Crédits photo : DR / Derrick Santini
Propos recueillis par Julien Gonçalves.

Le titre de ton nouvel album est "Tattoos" parce que tu as déclaré qu'ils étaient comme "des expériences qui sont ancrées en toi à jamais". Qu'est-ce qui t'a inspiré pour ce disque ?
Plein d'expériences différentes, tu sais. Tomber amoureux, l'incroyable accident que j'ai eu l'an dernier, et puis après chaque jour de la vie t'inspire forcément parce qu'un tas de choses se passe tout le temps.

Comment t'es-tu senti pendant cette période ?
C'était vraiment une période de ma vie très intense. En fait, je ne savais pas trop à quoi m'attendre, mais je savais juste qu'il était impératif pour moi de me remettre sur pied et de revenir. Il y avait beaucoup de monde qui m'attendait, qui me regardait aussi. Je voulais surtout ne décevoir personne. J'ai eu besoin de beaucoup de rééducation et de répétitions pour que je puisse me retrouver et être en forme pour danser à nouveau. Mes premières répétitions ont été vraiment effrayantes car je n'étais plus capable de faire les choses assez simples que j'avais eu l'habitude de faire toute ma vie. Mais heureusement, après avoir bossé très, très dur, tout est revenu.

A un moment, est-ce que tu as eu peur que le public puisse t'oublier durant ton absence ?
Non, je n'ai pas vraiment pensé à ça. Tu sais, ça n'a pas duré si longtemps. Je ne savais pas vraiment quand j'allais être en mesure de revenir, mais je savais une chose, c'est qu'il fallait que je revienne.

Et maintenant, on le voit, tu peux danser comme avant et faire des figures encore plus impressionnantes même, comme tourner sur ta tête dans le clip "The Other Side". Tu n'as pas peur parfois de te blesser à nouveau ?
Ah non, pas du tout. Je suis de retour à 200%, tout est comme avant, je n'ai pas peur.

Donc ta passion pour la dance est toujours intacte ?
Oui, et sans doute même encore plus forte qu'avant. Pour revenir, j'ai dû travailler tellement dur que ça m'a donné envie de me dépasser et mon amour pour la danse a grandi. Je pense même que je suis meilleur maintenant que je ne l'étais avant.

"The Other Side" a marqué ton retour après cet accident. Est-ce que cette chanson a une signification particulière pour toi ?
Cette période a été assez triste donc pour ce retour j'avais besoin d'un renouveau, de quelque chose de positif. Ce titre parle de ce moment où tu franchis la ligne entre l'amitié et l'amour, quand tu es ami avec quelqu'un mais que tu veux un peu plus. Et parfois, il y a ce moment unique qui va tout changer.

Regardez "The Other Side", le clip de Jason Derulo :



oEst-ce que cet accident a changé quelque chose dans ta manière de travailler ?
En fait, ça a été très dur en studio. J'ai dû prendre beaucoup de pauses parce que j'avais très mal au cou pendant les enregistrements. Moi j'ai besoin de bouger, je suis comme ça, j'ai toujours été habitué à faire ça, j'ai besoin d'être dans la chanson. Mon corps a toujours eu l'habitude de bouger mais là c'était vraiment douloureux, très douloureux. J'avais des migraines à cause de ma douleur à la nuque. C'était difficile, mais ça a servi à l'album.

Forcément, tu as dû te servir de cette douleur pour en faire quelque chose de positif...
Oui, parfois écrire des chansons positives et fun comme "Talk Dirty", ça aide à apaiser un peu la douleur. C'est comme ça que je sais que la musique peut être thérapeutique.

J'ai lu que tu avais écris plus de 300 chansons pour "Tattoos". C'est exact ?
Oui, oui, c'est vrai. 300.

Mais plus on a de chansons, plus ça doit être compliqué de faire un choix, non ?
Oui, carrément ! (Rires) Mais ce n'est pas toujours comme ça. J'ai passé un an sur cet album, donc ça a été assez difficile de faire des choix quand il ne restait plus qu'une bonne vingtaine de chansons dans la course. « On doit avoir choisi pour demain ! ». Oh merde ! (Rires) C'était vraiment compliqué. Mais j'ai joué mes chansons à pas mal de gens, ça m'a aidé à réaliser quelles étaient les bonnes chansons à retenir. Je ne voulais pas des chansons qui se ressemblent entre elles, c'est pour ça qu'elles sont assez différentes les unes des autres sur l'album.

