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lundi 28 mars 2016 14:00

Alice on the Roof en interview : "Je ne suis pas une machine de guerre à la Beyoncé"

Par Julien GONCALVES | Rédacteur en chef
Enfant des années 80 et ex-collectionneur de CD 2 titres, il se passionne très tôt pour la musique, notamment la pop anglaise et la chanson française dont il est devenu un expert.
Alice on the Roof vient de publier son premier album "Higher". Découverte dans "The Voice" en Belgique, la jeune chanteuse se confie sur son parcours, révèle l'origine de son nom de scène, évoque ses influences, ses doutes, ses envies et les stars de la pop.
Crédits photo : Jive Epic
Propos recueillis par Julien Gonçalves, quelques jours avant les attentats à Bruxelles.

Alice, peux-tu te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas encore ?
Je viens de la ville de Mons en Belgique, j'ai 21 ans et les cheveux roses ! (Rires) J'ai commencé à écrire des chansons il y a un an et demi, et j'ai la chance de voir mon album "Higher" sortir partout dans le monde ce mois-ci.

Pourquoi avoir choisi le pseudo Alice on the Roof ?
Je suis née Alice Dutoit. Quand j'ai fini mes études, j'ai décidé de faire un long voyage et je suis partie séjourner dans une famille d'accueil dans l'Oregon, aux États-Unis, pendant un an. Ce sont mes parents d'accueil qui ont en fait créé mon nom de scène en m'appelant "Alice on the roof" pendant tout mon séjour. Soit la traduction de mon nom de famille ! (Rires) J'ai tellement adoré la personne que j'étais pendant cette année de complète liberté qu'une fois rentrée à la maison, j'ai voulu garder ce surnom quelque peu aérien. Je peux avoir un petit côté haut perché, l'idée d'être sur un toit me correspond donc plutôt bien je pense ! (Sourire)

« J'avais besoin qu'on me dise que c'était bien pour y croire »
Tu es arrivée en demi-finale de "The Voice" en Belgique. Pourquoi avoir accepté de participer ? As-tu beaucoup hésité avant de tenter l'aventure ?
J'ai toujours aimé chanter et eu beaucoup d'amour pour la musique, mais c'est en Oregon qu'a eu lieu une espèce de déclic. Dans l'école que je fréquentais il y avait trois chorales, dont une pour laquelle il fallait passer une audition. Un peu comme "Glee" ! J'ai réussi le test et j'ai vécu une année incroyable grâce à cette chorale. On chantait les traditionnels chants de Noël dans les rues, l'hymne américain avant chaque match de football... Et on m'a un jour demandé de faire un solo. Lorsque les gens ont applaudi à la fin, j'ai pensé pour la première fois : « C'est cool, je devrais peut-être continuer dans cette voie...  ». J'avais besoin qu'on me dise que c'était bien pour y croire.

Ça a été un déclic ?
Oui. Quand je suis rentrée en Belgique, j'avais très peur, peur de m'ennuyer et soif de nouvelles aventures. Avant de partir, j'étais une jeune fille très réservée en cruel manque de confiance en moi. Le fait d'avoir baigné dans cette culture de la performance - parce que oui, les américains ont le sens du show gravé dans les veines - a finalement libéré chez moi un côté fonceur, peur de rien. Je me suis donc inscrite à l'émission sans me poser mille questions, dans l'optique de vivre des sensations nouvelles.

Regardez le clip "Easy Come Easy Go" d'Alice on the roof :



Quand on écoute ton premier album "Higher", impossible de se dire que tu viens de "The Voice" tellement ton univers est loin de ce que proposent les candidats issus de télé-crochet en général. Tu en as conscience ?
Oui ! Finalement, en ayant été éliminée en demi-finale, j'ai bénéficié de beaucoup plus de liberté et j'ai pu prendre le temps de bien réfléchir au projet, de me trouver artistiquement. J'avais envie de faire de la musique qui me ressemble et de m'éloigner de cette image de jeune fille maladroite qui me collait durant l'émission. J'ai vraiment pu me laisser aller durant la réalisation de l'album et exploré des sonorités plus électro et atmosphériques. Ma rencontre avec le producteur Tim Bran, qui a déjà travaillé avec London Grammar, LaRoux, Halsey ou Birdy, a certainement apporté une crédibilité au projet. Et Tim m'a permis également de faire d'autres rencontres, de voyager, et surtout de créer un fil conducteur.

« The Voice ? Il faut avoir les épaules solides »
En France, Kendji, Louane ou Fréro Delavega cartonnent et viennent de "The Voice", MARINA Kaye est issue de "La France a un incroyable talent"... Les télé-crochets c'est un peu le nouvel eldorado pour les artistes selon toi ?
En fait, quand on sort de ce genre de concours, il faut vraiment être bien dans ses baskets. Etre convaincu de la piste à suivre. Voir loin. En gros, il faut déjà être un peu visionnaire et être capable de se créer un univers bien à soi. Et puis avoir les épaules solides ! On peut vite sombrer. C'est important de s'entourer de gens qui croient en toi.

