vendredi 07 juin 2013 17:00

Pauline : "Je me suis soignée avec mes disques"

Plusieurs années nous séparent de son premier tube "Allô le monde", et Pauline n'est pas restée inactive, continuant d’œuvrer dans l'ombre avec un deuxième album, dont la sortie confidentielle a poussé la chanteuse à quitter son label. Encadrée par une nouvelle équipe, Pauline entend bien redonner des couleurs à un printemps jusque-là maussade avec son nouvel album "Le meilleur de nous-mêmes", lumineux et dans la veine du premier. L'occasion de discuter avec Pauline de cet opus, mais aussi des fondamentaux et des raisons qui l'ont poussée à être artiste.
Crédits photo : Arthur Delloy
Propos recueillis par Jonathan Hamard.

Tu as su te faire discrète pour créer l'attente. Ton troisième album a mis longtemps à sortir et le public était impatient. Comment appréhendais-tu la sortie de ce nouvel opus ?
Pauline : Je prends vraiment les choses comme elles viennent avec ce troisième album. Je ne me pose pas beaucoup de questions au sujet de cette attente, même si j’avoue que c’est quand même très agréable de savoir qu'on est attendu. Je pense à mon public, à tous ceux qui y croient, à ceux qui ne me connaissent pas mais qui vont peut-être apprendre à me découvrir, et puis à ceux qui ont déjà entendu parler de moi mais qui ne me connaissent pas encore vraiment, ni même ma musique (sourire). J’ai envie de faire découvrir ma musique au plus de gens possible. Mais, pour l’instant, je ne pense qu’aux choses positives et à tout ce qui encadre ce troisième album. Je ne sais pas comment expliquer l’état dans lequel je suis. Un peu comme avant de sortir mon premier album ! Je ne faisais pas les choses naïvement, mais je les prenais comme elles se présentaient à moi.

« Personne ne sait que j’ai sorti un deuxième album ! »
Qu’est-ce qui change avec ce nouvel album, si on le compare au précédent, "La vie du bon côté" ?
Ce n’était pas vraiment pareil. Je n’ai pas vécu les choses de la même manière. Quand on sort d’un succès, on se regarde peut-être un peu plus faire. Moi je fais toujours les choses sincèrement, sinon ça ne m’intéresserait absolument pas de faire ce métier. Si on peut appeler ça un métier. Le deuxième a donc été fait avec autant de sincérité que les deux autres, mais, je n’ai pas autant lâché prise. Sur "Allô le monde", j’étais un peu novice. Je débarquais (sourire). Je retrouve cet été d’esprit. Je redécouvre une certaine fraîcheur et j’en suis très heureuse.

Le deuxième album a aussi beaucoup moins marché...
Ce n’est pas qu’il n’a pas marché ! C’est que je suis partie de ma maison de disques. Donc il n’a pas eu le temps de marcher. A part les fans, les gens qui me suivent nuit et jour (sourire), personne ne sait que j’ai sorti un deuxième album. On n’en a pas entendu parler. Il n’a pas du tout été médiatisé. Un album, tant qu’il n’est pas donné aux gens, il n’existe pas. Il ne sert à rien. Comme dans les histoires d’amour, à un moment on se rend compte qu’on a besoin d’arrêter et d’aller vers autre chose. C’est pour ça que je suis partie de chez EMI. Et aujourd’hui, je suis très contente de mon équipe Warner. Je suis ravie d’avoir rencontré Rose-Hélène Chassagne. J’ai vu beaucoup de maison de disques. Mais, Rose-Hélène, ça a vraiment été la révélation. Le fait que ce soit une femme, ça me plaisait. Dans notre métier, ce n'est pas commun. D’avoir en face de toi quelqu’un qui te dit : « J’adore ce que tu fais » et « Le piano je trouve ça admirable »… On a juste envie de faire un album avec ces gens-là (rires) ! Je n’ai aucun regret en repensant à tout ce que j’ai fait avant. Aucune amertume ! C’est très important.

« Les coups et les blessures de la vie sont assumés »
Peut-être aussi parce que "La vie du bon côté" était un peu plus sombre que le premier…
Oui. Je pense. Musicalement, c’était voulu. Et là, je reviens avec quelque chose de beaucoup plus lumineux.

