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samedi 30 septembre 2017 10:30

Christophe Willem en interview : "Je n'étais pas plus heureux à l'époque de "Double Je" !"

Par Julien GONCALVES | Rédacteur en chef
Enfant des années 80 et ex-collectionneur de CD 2 titres, il se passionne très tôt pour la musique, notamment la pop anglaise et la chanson française dont il est devenu un expert.
Cette semaine, Christophe Willem revient avec son nouvel album "Rio", inspiré par son coup de foudre pour le Brésil. Dans cette première partie d'interview pour Pure Charts, le chanteur raconte le déclic qui a changé sa vie, s'oppose à la génération du buzz, évoque les critiques et les aléas de la célébrité.
Crédits photo : Yann Orhan
Christophe Willem est l'un de ces rares artistes avec qui on discute comme si on retrouvait un bon pote. A l'aise, toujours le sourire aux lèvres et une petite blague pour briser la distance et les conventions, le chanteur se confie sans langue de bois, quitte à aller là où on ne l'a pas emmené. Rompu à l'exercice de l'interview, Christophe Willem ne semble pourtant jamais blasé. Il se raconte avec une humilité sincère et toujours une grande dose de naturel. Rencontre avec un artiste bien dans ses baskets.

Propos recueillis par Julien Gonçalves.

L'album "Rio" est né d'un voyage qui a été une révélation. Tu t'attendais à ce choc ?
Franchement, non. J'allais à Rio pour les JO, et j'y allais un peu à reculons. Je sortais de la tournée, j'avais composé tous les titres de l'album avec Aurélien, il me manquait les textes. Je n'avais pas envie de casser la dynamique de travail dans laquelle on était. En plus, on avait reçu des consignes : "Attention, c'est très dangereux, c'est une zone exposée, il y une instabilité politique". J'y allais pour remplir mes obligations, pas forcément par plaisir. En arrivant là-bas, j'ai été doublement surpris, c'était d'autant plus fort, j'ai vraiment été cueilli par cette ville. Je suis tombé amoureux de cet endroit.

« Même l'émotion et l'empathie deviennent du marketing »
Tu me dis que l'album était déjà composé donc Rio n'a donc pas influencé tes compositions ? C'est étrange tant il est lumineux...
Non, du tout. Les mélodies existaient. Les titres étaient là. Mais un titre n'existe vraiment que quand tu as le texte sinon c'est juste une idée... Non mais c'est assez marrant, c'est vrai. Ça a juste influencé ce que je disais, mais pas les mélodies.

Tu parles souvent d'urgence de vivre pour décrire Rio de Janeiro. Qu'est-ce que tu as ressenti là-bas?
Peut-être que le côté lumineux de la musique sur l'album vient des deux ans chaotiques qu'on a vécus. A chaque fois, j'étais sur scène le jour des attentats. Du coup, le divertissement prend tout son sens. Tu te sens utile. Pendant deux heures, tu te sens la responsabilité de sortir les gens de leur quotidien. Je suis quelqu'un d'optimise, trop optimiste parfois, mais j'ai souvent été déçu de l'après attentat.

C'est-à-dire ?
Comment on est tous capable de se rassembler comme on l'a fait et dans la minute qui suit ne plus du tout être solidaire ? Même sur Facebook... Je n'ai pas Facebook mais je voyais des amis, tout le monde mettait une bougie... On a l'impression que même l'émotion et l'empathie deviennent du marketing, que ça ne résonne plus en quelque chose de concret. A Rio, il y a un contraste entre la richesse et la pauvreté, mais les deux co-existent. Par exemple, si tu te fais voler quelque chose ou autre, tu as cinquante personnes qui vont être là pour t'aider. Combien de fois tu as réellement été voir quelqu'un qui pleurait dans la rue ?

« On vit dans l'ère du buzz, du sensationnel »
C'est rare. Tu as envie mais tu n'oses pas...
On est d'accord. Mon constat quand j'étais à Rio c'est, que ce soit la peur de l'autre, la peur de la différence, on vit dans notre société individuelle... Les gens, moi y compris, ont peur de l'amour en tant que tel car ils ont l'impression que ça les rend vulnérables. Du coup, tout le monde essaie de se blinder. On a jamais autant communiqué sur les réseaux sociaux mais on ne s'est jamais aussi peu aimé soi-même, on a jamais aussi peu communiqué avec les autres. Ça m'a sauté aux yeux. Là-bas, ils ne savent pas de quoi demain sera fait donc ils n'ont pas ce snobisme, que nous on a, de considérer la vie comme un acquis. Même dans ce chaos, il y a de l'optimisme.

