrangements pour les faire sonner soul.

« J'ai envie de surprendre les gens »
Dans l'esprit des gens, tu es une artiste pop. Tu n'as pas peur de bousculer ton image ? Tu es toujours Priscilla pour eux...
Oui, mais au final, ça veut dire quoi "être Priscilla" ? Ça ne veut rien dire. Je suis toujours Priscilla, mais j'ai des envies, j'ai envie de surprendre les gens, de proposer des choses. Je n'ai pas envie de rester dans le même moule. Ça ne m'intéresse pas. Après, oui ça risque d'être tendu mais tant pis. Je prends le risque. J'y ai mis tout mon coeur. On m'a fait confiance. Je le représenterai du mieux que je peux. Le public est capable de suivre si les choses sont vraies. On verra bien...

Avec ce registre soul, tu voulais prouver que tu avais grandi, tourné la page ?
Ce n'est pas une revanche. J'ai eu envie de refaire un album à moi. Ça fait longtemps ! Je veux revenir avec un univers qui me colle à la peau, qui me ressemble. C'est tout ce que j'écoute, c'est tout ce que j'aime. Je vais essayer de le proposer en France, et ce n'est pas facile !

Tu as démarché des maisons de disques ?
Pas encore. On est en plein dedans, on va dire. Le fait qu'on annonce "Flashdance", je l'avoue, ça aide un petit peu. En tout cas, les gens s'intéressent. Moi, je suis faite pour faire de la musique, la mienne.

Comment tu feras pour la scène, si ton nouvel univers est très éloigné de tes anciennes chansons ?

Il y en a une que j'ai repris, "Regarde-moi", complètement réarrangée en piano-voix, lors d'une émission sur les années 2000 sur M6. Ça a surpris beaucoup de gens, j'étais assez contente. Je ne savais pas que ça allait avoir cet impact-là. Donc je reprendrai peut-être celle-là, mais le reste non. J'ai envie de proposer ce que je fais maintenant.

Ecoutez "Regarde-moi" en piano-voix :



On a l'impression que tu démarres comme une nouvelle carrière...
Non, car ça voudrait dire que j'oublie celle d'avant et je n'ai pas envie. Je suis vraiment ravie quand je repense à tout ça, à mon Olympia, aux concerts faits à la Réunion, j'ai rencontré Britney Spears. C'est juste une évolution. Ça fait partie de ma vie. Sans ça, je ne serais pas là.

On le voit, pour les chanteuses pour enfants comme Lorie ou Alizée, c'est très compliqué...
Moi, je ne dis pas que c'est simple, je ne suis pas encore confrontée à ça.

Comment tu expliques que tu es arrivée à revenir, avec "Flashdance" et cet album soul qui arrive ?
Je ne sais pas... Je me suis toujours trouvée au bon endroit, au bon moment. J'ai l'impression que j'ai une bonne étoile.

« Arrêter ma carrière ? C'est inenvisageable »
Dans une interview pour Voici, tu as dit assumer ton passé. A un moment donné, tu as eu peur que ton image de petite fille qui chante des chansons pour enfants ça te colle à la peau ?
En même temps, les gens, la dernière image qu'ils ont de moi, c'est ça.

Mais en France, on met les gens dans des cases...
Tu m'en parles ? (Rires) Oui, c'est le souci. C'est le souci pour tous ceux qui ont démarré jeunes. Je dis qu'il faut laisser sa chance au produit ! Pourquoi vouloir me laisser dans une case ? Tout le monde a des envies de changement. Je ne sais pas comment on va recevoir cette nouvelle image, mais je n'ai pas envie qu'on m'oublie petite, ça fait partie de mon histoire. Mais j'aimerais qu'on tende un peu l'oreille, par curiosité...

Pendant ces dernières années, de creux, est-ce que tu as eu parfois eu envie de tout arrêter ?
Non. Ce n'est pas envisageable. J'ai trop de caractère pour baisser les bras. Mon caractère me permet de tenir ou d'assumer des choses parfois lourdes. "Flashdance", c'est loin d'être un truc de confort, c'est sept shows par semaine, c'est très physique. Ça m'aide à tenir.

Tu as dit que, quand tout s'est arrêté, tes parents avaient eu peur car ils "étaient plus lucides que toi". Tu n'avais pas réalisé ce qu'il se passait ?
Le rôle des parents et celui de l'enfant, ce n'est pas le même. Ils ont peur que ça s'arrête, que l'enfant soit triste, perdu. Moi, je ne me suis jamais interrogée là-dessus. Ça allait me polluer l'esprit pour rien. Je suis de nature à rester positive.