Le premier extrait tourne en radio. Il s’appelle "Je parle je parle" et fait la part belle au piano. Pauline reste donc Pauline...
Bien sûr ! Encore plus ! Je pense que les gens parlent beaucoup mieux de moi que je ne pourrais le faire. Dans mon équipe, ceux qui ont écouté l’album en premier ont vraiment eu cette impression que les choses que j’ai vécues, les coups et les blessures de la vie, sont assumés. Je pense que c’est exactement ça. J’ai vieilli. Ce que je transmets aux gens, ce qu’ils découvrent de ma personnalité, c’est la vraie moi. J’ai toujours été sincère, mais je le suis plus encore dans le sens où je suis plus naturelle. Je ne force pas ce que je dis. Je ne sais pas comment l’expliquer. Je pense que j’ai gagné en maturité tout simplement. C’est comme si je m’étais construite et que maintenant cette période était révolue, avec l’expérience que j’ai pu acquérir aussi.

Regardez le nouveau clip "Je parle je parle" de Pauline :



Depuis le succès de "Allô le monde", il s’est écoulé plus de trois ans. Ne crains-tu pas que le public t’ait oubliée pendant cette longue absence ?
Je ne sais pas. Je ne trouve pas que ce soit si long. "Allô le monde", on l’a beaucoup entendu entre 2009 et 2010. Ce titre passe encore aujourd’hui en radio. Trois ans, c’est le temps que beaucoup d’artistes prennent entre deux albums. Il fallait le temps que j'écrive de nouvelles chansons. C’est long (sourire) !

« Je fais véritablement ce métier pour les gens »
Avec le single "Je parle je parle", tu établis clairement une frontière entre ta vie publique et ton intimité. On retrouve souvent ce "point à la ligne" qui balaye en quelque sorte tout ce qui a pu se passer auparavant…
Je ne balaye pas tout ce que j’ai fait avant. C’est juste que je reviens à la ligne. C’est-à-dire que je veux écrire autre chose pour avancer. Je ne balaye jamais ce que je fais. Même dans la vie. Je ne balaye jamais les gens que j’ai rencontrés. Je dirais plutôt que je porte un regard sur ce que j’ai fait pour trouver la bonne direction et faire les bons choix. De toute façon, tout le monde était unanime pour que je fasse mon retour avec ce single. C’est celui qui caractérise le mieux ce nouvel album. C’est très frais, mid-tempo… Il y très peu de ballades. Les quelques ballades sont sublimées. Je trouve, justement, moi qui suis fada de ballades, que c’est bien qu’il n’y en ait pas beaucoup. Elles ressortent mieux.

On parle toujours d’amour ? Comment vois-tu l'amour aujourd'hui ?
Je ne vis plus l’amour à 20 ans comme je l’ai vécu à 17 (rires) ! Si j’ai fait toutes les musiques sur cet album, je n’ai pas voulu écrire tous les textes. C’est voulu. C’est peut-être surprenant, mais je me suis tellement livrée sur les deux premiers, qu’avec la perte de mon grand-père il y a deux ans, maintenant, je ne vais dire que l’essentiel. Non pas que je n’ai pas parlé de l’essentiel auparavant, mais maintenant je ne vais dire que les choses qui me font du bien. Là, j’ai besoin de les graver. Donc les cinq textes que j’ai écrits sur cet album parlent de la perte. Ça peut être la perte des êtres qui partent pour de bon et qu’on ne verra plus jamais. De la perte amoureuse. Il y aussi la perte des gens qu’on croise un temps, avec qui on partage des choses et qu’on ne voit plus. Et puis, il y a une dernière perte qui me tient à cœur, c’est la perte de soi-même. A un moment donné, il y a des personnes qui ne savent plus où elles en sont.

« Depuis le début, on ne m’a jamais rien imposé »
Toi-même ?
Pas moi, non. Pas à ce niveau en tout cas. Mais quelqu’un de proche qui s’est perdu. C’est-ce qu’on appelle la dépression. Je parle de toutes ces personnes qui ne savent plus très bien où elles en sont ou qui tombent de l’autre côté, c’est-à-dire la folie. Aujourd’hui, cette personne est guérie et j’en suis très contente.