On sent que l'album est né aussi d'une période de remise en question personnelle...
Je dirais que c'est une vision plus digérée des choses. Je savais déjà où j'en étais dans mes histoires personnelles en y allant. Dans l'album, j'ai pu mettre des mots sur des maux. (Sourire)

Regardez le clip de "Marlon Brando" de Christophe Willem :



Tu revendiques le fait d'être un mec lambda sur "Marlon Brando". Pourquoi avoir eu envie de mettre les choses au clair ?
C'était plus une réaction à ce qu'on vit. Quand tu revendiques de n'être qu'artiste, c'est compliqué. C'est limite décevant car on vit dans l'air du buzz, du sensationnel... Alors que pour moi, c'est une richesse. Ma vie n'est pas intéressante. C'est ce que je fais qui l'est. Savoir avec qui je suis, où je vis... C'est inintéressant. C'est peut-être intéressant pour ceux qui ont besoin de combler un vide. Le vide de leurs propres actions. On voit ça partout mais ce n'est pas pour ça que je vais entrer dans ce moule-là.

« Le succès isole »
Tu as déjà eu la grosse tête à un moment donné de ta carrière ?
Je pense que c'est possible. Mais tu n'es pas bon pour le juger. Mais oui, quand tu es pris dans le tourbillon d'un truc... Par exemple, tu ne comprends pas pourquoi les gens ne comprennent pas tel truc. C'est forcément toi l'incompris et non toi qui n'es pas compréhensible. Devoir supporter une critique alors que quand tu fais de la musique, ta musique c'est toi... Parfois, c'est difficile de faire la différence entre ce que tu fais et ce que tu es. Même si les deux sont très liés. J'ai pu parfois avoir des élans... Mais c'est pas parce que tu es connu que tu dois supporter une critique qui est pourrie, donc "Non, je t'emmerde !" (Rires)

Les critiques sont difficiles à vivre ?
Ce n'est pas la critique... Je n'ai pas la prétention de dire que je fais la meilleure musique du monde. C'est une musique qui me parle. Mais critiquer quelqu'un quand il n'y a pas un échange, quel intérêt ? Faire un article entier pour descendre le travail de quelqu'un et ce qu'elle est sans dialoguer, je ne vois pas l'intérêt. Sinon, je vais demander l'avis de ma boulangère ou de mon boucher. (Rires)

Dans "50 Mn Inside", tu as dit qu'à Rio tu pouvais être toi-même. Qu'est-ce qui t'en empêche ici ?
Les codes. Ici, il y en a beaucoup. Il y a l'anonymat aussi... Personne ne me connait là-bas ! Je me vannais tout seul en disant : "Dieu leur en garde !" (Rires) L'anonymat te permet de renouer avec la notion de l'humain et non pas de représentation permanente. Tu parles avec quelqu'un dans une soirée, la personne ne sait pas qui tu es. Ta confiance est revalorisée car elle te parle pour ce que tu es, pas pour qui tu es. Par exemple, si tu emballes quelqu'un, tu t'en fous car personne n'ira dire demain : "Tu as vu machin, il a emballé bidule". Ça facilite le fait de vivre sans se mettre soi-même dans une interdiction pour t'empêcher de vivre pleinement.

« Je n'étais pas du tout plus heureux à l'époque de "Double je" »
La célébrité t'empêche de vivre pleinement ici ?
Moins maintenant. C'est ce que je dis dans "Copacabana". Depuis mon retour de Rio il y un an, je me suis beaucoup décomplexé dans mon rapport aux gens, du qu'en-dira-t-on. Avant, tu vois, je n'allais pas trop à cinéma. Je n'aimais pas trop, tout le monde te regarde... Maintenant, si j'ai envie d'aller au cinéma, je vais au cinéma. Qu'est-ce que j'en ai à foutre ? On va me dire : "C'est vous ?". "Bah oui c'est moi et je viens voir un film, comme vous !" (Rires) Ça m'a permis de désamorcer des automatismes d'autodéfense qui n'avaient pas lieu d'être.

On dit souvent que la célébrité isole...
Carrément ! Enfin, le succès isole. Je suis sorti de la "Nouvelle Star" avec le succès de "Double je" et "Jacques a dit". D'un seul coup, le succès "dépersonnifie". Tu as l'impression que personne ne cherche à comprendre qui tu es. Je n'étais pas du tout plus heureux à l'époque de "Double je" et "Jacques a dit". Je suis plus heureux et serein dans ma vie aujourd'hui. J'ai peut-être moins de succès commercialement parlant, mais les gens qui sont réceptifs à ma musique ne sont pas dans le culte de la personnalité. Ils apprécient la musique que je fais. Et je préfère ça d'ailleurs.

Dans la deuxième partie de notre interview, Christophe Willem évoque sa relation compliquée avec son physique, sa collaboration avec Zazie, le formatage, ses reprises de Michel Berger et révèle le plus grand regret de sa carrière.


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