Crédits photo : Charlotte Abramow
Du haut de ses 23 ans, elle s'est imposée comme la grande gagnante des dernières Victoires de la Musique. Saisie par l'émotion, Angèle a reçu des mains de Daphné Burki le prix de la Meilleure création audiovisuelle pour "Tout oublier" et le trophée tant convoité de l'Album révélation pour "Brol". « Recevoir un prix c'est pas vraiment du travail, c'est plutôt un truc un peu fou. Je vous cache pas que je suis très heureuse parce que cet album a été fait avec que des gens que j'aime. J'aurais jamais cru en faisant cette photo de moi édentée dans mon jardin un jour que j'en arriverais là donc je suis très très contente. Merci papa pour la couverture ! » a confié la jeune artiste belge dans un discours fébrile et très touchant. Il faut dire que le succès que rencontre Angèle depuis un an tient du phénomène. Inconnue jusqu'à la parution de son premier single "La loi de Murphy" en octobre 2017, la chanteuse affiche aujourd'hui un premier album certifié double disque de platine pour plus de 200.000 ventes (avec streaming), un tube numéro un de l'airplay radio et TV ("Tout oublier", en duo avec son frère Roméo Elvis) et une vaste tournée sold out dans toute la France, qui fera escale au Zénith de Paris le 7 juin prochain.

"Les femmes peuvent elles aussi dire ce qu'elles veulent"

Prise dans un tourbillon, Angèle préfère garder la tête sur les épaules. « Tout ce que je fais est avec une prudence énorme, d'être sûr que ça va bien se passer et que ça ne va pas me retomber dessus » confie-t-elle en interview pour Pure Charts, expliquant que la dérision qu'elle met dans ses chansons et dans ses clips est une façon de « désacraliser la musique ». De dénoncer, aussi. Sur son nouveau single "Balance ton quoi", qui entre en playlist sur NRJ, la jeune star s'engage en faveur de l'important mouvement féministe né après l'affaire Weinstein. Le titre fait évidemment référence aux milliers de témoignages recueillis avec le hashtag #BalanceTonPorc. « Ça a inspiré d'autres femmes à parler du harcèlement au travail, de rue. Et il y a eu #MeToo. Soudainement en 2017, plein d'hommes se sont rendus compte que les femmes se faisaient harceler dans la rue, à leur travail, dans leur couple. Et que le sexisme était quelque chose de réel, qui existait. C'est comme si il avait fallu que toutes les femmes se sentent d'un coup libres et légitimes d'en parler pour que ça existe (...) J'avais envie d'en parler mais je ne voulais pas chanter #balancetonporc, je ne voulais pas m'approprier ce mot très fort ».

Découvrez le single "Balance ton quoi" d'Angèle :

VIDÉO - Angèle, en interview, se confie sur son premier album

Le titre, co-produit par Tristan Salvati (Coeur de Pirate, MARINA Kaye), aborde plus précisément le langage très cru utilisé par les rappeurs dans leurs chansons, où la misogynie est trop souvent de mise : « J'ai un vrai respect et une vraie amitié envers les rappeurs, cependant je ne trouve pas très juste la manière dont ils décrivent la femme. Mais je ne peux pas leur en vouloir parce que c'est la liberté d'expression (...) Je pense qu'il y a un message derrière quand les rappeurs se mettent à parler mal des femmes. Ça vient peut-être d'une peine de coeur. Ma manière de répondre à ça, ce n'est pas de dire : "Il faudrait que tous les rappeurs arrêtent d'être violents", ce serait super que ça arrive, mais on ne peut pas s'attendre à ce que les codes changent tout de suite. La manière la plus radicale de casser les codes, c'est de se dire que les femmes peuvent elles aussi prendre la parole et dire ce qu'elles veulent ». Une tactique que l'interprète de "La thune" applique avec une douce ironie sur son refrain : « Laisse-moi te chanter / D'aller te faire en... humhumhumhum / Ouais j's'rai polie pour la télé / Mais va te faire en... humhumhumhum ». De la graine de tube !