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« Il y a beaucoup de gens dangereux et haineux, qui prétendent être pour la paix, mais qui propagent en réalité la haine et la violence. Et ces gens-là ont tout ruiné. Je vais donc rester chez moi ». C'est avec ces mots que la chanteuse israélienne Noa annonçait récemment le report de ses concerts. Par mesure de sécurité, au vu du conflit israélo-palestinien et de la multiplication des actes antisémites en France, les producteurs ont décidé de ne pas maintenir certaines représentations. Mais Achinoam Nini, de son vrai nom, a tenu à faire passer un message de paix. En effet, l'interprète de "Beautiful That Way" était l'invitée de BFM TV ce jeudi soir pour évoquer la guerre, qui a fait 15.000 morts du côté palestinien, dont 6.150 enfants et 4.000 femmes, selon un dernier bilan.

"De la torture pour tout le monde"

Alors que 240 personnes sont toujours retenues en otage dans la bande de Gaza depuis l'attaque sanglante du 7 octobre, Noa a révélé connaître certains des prisonniers. « Je ne peux pas forcément identifier toutes les personnes ici mais je vois une image d'une femme qui s'appelle Noa également, il y a des vidéos terribles où on voit qu'elle est violée et violentée par le Hamas. J'ai des amis qui m'ont appelée, ils ont cru que c'était moi parce qu'on se ressemble beaucoup » constate-t-elle avec effroi : « C'est vraiment horrible. Certains de nos amis, militants pour la paix, ont été assassinés ou sont retenus en otage. Le 7 octobre, je ne peux pas vraiment le décrire avec des mots. Les familles des otages souffrent de manière complètement inhumaines, on ne sait pas quand ils vont être libérés. On voit ici un bébé de neuf mois... ».

Pour Noa, ce conflit est « de la torture pour tout le monde » et elle dit vivre « dans un cauchemar ». D'autant plus que la chanteuse israélienne était aux premières loges lorsque le conflit, qui dure depuis 75 ans, a pris un nouveau tournant le 7 octobre dernier : « J'étais là, on a vu des terroristes qui se sont comportés de façon barbare, qui ont commis des crimes horribles en ayant l'air de s'amuser en le faisant, en prenant des selfies ». Elle dit d'ailleurs devoir se réfugier « dans un abri presque tous les jours ». « Vraiment dévastée », Noa pointe du doigt la classe politique israélienne et notamment le premier ministre Benyamin Netanyahou : « On s'est sentis trahis par notre gouvernement, par l'humanité toute entière, par nos amis dans le monde entier. Ce sentiment de trahison est réel (...) Je pense qu'après cela, les Israéliens n'accepteront plus Benyamin Netanyahou et son gouvernement corrompu. (...) Je n'ai aucune confiance dans le gouvernement israélien qui a presque fait un coup d'état, pendant 10 mois les gens étaient dans la rue pour manifester contre le gouvernement ».

"Le Hamas ne veut pas la paix"

La solution pour une paix décisive et durable passera, selon la musicienne, par la création d'un état palestinien : « Je ne pense pas qu'il y ait d'autre solution que cette solution à deux états, même avec cette douleur. Je ressens la douleur de l'autre côté, je ne les oublie pas mais sans cette diplomatie, sans cette solution à deux états, on ne peut pas survivre ». Mais elle assure que les Palestiniens doivent aussi se rebeller contre l'organisation terroriste du Hamas qui veut « détruire les juifs et l'Etat d'Israël ». « J'ai souvent critiqué le gouvernement israélien, je continue à être très critique. Mais en même temps, j'aimerais bien voir aussi les Palestiniens critiquer leurs dirigeants. (...) Tous les habitants du monde arabe devrait critiquer le terrorisme, il faut que l'on trouve des forces modérées qui peuvent se réunir pour créer la paix ensemble. Le Hamas ne veut pas la paix » martèle-t-elle.

Noa (chanteuse israélo-américaine): "Il faut que les forces internationales se retrouvent pour arrêter la violence, éradiquer le Hamas et protéger les Palestiniens et les Israéliens" pic.twitter.com/Xw2whDvJyE

— BFMTV (@BFMTV) November 23, 2023

Les enfants de Noa enrôlés dans l'armée

Expliquant que ses enfants vont se battre dans les forces armées israéliennes (« On les a éduqués là-dedans »), Noa désire que les dirigeants du monde entier, politiques ou religieux, fassent davantage pour aider les victimes du conflit : « J'ai parlé au pape, à beaucoup de monde, beaucoup disent qu'ils veulent nous aider, je ne vois pas beaucoup d'aide. (...) Le Hamas est autant l'ennemi du peuple palestinien que du peuple israélien. Il faut sauver les innocents à Gaza et dans notre pays. On a besoin de la paix et je pense vraiment qu'on va y arriver ».

Interrogée par Olivier Truchot et Alain Marschall sur la montée des actes antisémites en France, Noa répond avec désespoir : « On vit dans un monde très polarisé, empoisonné d'extrémisme et de haine. Les gens ne parlent plus de manière sérieuse, ils n'ont plus de vraie conversation. L'antisémitisme est un résultat de ces conversations toxiques ». Elle avoue ne pas être davantage protégée aujourd'hui. « Non, je n'ai pas de garde du corps, je ne vis pas dans la peur. Je comprends tout à fait Arthur. (...) Il ne faut pas que nos actions soient motivées par la peur. Il faut qu'on aille vers l'avenir » explique-t-elle en référence au célèbre animateur, qui a révélé avoir été placé sous haute protection avec sa famille depuis le 7 octobre.

Concerts de Noa annulés en France: "Je vais revenir, je veux vraiment pouvoir parler et m'exprimer au nom de la paix", affirme la chanteuse israélo-américaine. pic.twitter.com/mKTC6uk9Bs

— BFMTV (@BFMTV) November 23, 2023

Malgré l'annulation de ses concerts en France, Noa se dit prête à revenir chanter de façon pacifiste : « Je vais revenir, je veux vraiment pouvoir parler et m'exprimer au nom de la paix. Il faut dire que le terrorisme n'est pas le bon chemin. Il faut une solution qui permette à nos enfants d'avoir une vie différente. Israël - Palestine, deux états pour deux populations ». Pour finir son intervention, Noa a interprété quelques paroles de "There Must Be Another Way", la chanson qu'elle a interprétée à l'Eurovision 2009 avec Mira Awad, une chanteuse palestinienne. Un appel à la paix encore plus d'actualité.