Crédits photo : Pochette de l'album "Vieux frères"
Il aura suffit d'un EP, "Blizzard", pour permettre à Fauve d'accéder à la consécration, dopée par l'engouement toujours grandissant autour de ce groupe. Ou plutôt de ce collectif hors-normes, qui joue des concerts à guichets fermés alors que, médiatiquement, il semble ne sortir de nulle part. Voici un cas parfait de buzz marketing qui en dit long sur l'attente des premiers, et déjà, nombreux fans.

Porte-parole d'une génération

Le collectif parisien a été fondé en 2010, motivé par un besoin commun et urgent de vider son trop-plein d'émotions, se servant de l'écriture comme un exutoire. Voici donc leur premier opus, baptisé "Vieux Frères". Un disque conceptuel, entier, libre et sans concession, né pour interpeller et diviser. Adulé ou décrié sur la toile, Fauve ne laisse en effet personne indifférent, avec son "spoken world" à mi-chemin entre le rap et le slam. Mieux vaut s’accrocher avant d'entamer l'écoute des onze morceaux de cet opus car le phrasé, vif et à fleur de peau, interpelle frontalement sur la vie et ses illusions perdues.

Et c'est avec "Voyou", premier titre et premier single, que l'on revient sur l'état d'esprit dans lequel baignait déjà les membres de Fauve à l'époque de "Blizzard". Le collectif renvoie ainsi à un certain malaise générationnel. C'est par le biais de ce miroir que Fauve trouve écho auprès de son public, à l'image des mots contenus dans le titre "De ceux". Leurs chansons cultivent leur fonction d'instantanée sur une jeunesse qui assume de se sentir inadaptée dans une société où la réussite est la règle, qu'elle soit sexuelle ou professionnelle, comme le démontre d'ailleurs le morceau "Jeunesse Talking Blues".

Ecoutez notre chronique audio de l'album "Vieux Frères" de Fauve :



Ici, la musique est un support rythmique au flow des mots et aux joutes des phrases, qui se perdent parfois même dans les vapeurs sonores des cordes d'un piano, et naturellement, les guitares résonnent. Si Fauve extériorise le mal-être d'une génération, il le partage aussi avec ses auditeurs, ses "Vieux frères", nous incluant ainsi dans leur sphère intime. Tout se passe comme si un peuple se reconnaissait dans Fauve. Un groupe qui s'identifie à travers leurs problèmes, leurs manques de repères dans la société, leurs difficultés à être des hommes. Et les cinq membres sont assez intelligents pour entretenir cette adhésion et y trouvé comme une résonance. Ce n'est certainement pas pour l'aspect poétique que Fauve marque les esprits, mais plutôt par son impudeur. Une mise en scène du quotidien pour une jeunesse qui se sent brimée, en proie aux remises en doute et à ses questions. Une chose est sûre, le groupe a su trouver les mots justes pour fédérer un nouveau public, connecté et relié par les réseaux sociaux.