"Tattoos" marque aussi ta première collaboration avec RedOne ou encore The Cataracs. Pourquoi faire appel à de nouveaux producteurs maintenant ?
Tu sais, cet album est très important pour moi. Et puis, j'ai toujours été fan des ces artistes-là. Travailler avec Dr. Luke, c'est lui qui a fait "The Other Side" avec son équipe, c'était vraiment incroyable. Je voulais écrire avec toutes ces personnes différentes parce que j'étais fan mais aussi parce que ce sont mes amis. C'est pareil pour les duos. Je voulais des gens qui fassent partie de ma vie d'une certaine manière.

Le single "Talk Dirty", en duo avec 2 Chainz, est très étonnant de ta part. C'est la première fois que tu proposes un titre aussi urbain. Tu voulais surprendre ?
Complètement. L'idée, c'était d'avoir plusieurs dimensions sur cet album. Ce n'est pas que sur "Talk Dirty" mais il y a d'autres chansons qui vont pouvoir choquer les gens. Et c'est ce qui rend "Tattoos" vraiment cool. C'est important d'évoluer, de surprendre les gens, de rester intéressant à leurs yeux.

"Talk Dirty" est une chanson très chaude. Dans le clip, tu n'hésites pas à te déshabiller, à mettre ton corps en avant. C'était également le cas dans la vidéo "The Other Side". Pourquoi ? C'est une course aux vues sur YouTube et Vevo ?
(Rires) Oh tu sais, avant même que je me mette nu dans mes clips, j'avais toujours 750 millions de vues donc non, je n'en ai pas besoin. Je suis juste très à l'aise avec mon corps. Tu sais, quand je joue au basket, j'enlève mon t-shirt, quand je fais du sport aussi. J'enlève mon t-shirt tout le temps en fait ! C'est juste que je suis bien dans ma peau, je suis moi-même. Et c'est ça le truc avec cet album, il reflète qui je suis. Je n'ai plus envie de prétendre être quelqu'un d'autre, avant j'étais plus timide, je ne savais pas vraiment quoi faire, comment agir. Ça me semblait très difficile. Maintenant, c'est vraiment plus facile pour moi.

Dans "Talk Dirty", tu glisses quelques mots d'espagnol, tu chantes "London to Taïwan", "New York to Haiti". L'idée c'était peut-être aussi de toucher plusieurs territoires avec ces paroles ?
(Rires) Non ! L'amour est un langage, mec ! Je n'ai pas nécessairement besoin de parler la même langue que quelqu'un pour être attiré par cette personne, et qu'elle me dise des mots cochons. Si elle me dit des mots salaces dans sa langue, je vais comprendre ce qu'elle me dit quand même.

Regardez le clip de "Talk Dirty" de Jason Derulo :



Ton nouveau single aux États-Unis est "Marry Me" alors que "Talk Dirty" est choisi partout ailleurs. Il y a un vrai contraste entre les deux titres...
Oh non, pas du tout ! (Rires)

Tu avais peur de choquer ton public américain avec un titre si chaud ?
Non, en fait, je pense qu'ils vont être choqués aussi par "Marry Me". C'est le titre le plus vulnérable que j'ai fait jusqu'ici. Peut-on vraiment aller plus loin après une chanson qui s'appelle "Marry Me", quand il s'agit de sentiments amoureux ? Je parle quand même de me mettre à genoux et de faire enfin ma demande, ce qui sera sans doute le plus beau moment de ma vie. C'est vraiment intime, donc c'est choquant mais à un autre niveau. C'est tellement loin de mes autres chansons comme "Ridin' Solo" ou "Whatcha Say".

