jeudi 01 septembre 2011 14:00

Maya Barsony en interview

Maya Barsony a changé mais reste la même. Sans détour et avec sincérité, elle nous parle de son nouvel album "Monter Âmoureuse" qui pointera dans les bacs le 19 septembre. Avec humour et dynamisme, la chanteuse explique sa conception de l'amour et nous donne la recette pour vivre une histoire solide et aucunement passionnelle. Il n'y pas de miracle, seulement des options et des solutions. Lesquelles choisirez-vous ? En ce qui nous concerne, on a opté pour "Monter Âmoureuse" !
Crédits photo : site internet officiel de Maya Barsony
Nouvel album : nouvelles sensations et nouveaux sentiments ? (Jonathan HAMARD)
Maya Barsony : Oui ! Il est essentiellement question des sentiments amoureux dans ce nouvel album, même si j'en avais déjà beaucoup parlé sur le précédent, mais différemment.

C'est l'album du changement ! "Monter Âmoureuse" est synonyme de rupture dans tous les sens du terme. Plusieurs thèmes ressortent et j'ai voulu que tu apportes des précisions sur tes textes et tes choix musicaux. Tout d'abord, je voulais savoir si Maya Barsony est une femme perdue ou convaincue.
Ce dont je suis sûre, c'est que je suis convaincue de ne plus vouloir me perdre ! La Maya Marsony de "Monter Âmoureuse" est une femme entre les deux, en pleine reconstruction. Elle n'est plus perdue, mais je pense que pour être convaincu, il faut être arrogant. Je n'ai pas la prétention de tout savoir de la vie ni de l'amour. J'ai des convictions, comme tout le monde.

« Je suis convaincue de ne plus vouloir me perdre. »
Une femme pleine d'assurance aussi !
Oui, mais j'ai surtout osé dévoiler des émotions profondes qui me tiennent à cœur. Avec cet album, j'ai souhaité décliner toutes les facettes des sentiments que l'amour peut faire naitre en nous, que ce soit dans la beauté, dans la souffrance, dans la peur, dans l'abandon et dans la quête. Chaque chanson explique en quelque sorte comment fonctionne l'amour. Ça me fascine depuis toujours puisque je suis une grande amoureuse. Et comme je suis extrême dans tout ce que je fais, j'ai décidé que cet album ne parlerait que d'amour.

La quête de l'amour, c'est l'histoire d'une vie. On avance pas à pas comme un "Funambule"...
En étant funambule, on prend le risque de tomber. Mais je crois qu'on apprend les choses dans le risque. Si on n'en prend pas, on n'est pas à même d'évoluer. Je pense que le risque émotionnel doit faire partie de la vie pour qu'elle vaille la peine d'être vécue. Une fois qu'on est tombé, on est capable de reconstruire quelque chose. On comprend par la suite comment se faire moins mal. Pour moi, la chanson "Monter Âmoureuse" est une clef de cet album. Dans ce titre, j'explique que l'expression "tomber amoureux" tire vers le bas. Avec le mot « tomber » : on se dit que çà commence mal ! Ça fait référence à la passion dévorante. La question : c'est de savoir comment construire une histoire sans se faire mal. Je me demande s'il ne vaudrait pas mieux monter tout doucement, sans se presser. Un peu à l'ancienne finalement !

A l'ancienne ?
Non, peut-être pas [rires]. On boycotte cette phrase. L'idée de monter plutôt que de tomber me donne l'impression de construire quelque chose de plus cool, de plus serein, et plus solide au final.

"Tomber amoureux", c'est une expression bannie de ton vocabulaire ?
Maintenant que je veux monter amoureuse : oui !

Elle t'est venue d'où cette idée d'inverser l'expression ?
Elle est venue du vocabulaire amoureux que je trouve particulièrement négatif. Tous les mots associés à l'amour sont quand même assez violents. On dit bien « aimer à la folie ». La folie c'est quelque chose d'effrayant. On dit : « aimer à en perdre la tête » aussi. Moi, j'ai décidé que l'amour était fait pour être heureux, tant qu'à choisir. Tu n'es pas d'accord avec moi ?



Maya Barsony, c'est aussi une femme qui a beaucoup souffert de l'amour ?
[long silence] Euh... oui. Disons que j'ai vécu des histoires que je raconte dans mes chansons. Je chante ce que je ne veux plus parce que ça c'est mal passé. Et puis, je suis plâtrée : j'ai un cœur en reconstruction autour du buste. Tu sauras en tirer les conclusions par toi-même.

Mais tu as gardé une lueur d'espoir.
Oui ! C'est un disque d'espoir, totalement. L'album commence par « J'ai changé. », dans la chanson "Poing-virgule", et se termine par « Je vais bien ». La vie est faite de longs points de suspension. C'est une histoire « à suivre... » en permanence, jusqu'à la mort, tout du moins.

