Crédits photo : Parkwood / Sun Records
Le grand jour est enfin arrivé pour Beyoncé et ses fans du monde entier. La star américaine délivre avec "Cowboy Carter" le huitième album studio solo d'une splendide carrière faite de réinvention. Un disque sur lequel la diva n'a pas eu peur de s'aventurer dans un registre inédit, la musique country, comme en attestent les singles à succès "Texas Hold 'Em" (211 millions de streams sur Spotify) et "16 Carriages" dévoilés début février. Elle renoue ici avec ses racines texanes puisqu'elle est née et a grandi dans la ville de Houston. Sa démarche n'est pas sans rappeler "Renaissance", son dernier effort paru à l'été 2022 qui était lui entièrement consacré à la house music. Pour teaser au mieux ce nouveau projet événement, où l'on retrouve une reprise du classique "Jolene" de Dolly Parton, la chanteuse de 42 ans a délivré deux jours plus tôt l'imposante tracklist de ce nouvel opus, composée de 27 morceaux. Parmi les différentes pistes, on pouvait remarquer la présence d'un titre baptisé "The Linda Martell Show". Mais qui est Linda Martell ?

Une pionnière de la musique country

Beyoncé ayant eu à coeur de « plonger profondément dans l'histoire de la musique country » pour son album, il s'agit là d'une chanteuse américaine à l'héritage particulièrement important. Aujourd'hui âgée de 82 ans, cette dernière a marqué l'histoire de l'industrie musicale outre-Atlantique comme peu d'autres dans les années 1970. En effet, alors que la musique country était souvent l'affaire d'artistes similaires sur bien des points - des hommes blancs hétérosexuels principalement, Linda Martell est devenue la première femme noire à connaître le succès dans ce registre enraciné. Après des débuts en trio avec le groupe familial Linda Martell and the Anglos, qui donnait alors davantage dans le R&B et le gospel, la jeune artiste décide de s'émanciper et de se lancer en solo en 1969, sous l'aile du producteur Shelby Singleton.

Linda Martell, invitée prestigieuse de Beyoncé

Dès la parution de son premier single, une reprise de "Color Him Father", Linda Martell parvient à se hisser dans les charts compilés par le média spécialisé Billboard. En 1970, elle dévoile son premier album "Color Me Country" qui marque une petite révolution dans ce microcosme musical. Sa notoriété lui permet de s'offrir plusieurs apparitions dans des programmes télévisés, fait particulièrement rare pour une artiste noire à cette époque où le racisme est encore très largement répandu dans le pays de l'Oncle Sam. Seulement, alors qu'elle est en pleine ascension et doit en permanence faire face à des vagues de discriminations aussi stupides que tenaces, Linda Martell ne parvient pas à pérenniser sa carrière. La faute à des conflits avec ses différents managers qui la poussent à quitter Nashville, le berceau de la country.

Cependant, la musicienne demeure encore aujourd'hui une pionnière et une figure reconnue du genre. Il semble donc aujourd'hui fort logique que Beyoncé, icône afro-américaine capitale, lui rende un hommage appuyé sur son nouveau disque. Posé comme une introduction à la chanson "Ya Ya", l'interlude "The Linda Martell Show" est narré par Linda Martell en personne, qui déclame, comme un passage de relais : « Ladies and gentlemen / This particular tune stretches across a range of John Royce / And that's what makes it a unique listening experience ». Tout un symbole ! On la retrouve aussi aux crédits du titre "Spaghettii", partagé avec Beyoncé et Shaboozey, jeune artiste noir à succès, qui mêle hip-hop et country.