« Poser nu, ça m'a ouvert les yeux »
Financièrement, comment s'est passée cette période ? Tu as eu des doutes parfois ?
Oui, bien sûr. On a des frais de la vie de tous les jours, ce n'est pas simple. J'ai eu l'argent à partir de 18 ans. J'en ai mis de côté car on ne sait jamais de quoi est fait demain. J'ai réussi à vivre avec ça.

Tu as également dit assumer tes photos dans "Entrevue". J'imagine que tu dois en avoir marre qu'on t'en parle...
Un peu ! (Elle éclate de rire) Parce que je répète la même chose à chaque fois.

Avec du recul, c'était risqué quand même, non ?
Non, j'ai fait un milliard de séances photos, j'avais envie de différence. Comme aujourd'hui. Je disais à tout le monde que j'étais une femme mais est-ce que moi, je me le suis prouvé ? Ça m'a ouvert les yeux, ça m'a éclaté.

Tu n'as pas pensé au fait que ça pouvait te suivre ?
La preuve, ça me suit ! (Rires) Ça ne me dérange pas. Quand on fait les choses, à un moment donné, il faut les assumer. On m'en parle 15 fois, mais c'est normal...

« Miley et Rihanna, je ne sais pas ce qu'elles cherchent »
Tu savais que ça allait surprendre à ce point ?
Oui, je savais que les gens n'allaient pas être là à me dire : "C'est bien !". J'ai eu des gens qui m'ont dit : "Mais pourquoi tu as fait ça ?!". En même temps, j'avais envie de le faire, je l'ai fait. C'est pas grave, je n'ai pas fait de film X !

"Flashdance" joue aussi sur le côté sexy...
L'envie de tout le monde, et du metteur en scène, c'était de faire un show sexy. Je pense que c'est réussi. Ça colle avec l'histoire, les personnages, les cabarets...

Aujourd'hui les jeunes chanteuses comme Rihanna ou Miley Cyrus sont très provocs. Ça te dérange toi, en tant que jeune femme ?
Si elles décident de le faire, c'est qu'elles ont conscience de ce que ça peut reproduire. Après, ça les concerne, elles. Je ne sais pas ce qu'elles cherchent en faisant ça. Si elles sont comme ça, si elles cherchent à faire du buzz. Mais au moins, maintenant, on a ciblé les personnages...

Tu penses qu'il faut être un exemple pour les jeunes quand on est artiste ?
Evidemment ! Et puis, on est en France, il ne faut pas choquer. Aux Etats-Unis, ils ont des gagnantes ! Nous ici, personne ne fait ça. Ce serait pas mal d'ailleurs, ça mettrait un petit coup de pression. Mais moi, je ne suis pas du tout là-dedans. Je suis subtile, avec classe.

« "DALS" ? J'en rêve ! »
Est-ce qu'il y a des chansons que tu as chanté à l'époque et quand tu les écoutes aujourd'hui, tu te dis "Oh la la comment j'ai pu chanter ça ?"
(Rires) Non, franchement. Ça me plaisait et ça plaisait aux gens. J'avais mes cousines qui adoraient. Si on me proposait d'avoir la même carrière, je re-signe demain, sans rien changer.

Est-ce qu'à un moment donné, tu as pris la grosse tête ? Tu étais jeune, tu avais des fans, des tubes, tu as fait l'Olympia…
Non, parce que ma mère était toujours avec moi. J'avais juste à regarder dans ses yeux, et je savais si j'avais fait les choses bien ou pas. On ne m'a jamais rien dit à ce sujet dans mon entourage. Je pense que si j'avais eu la grosse tête, ma mère m'aurait ramenée sur Terre en une fraction de seconde. Je n'oublie pas d'où je viens, je suis issue d'une famille très modeste, je suis passée par plein de choses. Si tu commences à devenir comme ça, les gens vont s'éloigner, tu ne bosses plus, et tu te retrouves seul, ça m'amène rien, ça te détruit.

Certains disent qu'on te retrouvera à coup sûr dans "Danse avec les stars", l'an prochain...
J'espère tellement ! On m'a proposé de le faire deux ans de suite, mais la première je ne pouvais pas, la deuxième, je n'ai pas eu de suite. Mais ce serait sympa ! J'aimerais vraiment. L'année prochaine, pourquoi pas. En plus, elles l'ont toutes fait. Lorie l'a fait, Alizée l'a fait. Pourquoi je ne le ferais pas ? (Rires)
Pour en savoir plus, visitez priscillange.net ou son Facebook officiel.
Plus d'infos sur "Flashdance, the musical" sur le site officiel du Théâtre du Gymnase.

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