C'est donc en quelque sorte une thérapie pour toi cet album.
Oui, dans le sens où lorsque j'écris et chante ces chansons, je comprends tout ce que je peux ressentir, ce qui me permet de trouver les clefs pour mieux faire les choses. Et ces clefs, je me dis que je pourrais les chanter pour d'autres car elles pourraient servir.

« Je suis plâtrée : j'ai un cœur en reconstruction autour du buste. »
Tu t'adresserais donc plus aux femmes ?
Non, je ne crois pas. Cet album n'est pas uniquement fait pour les femmes. Les thématiques que j'aborde sont universelles. Qu'est ce qui est plus universel que l'amour, les chagrins d'amour, et la quête de l'amour ?

Alors, comment aimer ?
Je te conseille de "monter âmoureux" ! [rires]

Regardez le clip "Poing-virgule" de Maya Barsony :


Tu avais envie de dévorer les hommes sur "Femme d'extérieur", et tu les craindrais presque dans ce nouveau disque. Quel rapport entretiens-tu avec eux ?
Comme la plupart des femmes de ce monde, j'ai plusieurs facettes. Et mon rapport aux hommes, il évolue suivant ma casquette. Je reste la même, mais ma casquette peut tourner selon qui je rencontre et les situations que je vis.

Comment est ta casquette en ce moment ?
Elle est sereine !

Tu parles d'"Open Space" également. C'est l'un des titres de cet album. As-tu déjà travaillé dans des bureaux ouverts ?
J'ai fait des sondages téléphoniques pendant deux mois, un été. Tu dois connaître la chanson "P'tits boulots" dans laquelle je parle de toutes mes expériences professionnelles. J'ai aussi fait vendeuse et plein d'autres petites choses. Mais je n'ai plus besoin de bosser à côté. J'arrive à vivre de mon métier depuis bientôt dix ans.

Est-ce que tu as commencé à écrire ta musique pendant ces jobs ?
J'ai commencé à écrire à l'âge de six ans. Je n'ai jamais arrêté depuis. J'ai toujours fait des petits boulots à côté, mais c'était purement alimentaire, histoire de pouvoir payer mon loyer.

Tu estimes que c'est une chance de pouvoir vivre de sa passion sans avoir à travailler à côté ?
Ce n'est pas une chance : c'est exceptionnel ! Il faut en profiter le temps que ça dure.

« Je ne me suis jamais fixée de frontières. »
Comme dans tes textes, tu parles sans tabous. Je remarque une certaine liberté sexuelle dans tes chansons. Tu n'as pas de limites ?
J'ai un petit peu moins parlé de sexe dans "Monter Âmoureuse". On peut évoquer tous les sujets tant que l'on reste poétique. J'use de la métaphore pour m'exprimer. Tu as sans doute écouté "Dis-moi dis-moi", "La pompe à diesel" et "Laisse couler" [NDLR : sur l'album "Femme d'extérieur"]. Et puis, il y a "Open Space" en 2011. C'est une histoire de liberté en fin de compte. Je ne me suis jamais fixée de frontières et je n'ai jamais choisi d'en parler. J'aime beaucoup l'érotisme, je trouve que ça fait partie de la vie. Je suis tranquille sur le sujet, j'agis selon mes envies.

C'est aussi une forme de provocation.
De la provocation ? J'aime le faire en tout cas. Mais je ne considère pas que parler de sexe entre dans le cadre de la provocation. Je me considère comme une femme assez soft. Cette liberté vient peut-être du milieu où j'ai grandi. On m'a souvent dit que j'avais une étiquette de provocatrice par le passé, mais je ne m'en rends pas compte. Chaque personne a des repères différents. Ce que je vais considérer comme « normal » sera de la pure provocation pour mon voisin. Mais là, on aborde un autre problème : la perception de l'autre.

« Je me considère comme une femme assez soft. »
En parlant de sexe, comme d'autres sujets, tu joues beaucoup avec les mots. L'amour que tu chantes dans ton nouvel album, c'est aussi celui de la langue française ?
On trouve une vraie richesse dans la langue française. On peut se permettre de jouer avec les mots. J'ai toujours aimé le faire, même si je me suis autorisée une écriture beaucoup plus simple sur certains titres de cet album. J'ai voulu m'accorder une liberté pour dire ce que je pense sans transformer mes pensées. Une nana qui retrouve son amoureux ne va pas lui écrire un poème. Elle va accourir vers lui sans trop se poser de questions. Ça coule de source. Je voulais être au plus proche de cette nana-là, et c'est pourquoi la simplicité était une évidence dans ce cas.

Tu es aussi beaucoup plus directe dans les vidéos qui ont été régulièrement publiées au cours de l'été et dans lesquelles tu joues le rôle d'une thérapeute de l'amour.
Oui, je suis une spécialiste de l'amour. Je suis thérapeute. J'aide les personnes qui sont en difficulté avec l'amour. Il y a beaucoup d'artistes qui viennent en consultation dans mon cabinet : Sonia Rolland, Axelle Laffont, Arthur H... Ma clientèle est très éclectique [rires]. Je suis fascinée par le sentiment amoureux de manière réelle, pas que pour mes chansons. L'humain dans ses émotions m'intéresse beaucoup. J'ai donc construit des petites vidéos sous forme d'entretiens avec des patients qui viennent trouver du réconfort et un remède chez moi. Chaque vidéo représente un thème associé à l'un des titres de mon disque.

