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Clara Luciani n'en finit plus de séduire le public avec son album "Coeur", déjà vendu à plus de 245.000 exemplaires. Après "Le reste" et "Respire encore", c'est "Amour toujours" qui a été choisi comme nouveau single paré à devenir un tube de l'été. Actuellement, la chanteuse est sur la route des festivals et est attendue dans les prochains jours aux Francofolies de la Rochelle ou aux Vieilles Charrues. Alors qu'elle fête aujourd'hui son 30ème anniversaire, quoi de plus beau que de faire la Une de Télérama ? Dans un long entretien, l'interprète de "Nue" se confie notamment sur son rapport au succès, décrivant à quel point celui que rencontre actuellement "Coeur" est bien différent de celui de "Sainte Victoire", qui s'est imposé sur la durée : « Cette fois, j'ai surtout été émue par l'accueil que lui a réservé le public. Réaliser que les gens m'attendaient et qu'ils étaient contents de découvrir ce que j'avais préparé après ces mois de stress mondial, voilà le plus grisant. (...) Ces chansons étaient devenues la bande originale d'une vie qui n'avait pas toujours été facile ces derniers temps ».



A travers ce plébiscite critique et public, Clara Luciani a surtout eu pour la première fois « la sensation d'être un peu moins inutile qu'avant », elle dont la mère est aide-soignante. « À côté, mon travail me semblait être du vent, un plaisir assez égoïste au fond. Avec ce retour sur scène, j'ai compris qu'il était essentiel. Qu'à leur façon, les artistes accompagnent et soignent » précise-t-elle. Si elle considère que certaines restrictions sanitaires lui paraissait « complètement incohérentes », la chanteuse avoue que sans la pandémie, son deuxième album aurait été « différent, plus introspectif, plus sombre, dans la veine de "Sainte-Victoire" ».

"J'ai senti un certain snobisme"

Pourtant, bien qu'il soit plus dansant et coloré que son prédécesseur, "Coeur" a été mal compris par le public à en croire sa principale artisane : « "Coeur" a été jugé plus léger qu'il ne l'est. J'ai même senti un certain snobisme par rapport à ses arrangements disco, alors que je le trouve mieux écrit que le précédent. En France, la chanson à texte ne doit pas être trop souriante, et dès qu'on apporte de la danse, on perd en crédibilité chez les intellectuels ». Elle prend d'ailleurs l'exemple de ses parents qui « lèvent les yeux au ciel » quand elle leur parle d'ABBA et « ose espérer » que le texte de "Coeur", qui parle de féminicide, sera un jour expliqué aux petites filles : « J'adorerais que cette chanson devienne un outil d'apprentissage, de discussion ».

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"Je n'ai pas de rêves de gloire"

Ainsi, Clara Luciani est aujourd'hui devenue l'une des figures les plus populaires de la nouvelle scène musicale française. Ce qui a ses avantages et ses inconvénients, à l'instar de son récent coup de gueule poussé contre les selfies. « Je n'ai jamais eu envie de célébrité. En revanche, je suis très heureuse d'être connue, appréciée pour ma musique et de remplir des salles » indique celle qui dit n'avoir « pas le caractère adéquat » face à la « perte d'anonymat ». Et l'artiste de confesser : « Je n'aurais pas eu les épaules pour résister à une notoriété fulgurante comme celle d'Angèle, devenue célèbre après une vidéo postée sur YouTube. Je sors tranquillement de chez moi, personne ne me harcèle ». Si elle pourrait « aller plus loin, vers l'international, par exemple », Clara Luciani se dit « bien ici » : « Je n'ai pas de rêves de gloire ».

Autre question préoccupante à ses yeux, celle de l'âge dans le monde musical pour les femmes. Désormais trentenaire depuis ce dimanche, elle remarque un certain décalage entre hommes et femmes : « Quand Benjamin Biolay ou Bertrand Belin vieillissent, on les trouve sexy. Une femme avec des cheveux gris, en revanche, c'est un sujet. (...) Notre société encourage le jeunisme, particulièrement chez les femmes. On a l'impression d'avoir une date de péremption. Pourquoi après 50 ans deviennent-elles invisibles ? Il faut en parler, en musique comme au cinéma. Casser ce tabou est la seule solution pour qu'on avance ». Une prise de parole forte et nécessaire.