Crédits photo : Pochette de Géopoétique
MC Solaar a disparu pendant dix ans. Le rappeur poète revient aujourd'hui avec l'album "Géopoétique", un huitième opus inspiré qui prouve qu'il n'a rien perdu de sa plume ni de sa capacité à regarder le monde. « Tout a commencé là-bas dans la ville qu'on appelle Maisons-Alfort ». Voilà la phrase qui ouvre l'album sur "Intronisation". Un retour en grâce qui s'amuse avec les phrases les plus fortes de ses anciens tubes : "En jean en short ou en djellaba" de "Inch'Allah", "Zigzag zigzag, oui, j'ai du zigzaguer" de son duo avec Missy Elliott, "Non, pourquoi moi ? C'est une erreur" ou "Seul sous son saule pleureur, Solaar pleure" de "Solaar pleure", "Je suis l'as de trèfle qui pique ton coeur" de "Caroline"... Et il est d'ailleurs beaucoup question de nostalgie sur les nouvelles chansons de MC Solaar.

Solaar joue avec les mots comme personne

Alors qu'il joue encore et toujours avec les mots comme personne ("Frozen Fire", le coup de coeur "Mephisto Iblis"), le rappeur a souvent un pincement au coeur quand il pose son regard sur notre société. Par exemple, "Les mirabelles" raconte l'histoire d'un village français par le prisme de la guerre. « Allons enfants » lance-t-il sur des roulements de tambour et la pluie qui tombe... Artiste engagé dans l'âme, MC Solaar se questionne aussi (et nous avec) sur le but de nos vies et le temps qui passe (comme l'a déjà prouvé le premier single "Sonotone"). Sur les magnifiques couplets au piano de "EKSASSAUTE", il se met dans la peau d'un employé essoré par la pression ou raconte l'histoire d'un couple gâché par l'ambition et l'argent : « Maintenant je me rend compte que j'aurais pu ouvrir les yeux / Trouver du temps, de la lumière, comme sainte Thérèse à Lisieux » rappe-t-il avant de nous inviter à nous libérer de nos chaînes sur son refrain électro et un pont percutant grâce à son flow à cent à l'heure. Un titre qui fait du bien, comme l'explosif "On se lève". Dans "La clé" aussi, MC Solaar lève le poing en campant le rôle d'un militant pris à son propre piège.

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Si le passé est omniprésent sur ses 19 titres, MC Solaar n'oublie pas de regarder en avant sur des pistes résolument modernes comme "Jane et Tarzan", comme à la belle époque, ou les singles évidents "AIWA", qui fusionne son flow d'antan aux sonorités actuelles à la Major Lazer, et "Pili-pili", une déclaration solaire à l'Afrique. Car l'ADN du rappeur n'est jamais loin, même si les productions se veulent d'aujourd'hui. Il invite son acolyte Bambi Cruz sur le seul morceau très rap de l'album ("Zonmé des zombies"), et multiplie ici et là les clins d'oeil à Serge Gainsbourg ("Super Gainsbarre"). « Si le rap excelle, le jazz en est l'étincelle » rappait-il sur "A temps partiel" en 1991. Pour lui rendre hommage : le moins inspiré "Géopoétique" ou "J.A.Z.Z - Kiffez l'âme" avec Maureen Angot (ancienne candidat de la "Star Academy"). Mais peu importe la chanson ou le style, à chaque seconde, on se dit que MC Solaar nous avait terriblement manqué.



Regardez le clip "Sonotone" de MC Solaar :