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Quatre ans se sont écoulés depuis la sortie de son précédent opus "Safe Trip Home". Même si Dido n'est pas restée inactive, elle s'est fait relativement discrète. Au point que certains ont peut-être oublié l'interprète des tubes "Hunter", "Thank You" et "White Flag". Des tubes de ce calibre, le nouvel album de la Britannique n'en contient pas vraiment. "Girl Who Got Away" est un bon disque, mais, comme le précédent, il a été écrit pour un public déjà acquis et non pour aller séduire de nouveaux auditeurs. Le premier extrait, présenté fin 2012, était prometteur. "Let Us Move On", enregistré avec le rappeur Kendrick Lamar, embarque dès la première écoute en nous berçant entre musique organique et sons acoustiques, pop et nostalgie. Sur un refrain efficace, Dido chante qu'elle veut aller de l'avant, tirant un trait sur le passé.
Un album moins accessible
Et pourtant, on ne peut pas dire que l'artiste ait pris beaucoup de risques même si elle s'est aventurée sur de nouveaux territoires. "Girl Who Got Away" s'inscrit dans la continuité de ce que Dido propose depuis maintenant quinze ans, bien qu'on remarque un virage électronique déjà entamé en 2010 avec "Everything to Lose". Trop Lisse ? C'est en tout cas la première impression que donne ce nouveau disque. Mais il faut du temps et plusieurs écoutes pour apprécier à leur juste valeur les arrangements des quinze pistes que renferme "Girl Who Got Away".
Aérien, ce nouvel opus étonne par ses rythmiques, dansantes sur "End of Night". Les harmonies vocales sont poignantes sur "Sitting on the Roof of the World". Avec le pont de "Blackbird", la chanteuse marque un point. Elle surprend en mêlant cordes et synthé, mais pas autant qu'avec "Love to Blame". On n'est pas dans l'expérimental mais la chanteuse propose un son résolument moderne créé par ordinateur, sur lequel se sont greffés cuivres et percus. En revanche, des titres comme "Day Before We Went to War" et "Loveless Hearts" n'ont rien de bien original mais la voix de Dido et le sens de la mélodie de son frère Rollo Armstrong se chargent d'envoûter l'auditeur. Et on se dit qu'on fait bien d'écouter la version deluxe : le titre "All I See", partagé avec Pete Miser, est un autre temps fort de cet opus. Sur un rythme urbain, enjolivé par des violons électroniques, l'artiste en voix off pleure son désespoir. Un cocktail détonnant qu'on préfère aux mièvres remixes de "Let Us Move On" et "Everything to Lose".
Tiraillée entre le passé et le présent
Côté texte, pas de surprise en revanche. Dido parle d'amour ("Blackbird") et ouvre les portes de son intimité en partageant des sentiments universels. Visiblement marquée par le temps qui passe, l'artiste pense avant tout au bonheur, qu'elle espère voir perdurer dans la chanson "Girl Who Got Away". Se retournant vers le passé pour mieux envisager l'avenir dans "Let Us Move On", elle ne conçoit pas l'amour sans la liberté dans "No Freedom". Blessée mais apaisée, Dido est en accord avec son âge, forte de son expérience pour trouver comment vivre le mieux possible les coups du quotidien ("Love to Blame").