"Marry Me" a évidemment eu un écho particulier auprès de la presse people qui ne cesse d'annoncer un mariage imminent avec ta petite amie Jordin Sparks. J'imagine que c'est difficile de vivre sous le regard des paparazzi, des rumeurs etc...
Oui, ça peut l'être, vraiment. Parfois, tu aimerais ne pas être filmé quand tu passes un bon moment avec les gens que tu aimes. Parfois, tu sors d'un avion, tu as dormi pendant 15 heures et là quelqu'un prend une photo de toi et tu es là, tu te dis "C'est vraiment la dernière chose dont j'ai envie à ce moment précis". Surtout que les gens dans le monde entier vont voir cette photo de toi. Ça peut être frustrant parfois. Mais bon, c'est comme ça, ça dépend aussi des pays dans lesquels on va. J'essaie de bien le prendre.

Comment s'est passé l'enregistrement de "Vertigo", ton duo avec Jordin Sparks ? Ça n'a pas été trop compliqué de travailler avec elle, alors que vous êtes en couple ?
Non, ce n'était pas difficile. Enfin, évidemment, au début, ça l'a été un peu. (Sourire) On a juste essayé de trouver nos repères et savoir comment l'autre fonctionnait dans le travail. Mais au bout de deux prises, ça s'est débloqué ! (Rires)

Il est prévu que tu travailles sur son prochain album...
Tout à fait.

Est-ce que tu peux nous en dire plus sur son projet ?
Bien sûr. Elle est sur le point de revenir avec son véritable premier single. Elle a déjà dévoilé le titre "Skipping a Beat" pour préparer un peu le public mais son vrai single va arriver là, très très vite. Dans deux semaines je crois. Il y aura un duo sur son album entre elle et moi, c'est une chanson d'amour qui s'appelle "Before It Breaks" et ça parle de gens ordinaires qui s'éloignent quand les choses deviennent compliquées entre eux.

Regardez "Marry Me", le dernier clip de Jason Derulo :



Pour revenir à ton album, il y a comme tu le disais plusieurs ambiances, plusieurs registres, comme sur "Trumpets", qui est là encore un titre surprenant venant de toi. C'est sans doute l'un des meilleurs du disque. Comment est venue cette chanson ?
On a tenté des trucs. On expérimente. On essaie juste de sortir un peu des normes, de sortir des sentiers battus. On est tous des créateurs, quelles que soient nos disciplines. Je suis content quand on me dit qu'on aime ce genre de titres, et j'ai hâte de partager tout l'album avec les gens.

Est-ce que tu sais déjà quels seront les prochains singles de l'album ? Tout est programmé ?
Non, pas vraiment. Mais c'est fou parce que chaque territoire a ses propres goûts. C'est vraiment incroyable. Ça veut dire qu'on peut décider ce qui est le mieux pour chaque public. Aux Etats-Unis, "Marry Me" est la nouveauté la plus ajoutée en radio, au Royaume-Uni, "Talk Dirty" est très bien accueilli et devrait être numéro 1 (il l'est d'ailleurs devenu, ndlr), en Australie il est numéro 1 devant Katy Perry. C'est vraiment dingue !

Après avoir fait des titres dance et électro, USHER, Chris Brown ou Nicki Minaj ont annoncé un revival, un retour aux sources plus R&B sur leurs prochains projets. Tu penses que c'est une bonne idée ?
Si c'est une bonne idée ? Oui, c'est cool. Mais, dans mon cas, j'ai préféré proposer quelque chose de nouveau plutôt que de revenir à un genre. C'est pour ça que je fais des chansons comme "Talk Dirty". C'est difficile de décrire sur quel terrain elle joue. Pareil pour "Trumpets", qu'est-ce que c'est ? Pop, soul, R&B ? Ce n'est définitivement pas électro ! Je veux créer quelque chose de frais.

Si tu devais conseiller un seul titre de l'album à quelqu'un qui ne te connaitrait pas encore. Lequel ce serait ?
(Il réfléchit) Je recommanderai "Vertigo". C'est très dépouillé, c'est sur celle-ci que tu peux vraiment entendre les voix. C'est très sobre, presque nu. Et puis c'est une chanson spéciale pour moi, avec Jordin.