J'ai beaucoup pensé à Jessie Ware en écoutant ton premier album. Quels sont les artistes qui ont forgé ta culture musicale et qui ont pu avoir une influence sur cet album ?
A l'âge de 15 ans, je me suis découverte une passion pour les groupes scandinaves. Je retrouve dans la musique venant des pays nordiques une similitude dans la maitrise des sons, une grande sensibilité et subtilité. Les sonorités utilisées me font complètement planer, c’est très atmosphérique ! Les classiques du genre, c'est Sigur Ros, c'est Bjork que j'ai beaucoup écoutée, mais je découvre chaque jour des perles norvégiennes, islandaises ou danoises : Emilie Nicolas, Niki and the Dove, Aurora, Highasakite, Susanne Sundfor... J'aime quand une suite d'accords plutôt folk se mélangent à de l'électro. Dans d'autres horizons, j’ai toujours été attirée par les voix chaudes et réconfortantes de Zach Condon (Beirut), Morrissey (The Smiths) ou Feist. Même si l'album est empreint de mélancolie pour certains morceaux, j'ai quand même voulu y mettre du groove et de la lumière avec des chansons plus sensuelles et un côté 80's, un peu dans la direction de Jessie Ware ou Shura, c'est vrai.

L'album s'appelle "Higher", mais tu débutes seulement. Est-ce que ça traduit une très grande ambition ?
Hmmm pas vraiment (Rires). Du moins je ne le vois pas comme cela. Je suis une éternelle rêveuse et "Higher" m'inspire une sensation de liberté, d'échappatoire...

A LIRE - Que vaut l'album "Higher" d'Alice on the roof ? Critique !


Pourquoi chanter en anglais plutôt qu'en français ?
Ça s'est fait très spontanément quand je suis revenue de mon voyage. Avec l'anglais, je ressens une plus grande aisance à exprimer des choses qui, en français, me mettraient mal à l'aise. C'est comme un voile de pudeur derrière lequel je peux me cacher.

« Je n'ai pas peur d’être imparfaite »
On sent que les ambiances ont été particulièrement soignées sur ce disque. C'était le but ?
Totalement. J'avais envie de procurer une bulle d'air avec cet album, de proposer quelque chose d'aérien tout en composant des titres qui restent des chansons à mélodies. En studio, j'avais le réflexe de vérifier que le morceau sonne toujours en version piano-voix ou guitare-voix ! Ce sont les arrangements qui ont donné un fil conducteur entre les chansons. Pour l'anecdote, une immense partie des sons de l'album provient d'un seul et même instrument, le juno 60. C'est un clavier analogique qui ne se fabrique plus aujourd'hui. Une vraie mine d'or !

Vu que tu chantes en anglais, as-tu envie de te lancer aux États-Unis ou au Royaume-Uni ?
Ce serait un rêve ! Je reviens du festival South By South West, un truc immense qui a lieu chaque année à Austin, au Texas. Dans ce genre de festival, les producteurs se ruent pour faire leur "marché aux artistes". Ça peut donner de belles opportunités. Moi, vous l'aurez compris, j'adore explorer de nouveaux horizons, et me dire que je peux aujourd'hui voyager grâce à ma musique. C'est un sentiment extraordinaire ! Je ne suis pas une machine à l'ambition démesurée mais je travaille néanmoins tous les jours pour pouvoir vivre d'autres expériences comme celle que je viens de vivre au Texas.

Regardez le clip "Lucky You" d'Alice on the roof :



Tes textes et ta silhouette laissent imaginer une personnalité très fragile, timide. Ce n'est pas contradictoire avec ce métier où l'artiste est en première ligne, sous les projecteurs ?
Je pense que c'est justement là que ça devient intéressant car ça reste un challenge pour moi. Je ne cherche absolument pas à devenir une machine de guerre à la Beyonce ou Madonna ! Lorsque j'écris, je m'attache justement aux fragilités des êtres et à la contradiction des sentiments.. J'aime beaucoup l'idée de chanter et de clamer haut et fort que je suis quelqu'un de vulnérable. Je n'ai pas peur d’être imparfaite. Je mets donc un point d'honneur à garder ma spontanéité et suis très heureuse de constater qu'il y a de la place pour les chanteuses douces et décalées. (Sourire)

Si tu devais enregistrer un duo avec un artiste français ou international, ce serait qui ?
(Elle réfléchit) Probablement avec MØ (la chanteuse du tube "Lean On" de Major Lazer, ndlr). Sur scène, cette fille a l'air vraiment libérée, même un peu barrée. J'adore ! Ce que j'admire le plus chez les gens, c'est leur folie. Elle donne l'impression de se ficher pas mal du regard des autres, donc elle pourrait me donner un peu de cette qualité !

Crédits photo : Jive Epic .

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