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samedi 17 septembre 2022 11:56

Christophe Willem en interview : "Je n'ai jamais menti sur ce que je suis"

Par Julien GONCALVES | Rédacteur en chef
Enfant des années 80 et ex-collectionneur de CD 2 titres, il se passionne très tôt pour la musique, notamment la pop anglaise et la chanson française dont il est devenu un expert.
De retour avec son nouvel album "Panorama", Christophe Willem se confie en interview sur Purecharts. Le chanteur se livre en toute intimité sur ses textes plus directs, sa thérapie pour se libérer du regard des autres, le harcèlement subi à l'école, sa sexualité ou encore ses parents.
Crédits photo : Pierre et Florent
Propos recueillis par Julien Gonçalves.

A l'écoute de ton nouvel album "Panorama", j'ai l’impression que c'est une réaffirmation de soi, comme si tu te présentais à nouveau auprès du public. Tu l'as pensé comme ça ?
C'est marrant, une journaliste m'a dit ça juste avant aussi. En vrai, au début, ce n'était pas le souhait. Très tôt, alors qu'on sortait du confinement et du précédent album, j'étais dans le besoin de faire un disque plus direct, que les deux facettes de ma personnalité se réunissent parce qu'il y avait un côté fatigant d'endosser un truc. Quand j'ai commencé moi à écrire, j'avais tendance à être très cash et après avec la musique, j'adoucissais les choses car je voulais que l'esthétique des mots soit importante, mais ça enlevait du poids à ce que je racontais. Donc je me suis rendu compte qu'il fallait que je n'écrive pas car je ne pourrais pas être aussi direct. C'était pas rien car depuis le premier album, j'écris et je compose, même si ça n'a jamais été mis en avant.

« On peut se dire que c'est dur ce que je raconte »
Mais pourquoi tu ne pourrais pas être plus direct ?
J'accorde une grande importance à l'esthétisme, parfois au détriment de ce que je suis en train de dire. Quand je réécoute l'album "Rio", que j'ai beaucoup écrit et composé, je me dis que j'aurais pu aller plus loin. Mais il y avait une telle synergie entre les mots et les musiques, il fallait que les mots glissent. Donc là, je voulais être plus direct, et on est parti des textes. C'est la première fois. Même sur "Double Je", la musique était faite avant. A l'écoute, il y a un côté "on écoute le chanteur mais on écoute aussi la personne". Je suis autant présent que le chanteur. Donc j'ai confié les clés à d'autres personnes, j'ai assuré la production exécutive, je suis le directeur artistique. J'ai passé beaucoup de temps avec tous ces gens. Au début, on a fait beaucoup de ballades, donc c'était un peu down, et après, comme je voulais un album qui me ressemble, on a fait des titres plus pop, et ça a donné un album très très affirmatif.

Oui avec des titres assez inspirants d'ailleurs...
Oui, c'était vraiment le souhait. Tous ces thèmes, l'enfance, l'adolescence, ce métier ou l'échec, je peux les aborder parce qu'ils sont dépassionnés, car ils sont totalement digérés. On peut se dire que c'est dur ce que je raconte mais je peux les dire de cette manière-là, aussi crue, parce que je suis passé à autre chose. Mais jusqu'à maintenant, non. J'avais besoin de tomber sur l'os avec l'album "Rio" pour que je remette à plat les choses et que je me dise : "Bon on va aller droit à l'essentiel, on va arrêter de correspondre à une image fantasmée de ce que les gens veulent que je sois et je vais être moi à 200% et m'aimera qui voudra". C'est pas vindicatif, mais plus "Voilà, je suis comme ça !".

« J'étais souvent défini par des réductions très vulgaires »
Tu avais l'impression de porter un déguisement, de ne pas être toi-même ?
Pas forcément mais j'avais la sensation qu'on portait souvent de l'importance au parcours que j'avais et que, du coup, j'étais souvent défini par des réductions très vulgaires : "C'est le mec on ne sait pas s'il est gay ou pas, il a une voix aiguë et il a fait Nouvelle Star". C'était mon CV ! Donc au bout du moment, tu t'enfermes toi-même dans l'image que les gens te donnent. Sur l'album "Rio" par exemple, j'avais tendance à chanter de plus en plus aigu. Là, j'ai eu envie de retrouver une voix plus marquée, plus proche de ma voix de l'époque "Nouvelle Star" et de ma voix parlée. Je ne jouais pas un jeu mais j'avais la sensation que je n'étais pas défini réellement par ce que je suis. Maintenant, je veux me définir moi-même comme ça ce sera clair, une bonne fois pour toutes.