C’est le sentiment que j’ai eu très tôt en écoutant ta musique. Tu es quelqu’un qui parle aux gens.
Je suis heureuse que tu le dises. Parce que je fais véritablement ce métier pour les gens. Si je fais des chansons, ce n’est pas uniquement pour moi. Sinon ça ne m’intéresserait pas de le faire.

"Le meilleur de nous-mêmes", c’est une invitation à une thérapie de groupe ?
Complètement (sourire) ! Moi, je me suis soignée avec mes disques. Quand le public vient me voir en concert, j’ai vraiment le sentiment d’assister à une communion. Je suis là pour ça. J’ai envie de transmettre une énergie positive. J’ai envie de guérir tout le monde. Ce métier m’a incroyablement tourné vers les gens, contrairement à ce qu’on pourrait croire. Je ne pense qu’aux autres. Peut-être trop parfois !

Sur le plan musical, là encore, pas de révolution. On retrouve les mêmes ingrédients qui ont fait le succès de ton premier album.
Oui. Pas d’inquiétudes à avoir de ce point de vue ! Mais il y a quand même une évolution. Je pense que c’est plus mature. Les gens qui m’apprécient devraient s’y retrouver. Même si j’aime bien mettre une ou deux petites touches électro par ci par là, je ne vais pas faire un album de jazz. Même si je suis fan de jazz. C’est dans la lignée de "Allô le monde"…

Crédits photo : Arthur Delloy
Ton nouvel album tel qu’il existe aujourd’hui, est-il proche de ce que tu imaginais avant de te lancer dans l’écriture des mélodies ?
Totalement ! C’est exactement ce que j’imaginais. C’est valable pour mes deux premiers albums aussi. Comme je travaille sur l’écriture, je suis le projet de A à Z. Le premier album, j’avais participé aux arrangements. Je les avais totalement réalisés sur le deuxième. Et là, ce n’est pas moi qui les ai faits. Mais je donne mon avis pour tout. Il faut que ça me représente moi. Tout ce que je veux est dans ma tête. Je sais précisément ce que je veux. On ne m’impose rien. Depuis le début, on ne m’a jamais rien imposé. C’est impossible !

Impossible aussi d’être seulement interprète ?
Exactement ! Sauf, sur mon premier album, j’avais choisi une chanson que j’aimais beaucoup. C’était "Mon côté fragile". Cette chanson est géniale. Ce n’est pas moi qui l'ai écrite mais on l’a beaucoup retouchée. C’était une ballade mais elle est devenue un morceau pop. Je ne fais pas ce métier pour simplement chanter, mais pour créer.

« Ce qu’il y a dans mon frigo, ce n’est pas très intéressant »
Depuis le début, tu joues sur l’ambivalence des sentiments et des émotions. Ton univers est à la fois sombre et lumineux, triste et heureux. Quelle part l’emporte sur l'autre aujourd’hui ?
Je pense que c’est la part la plus fragile qui ressort. Pas triste, mais fragile (rires). Lumineuse aussi. Je pense que l’espoir est ce qui compte le plus dans mes chansons.

En 2007, tu chantais fort des secrets que tu voulais garder pour toi. En 2013, tu ne veux toujours pas les révéler ?
Non (rires) ! Ce n’est pas prévu. Il y a des choses comme ça qu’on ne peut pas partager. C’est vrai que je donne beaucoup. A la fin de mes journées, je suis épuisée. Mais il y a toujours cette part secrète en moi. Il faut gratter et gratter pour en savoir un peu plus. Je pense que c’est important de savoir garder son jardin secret. C’est dangereux de trop en dire. Je ne suis pas là pour alimenter les potins mais pour donner de l’émotion aux gens et les aider à s’évader l’instant d’une chanson ou d’un album. Ce qu’il y a dans mon frigo, ce n’est pas très intéressant…
Pour en savoir plus, visitez pauline-lesite.fr ou son Facebook officiel.
Ecoutez et/ou téléchargez les deux premiers albums de Pauline sur Pure Charts.
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