Regardez la séance de thérapie d'Axelle Laffont par Maya Barsony :


On aurait pu voir La Fouine dans ton cabinet !
Je t'avoue que j'y ai pensé lorsque l'on s'est rencontré au Printemps de Bourges. On a repris le titre "Vieille canaille". Mais on ne se connait peut-être pas encore assez. De chanter avec lui, c'était une manière d'aller aussi jouer dans un autre registre. Ça fait longtemps que je fais de la musique et j'ai donc côtoyé beaucoup de milieux avant de créer mon propre univers musical. Pour te créer une identité, tu dois aussi voir tout ce qui se fait autour de toi. Pendant plusieurs années, je suis allée fouiller dans les ambiances de rock, de hip hop, de reggae... Je connais bien les codes maintenant, ce qui fait que je suis arrivée très à l'aise à côté de La Fouine au Printemps de Bourges.

« Je ne corresponds pas aux critères esthétiques actuels. »
A l'aise sur scène, peut-être... Mais est-ce le cas dans la vie de tous les jours ? C'est toi "La femme canon" ?
Bien sûr ! C'est moi, à un moment. C'est un sujet délicat car je ne me considère pas belle ou sexy. C'est le regard de l'autre qui te rend tel que tu es. Je suis assez tranchée dans mes émotions. Autant, je peux avoir une grande assurance un jour, comme me sentir un vrai laideron au point de ne pas oser sortir de chez moi le lendemain. Je suis peut-être complexée : je sais que j'ai une tête particulière et je ne corresponds pas aux critères esthétiques actuels. Cependant je m'entretiens. Je suis quelqu'un qui a toujours essayé d'avoir une hygiène de vie saine. Je suis sportive.

Tu as d'ailleurs adopté des nouvelles lunettes qui sont, je dois l'admettre, assez impressionnantes quand on les voit en réel. Le choix des lunettes permet aussi de divulguer une part de soi ou au contraire de s'affirmer. Quelle option as-tu prise ?
Je ne suis pas quelqu'un de trop réservée comme on a pu le voir sur "Femme d'extérieur". M'affirmer, je n'en avais donc pas vraiment besoin. En revanche, j'ai cassé la carapace avec "Monter Âmoureuse". Je parle à cœur ouvert. Peut-être que les lunettes reconstituent une toute petite carapace, même si elles sont très grosses.

« Je n'attends plus le "prince charmant". »
"La femme canon", personne n'a encore réussi à l'allumer. Qui pourrait le faire ?
Un artificier ! Pour le coup, "La femme canon" est une chanson métaphorique. Je crois encore que deux personnes peuvent se rencontrer et être amenées à vivre ensemble jusqu'à la fin de leurs jours. Seulement, dans la société actuelle, il y a un tas de rencontres entre des gens qui ne sont pas faits pour être ensemble. Il y a une telle misère sentimentale qu'on préfère rester à deux, même si on ne se plait pas vraiment et qu'on se fait souffrir pendant des années. Il y a des gens qui passent à côté de leur vie et de leur histoire d'amour. Il y a trop d'essayages d'histoires gratuites ! Je crois au destin et je pense que chacun peut trouver la personne qui lui correspond et ne pas à vivre un couple soumis aux disputes futiles. Je ne te dis pas que tout le monde à son alter ego sur terre, mais simplement que s'il existe une personne faite pour toi, vous vous rencontrerez forcément. Enfin... j'espère pour toi [rires] !

Tu attends encore ton "prince charmant" ?
Non, je n'attends plus le "prince charmant". Je vis les choses comme elles viennent.

Alors, pour conclure : qu'est ce qu'une femme attend de l'amour en 2011 ?
Je vais parler en mon nom parce que c'est délicat de parler au nom de toutes les femmes. J'ai vécu pendant longtemps de grandes passions amoureuses. Je vois qu'elles ne mènent à rien. Ce que j'attends en 2011, c'est la simplicité. Je dirais également que tomber amoureux, c'est retomber sur ses pattes, sentir son âme en symbiose avec son corps. C'est pour ça que le « Â » de "Monter Âmoureuse" a son petit chapeau. Je lie l'âme à l'amour. On dit bien les âmes-sœurs. Amen [rires] !



Maya Barsony sera au Zèbre de Belleville le 27 septembre à l'occasion de la sortie de l'album "Monter Âmoureuse". Réservez vos places dès à présent sur Pure Charts.
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Écoutez et/ou téléchargez l'album "Femme d'extérieur".
Visionnez le clip "La pompe à diesel" (2008) :

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