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Tu me dis que tu as pu évoquer tous ces sujets parce que tu les as digérés. Comment tu as fait pour avancer ? Tu as suivi une thérapie ?
Ça a été un mélange de tout. Déjà, je n'ai pas voulu refaire un disque tout de suite et me re-exposer, et revivre un truc que j'ai pris violemment. Après, ça a été de s'apprendre à s'aimer un minimum et ne pas être dépendant du regard des gens pour s'aimer, sinon tu reproduis sans cesse les mêmes choses. Il y a eu un travail avec une PSY, et ça prend du temps. Beaucoup de lecture aussi, et j'ai beaucoup voyagé, notamment au Brésil, pour savoir les raisons pour lesquelles je faisais ce métier, alors que ça m'avait apporté une vraie souffrance sur l'album précédent. Je le fais parce que je suis dépendant du regard des autres car je ne m'aime tellement pas ? Ou est-ce parce que j'ai une histoire avec les gens depuis "Nouvelle Star" ? Est-ce que j'ai envie de partager tout, et pas seulement le show off, mais aussi la vérité ? Et la réponse est venue au fur et à mesure du travail sur moi. Quand tu comprends que ta vulnérabilité c'est ce qui te rend solide, d'un seul coup il n'y a plus de double facette.

« Au collège, j'étais stigmatisé car j'étais efféminé »
Il y a une chanson très jolie sur cet album, c'est "Dans le regard de l'autre". C'est un peu la pierre angulaire du projet. Et je me suis demandé comment on se construit quand on ne s'aime pas, qu'on ne s'assume pas, et qu'on est une personnalité publique. Comment tu as fait pour ne pas exploser en vol ?
C'est compliqué... C'est en effet un titre très important dans l'album parce qu'il synthétise tout : ça raconte d'où je viens, ce que j'ai traversé et où j'en suis aujourd'hui, et à quel point aujourd'hui je vois le regard de l'autre comme bienveillant et non plus comme la source d'un problème. Quand j'ai gagné "Nouvelle Star", je sortais du collège et du lycée. Le collège c'était une période compliquée, j'étais stigmatisé car j'étais efféminé et que j'avais une voix aiguë. J'étais forcément gay ! Alors qu'à cette époque-là, tu n'as pas une sexualité affirmée. Je ne comprenais pas. C'est très dur quand, jeune, on te met une étiquette avant même que tu saches qui tu es. C'est terrible d'être défini par l'extérieur. Et c'est vrai que ça m'a mené vers des trucs compliqués...

Je crois que ça parlera à beaucoup de monde, malheureusement...
Je crois aussi. Il y a une autre chanson que j'aime beaucoup sur l'album c'est "Solitude", car j'ai toujours affronté les choses avec beaucoup de solitude. Il y a le sentiment de honte car tu ne peux pas aller raconter à tes parents que tu te fais taper car on dit que tu es pédé. Et le peu d'adultes dans les écoles, et j'espère que ça a changé, à qui tu le racontes, te disent : "Oui mais en même temps c'est vrai que tu es maniéré". Donc bon... Après, au lycée, dans un univers un peu plus adulte, je longeais les murs pour ne pas me faire remarquer car j'avais la sensation que le moindre mouvement peut attirer ça. Et là on m'inscrit à "Nouvelle Star"...

Donc là, tu reçois l'exposition que tu ne cherchais justement pas !
Oui, et avant j'ai fait le film "Alive"... J'étais dans une chorale à l'époque, je n'y chantais pas, je remplaçais la personne qui donnait le cours car je ne voulais pas m'exposer. A la base, "Alive", j'avais dit non, je leur avais même dit que je pouvais prêter ma voix à un autre acteur. Mais ils ont énormément insisté et à la fin ils me payaient bien, donc à un moment, il faut être con ! (Rires) Et puis ça m'amusait, il n'y avait pas d'enjeu. Mais moi je voulais juste être prof de communication, pour justement essayer de faire bouger les lignes, et que les gens arrêtent d'être dans un truc hyperviolent...

Ecoutez "J'avance" de Christophe Willem :



Et donc, comment tu vis l'après "Nouvelle Star" ?
Là je gagne, et tout ce pourquoi on m'a montré du doigt et on m'a frappé, d'un seul coup c'est ce qui fait qu'on m'adore. Dans un premier temps, je me suis dit que les gens avaient pitié de moi. Après, il y a la tournée qui arrive et là je me rends compte que les gens paient pour venir me voir moi. Je me suis beaucoup nourri de l'amour des gens et des médias. J'ai pensé à tort que le regard des autres avaient nourri mon amour propre. Mais en fait pas du tout ! C'est ça qui a été violent. L'album "Rio" a été hyper violent parce que j'ai eu la sensation que tout ce qu'on m'avait donné, d'un seul coup, on me l'a repris. Je me suis retrouvé comme quand j'étais ado, avec la sensation d'être montré du doigt et avec encore moins d'amour propre qu'avant puisqu'en plus je n'étais pas anonyme. C'est pour ça que je suis beaucoup parti au Brésil. Dans ce métier-là, quand tu es porté par le succès, tu combles tous les manques avec ça, mais dès que ça décroit, tu te rends compte que tu n'as pas du tout travaillé ton amour propre. D'où le temps entre "Rio" et cet album, pour arriver à me dire : "Je me fous totalement de ce que les gens pensent".

