Crédits photo : Pochette de l'album

Pourquoi cet album était attendu ?

Un nouvel album de Beyoncé est toujours un événement. Mais cette fois, la star américaine a failli se retrouver dans une impasse. Comment se surpasser, après avoir bousculé les règles de l'industrie et délivré à la surprise générale, sans aucune fuite, un "album-visuel" composé de 14 chansons et 17 clips ? L'ampleur du projet "BEYONCE" (2013) était si dément qu'il fallait forcément trouver LA bonne idée pour surprendre le public. Finalement, c'est en musclant son discours que Beyoncé a trouvé une autre dimension. Pour la première fois de sa carrière, la star a mis sa notoriété au service d'une cause militante : le mouvement "Black Lives Matter".

Sorti en février, le clip de "Formation" a frappé fort, très fort. Juchée sur une voiture de police au milieu des flots, Beyoncé y a célébré ses racines afro-américaines tout en dénonçant avec virulence les bavures policières qui divisent encore les États-Unis. Au passage, la chanteuse a rappelé le triste sort réservé aux habitants de la Nouvelles-Orléans dix ans après l'ouragan Katrina. Mais plus cette vidéo coup-de-poing, c'est la performance très politique de Beyoncé au Super Bowl donné au lendemain de sa parution qui a créé une onde de choc outre-Atlantique. Vêtues de cuir et de bérets noirs, ses danseuses ont soufflé sur les braises encore chaudes des Black Panthers, ces activistes qui revendiquaient par des opérations coup de poings l'égalité des droits des noirs dans les années 60. Tout un symbole, qui n'a pas été sans provoquer de vives controverses.

Regardez "Formation", le clip de Beyoncé :



Poussée par son coup d'éclat, qui a fait frémir les médias de la planète, Beyoncé s'est alors attelée à la réalisation d'une oeuvre protéiforme mais plus unifiée que la précédente, conviant à la fois l'image, la musique et la philosophie : le film "Lemonade", d'une durée d'une heure et diffusé sur HBO la veille de la sortie dans les bacs de l'album du même nom. Un moyen pour Beyoncé, que l'on entend réciter les vers de la poétesse britannico-somalienne Warsan Shire, de s'affirmer comme une artiste à part entière, comme ont par exemple pu le faire Michael Jackson ou Prince avant elle...

Et niveau ventes ?

Orchestrée d'une main de maître, la promotion de "Lemonade" a donné lieu au meilleur démarrage de l'année aux États-Unis avec 653.000 unités dont 485.000 ventes pures (un score battu une semaine plus tard par Drake et "Views"). Passé l'effet fan des premiers jours, l'album a continué de faire parler de lui pour sa richesse musicale embrassant le R&B, la soul et même la country, les guests de choix qui y posent leur empreinte (Kendrick Lamar, The Weeknd, Jack White...) mais aussi, et peut-être surtout, pour une question... people. Stratégie mercantile ou épanchement sincère, Beyoncé passe les trois quarts du disque à se lamenter sur sa relation amoureuse avec JAY-Z (sans jamais le nommer), évoquant avec rage ses infidélités supposés avec « Becky with the good air ». Et l'histoire nous l'a prouvé, les histoires de moeurs font toujours vendre ! Nommé à neuf reprises aux prochains Grammy Awards, "Lemonade" s'est à ce jour écoulé à plus de 2,5 millions d'exemplaires dans le monde, dont 1,2 aux États-Unis. En France en revanche, Beyoncé n'a séduit "que" 35.000 fans.