Crédits photo : capture d'écran Pure Charts
Indochine a suscité autant d'enthousiasme que de mécontentement hier en dévoilant le clip de son nouveau single "College Boy". Le groupe avait annoncé un clip choc pour illustrer ce titre qui évoque la tolérance et la violence entre les adolescents, notamment à l'école. « En classe, les enfants sont extrêmement durs entre eux. C’est un peu comme une chasse aux sorcières avec ceux qui ont dévoilé leur homosexualité » avait confié Nikola Sirkis à Pure Charts au mois de février, à l'occasion de la sortie du nouvel album du groupe, "Black City Parade". Indochine a fait confiance aux talents du cinéaste canadien Xavier Dolan pour évoquer le harcèlement. C'est lui qui a réalisé la vidéo de "College Boy", longue de six minutes et dévoilée en noir et blanc. Un esthétisme rétro et trash avec des images violentes mettant en scène un adolescent frappé à mort par ses camarades de classe, face à un public qui assiste à ce massacre comme il va au cirque. Violenté, le garçon malaimé par les autres élèves se fait uriner dessus avant d'être crucifié puis transpercé par plusieurs balles.

"Il y en a assez de cette mode de la violence"

Des images que le CSA n'apprécie guère. Le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel envisage même de faire interdire la vidéo au public de moins de seize ans, prohibant ainsi toutes diffusions avant 22h sur les chaînes de télévision. La journaliste Françoise Laborde, membre du CSA, s'est exprimée hier sur Europe 1, estimant que « cette vidéo montre des images dont la violence est inestimable. Il y en a assez de cette mode de la violence. La mort, ce n'est pas esthétique. La violence, ce n'est pas esthétique. La torture ce n'est pas esthétique. Ces images n'ont pas leur place en journée sur des chaînes musicales. C'est insupportable de montrer une telle violence. On est dans une chanson, pas dans un clip d'art et d'essai » a-t-elle ainsi indiqué, invitant ses collègues du CSA à la censure.

Regardez le clip "College Boy" d'Indochine :



Xavier Dolan n'est pas du même avis. Dans les colonnes du Parisien, le réalisateur québecois a exposé son point de vue. « Dire que mon clip encourage la violence, c'est complètement stupide. Est-ce vraiment plus violent que tous les films qui arrivent sur nos écrans tous les jours? » a-t-il confié, avant de confesser : « Je voulais aller jusqu’au bout non pas pour choquer, mais pour montrer que cette situation est possible parce rien ne l’empêche ». Quoi qu'il en soit, celui-ci n'aura pas le dernier mot puisque le CSA fait autorité en la matière. Le groupe Indochine peut néanmoins se targuer d'avoir réussi son pari : focaliser les attentions autour d'un sujet grave dont il se fait le défenseur depuis bientôt trente ans. « "College Boy" arrive aujourd’hui parce qu’on ne pensait pas qu’une chanson écrite en 1986, comme "3ème sexe", allait être encore autant dans l’actualité presque trente ans après » nous confiait Nicola Sirkis lors de notre dernière entrevue.

Ce n'est pas la première fois qu'un clip d'Indochine est interdit de diffusion. On se souvient de la vidéo du single "Marilyn", parue en 2003, qui était uniquement diffusée tard dans la nuit hormis quelques rares exceptions.