« Avant je pouvais bloquer sur un mauvais commentaire pendant un mois »
On y arrive vraiment ?
Aujourd'hui, je prends l'amour des gens pour ce qu'il est, pas pour combler quelque chose, mais la haine je leur laisse, ça me glisse dessus. Avant je pouvais bloquer sur un mauvais commentaire pendant un mois, et ça même quand ça marchait avec "Double je", "Jacques a dit" ou "Berlin" ! Aujourd'hui, ça me fait marrer quand je lis des trucs où on dit que j'ai une voix de fiotte. J'ai un recul, ça m'atteint beaucoup moins, et parfois il y a même des vannes qui me font rire. Ça a pris tout ce temps mais c'est assez salvateur, rien ne remplace le temps.

Dans "Ni reine ni roi", tu chantes "Je ne suis ni démon ni ange, ni une reine ni un roi, tant pis pour ceux que ça dérange. Je ne suis pas l'oiseau en cage, pourquoi devoir remplir les cases, de la même encre que les autres". C'était important pour toi de répondre à toutes les questions autour de ta sexualité ? D'ailleurs, j'ai remarqué que les recherches Google associées à ton nom sont "couple, compagnon, vie privée, marié"...
Moi ça me surprend !

« Je ne suis pas gay comme je ne suis pas hétéro »
Comment tu vis le fait que c'est un sujet dont on te parle depuis tes débuts et qui semble donc intéresser beaucoup de monde ?
C'est peut-être un vieux référencement ! (Rires) Je suis toujours perplexe car moi je me contrefous de qui nique avec qui ! Même dans mes amis artistes, parfois je ne suis même pas au courant qu'ils ont changé de partenaire, tellement je m'en fous. C'est compliqué quand on te colle une étiquette qui n'est pas la tienne. On m'a déjà dit : "On te donne la Une de tel magazine si tu fais ton coming-out". Mais il n'y a pas de coming-out ! C'est hyper violent mais c'est la vérité de ce que j'ai pu vivre. Du coup, j'étais blacklisté de certains trucs parce que je ne pouvais pas faire ça. On te colle une étiquette et tu subis ça, car il est hors de question que je cède à un chantage pareil.

Cette chanson elle est importante en ça pour toi aussi ?
C'est un titre qui est important car j'y affirme que je ne suis ni l'un ni l'autre. Je sors de toute norme binaire. Je ne suis pas gay comme je ne suis pas hétéro. La vraie liberté, c'est de coucher sans aucune limite quant au sexe de l'autre. Et puis si tu as écouté mes anciens albums, j'ai toujours abordé ce genre de sujets en réalité. Sur "Paraît-il", il y a une chanson de Zazie sur le mariage pour tous, dans "Rio", on peut quand même se poser la question ouvertement car j'ai fait extrêmement attention dans les textes qu'on ne sache pas si c'est garçon ou fille car cette ambiguïté me plait, elle me correspond. J'ai jamais menti sur ce que je suis. J'ai toujours dit : "C'est une question de personne". Mais les gens ça ne les satisfait pas... Les gens n'entendent pas ce que je dis !

Ecoutez "Ni reine ni roi" de Christophe Willem :




Oui, c'est vrai que ce n'est pas une réponse qui a l'air de mettre fin aux questions sur ce sujet...
Oui, j'ai souvent lu : "Il dit bi parce qu'il ne veut pas dire gay". Mais je ne trouve pas péjoratif d'être gay et je n'aurais pas de souci à le dire si je l'étais ! C'est quand même symptomatique de la logique de mettre les gens dans une case, et ça correspond aussi à une génération. J'ai déjà été interviewé par des influenceurs et pour eux, le côté bi... Car aujourd'hui tu as des pansexuels, des biromantiques, il y a plein de "sous-cases", même si je n'aime pas le mot "case". Pour toute une nouvelle génération, c'est un non sujet. Elle comprend que tu peux être hétéro, tu peux être gay, tu peux être bi, tu peux être ce que tu veux. Je revendique ce que je dis dans "Ni reine ni roi" car je trouve ça hyper contre-productif de résonner de manière hétéronormée. D'un côté, tu as les hétéros qui te disent "alors tu es soit hétéro ou gay", et auprès des gays si tu es bi, c'est pas clair. C'est quoi ce délire ? Alors, oui, s'il faut trouver un terme qui englobe tout, je me définis queer. Après, est-ce que je suis plus gay, plus hétéro, plus bi ? J'ai envie de te dire que c'est en fonction de ma vie et d'avec qui je couche. (Rires)

« Je veux avoir la liberté d'être qui je veux être »
Ça te surprend vraiment que ta vie privée puisse intéresser autant ?
Mais oui, ça m'interpelle car ma vie est inintéressante ! Je ne vois pas l'intérêt de savoir ça. Ça me fait marrer... Et puis, cette chanson "Ni reine ni roi", c'est surtout pour dire aux gens : "Sois à l'aise avec ce que tu es et le reste on s'en fout !". Le pendant de "Ni reine ni roi" sur cet album c'est "J'avance". Quand je dis "J'ai vu des gens, des quantités, me cataloguer, me traiter de pédé" c'est parce qu'il y a des gens pour qui être pédé est un problème, et là je l'affirme clairement. Je veux avoir la liberté d'être qui je veux être et surtout de me définir moi-même, c'est bon je vais avoir 40 ans, on m'a suffisamment défini. Occupez-vous de vous ! Définissez-vous vous-même et définissez votre sexualité, au lieu de vous occuper de celle des gens !

On l'a compris, tu es plus direct dans les textes de cet album. Tu chantes "leurs gueules d'arrivistes", "me traiter de pédé", "tellement cons"... C'est nouveau de t'entendre comme ça. Ça a été facile d'y aller à ce point-là ?
La vérité c'est que j'ai poussé Laurent Lamarca à aller plus loin. Sur "J'avance" il avait dit "efféminé" je crois mais pas "pédé". Mais bon si on doit être cash, autant l'être vraiment ! J'ai passé du temps avec les auteurs pour discuter des heures avec eux. En parlant avec Laurent de tout ce qui s'est passé dans ma vie, il m'a dit : "C'est fou, les gens te connaissent mais tu fais pas de vagues, tu parles pas de ta vie et en même temps tu avances, tu traces ta route". Il m'a dit qu'il aimerait entendre tout ce qu'on m'a dit au cours de ma vie, donc je suis rentré, j'ai pris une feuille et j'ai fait la liste ! Il a tout remis en forme et ça a donné "J'avance". Et j'ai voulu qu'on aille plus loin dans les termes pour dire vraiment les choses.

« Pour mon père, le regard des autres est plus violent que pour moi »
Et quand tu l'as chantée, c'était comment ?
Ah quand j'ai chanté la chanson, je me suis dit : "Ah oui quand même !". (Rires) Le petit hic c'est quand je l'ai fait entendre à mes parents... Ils sont totalement à l'aise avec ma sexualité, mais j'avais quand même un petit truc de leur faire écouter. Et d'ailleurs pour revenir à ce dont on parlait et la violence de ce que j'ai pu vivre, en fait, les gens ne se rendent pas compte que toi tu es connu, tu peux être solide, mais ta famille et tes amis c'est une autre histoire. Quand on dit que tu sors avec untel, et qu'après tu as tes grands-parents ou tes parents qui t'appellent... C'est ultra violent.

Et donc comment ont réagi tes parents quand ils ont écouté cette chanson "J'avance" ?
Mon père c'est un chasseur avec ses bottes et ses copains en mode "on va boire un coup". Quand il l'a écouté, mon père était stoïque : "Elle est bien". Ma mère tout de suite c'était : "Ah moi j'adore, elle est géniale !". (Rires) Je pense que pour mon père, le regard des autres est plus violent que pour moi. Il a un fils connu et qui en plus se dit bi, bon ça fait peut-être beaucoup pour la même personne dans une même famille. (Rires) Avec cet album, mes parents ça les surprend de voir à quel point je suis solide. Et puis, ta famille, quand tu es connu, ta réussite c'est un peu la leur. Un jour, en plein confinement, j'ai débarqué chez eux, en larmes, je venais de réécouter "Rio", et je leur ai dit : "Mais je ne comprends pas ce qui n'était pas bien dans cet album". C'est la première fois que ça m'arrivait d'être comme ça devant eux. C'est la première fois qu'ils m'ont vu complètement brisé. Ils étaient choqués. Et là, quelques mois après, ils entendent cet album. Ça les a surpris la force que j'ai, d'affronter des trucs comme ça et maintenant de dire : "Je suis à l'aise avec qui je suis".
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