Nouvel album et nouveau son pour M. Pokora. L'interprète de "Elle me contrôle" est de retour avec un projet résolument pop, alliant différents styles sur un seul et même disque. Quinze morceaux pour lesquels l'artiste s'est encore une fois installé devant sa table d'écrivain, laissant aussi la place à d'autres plumes pour faire rimer ce qu'il n'arrivait pas à exprimer, a-t-il expliqué lors d'un entretien (Pure Charts) : « il faut simplement savoir reconnaitre que, avec ma plume, j'ai été incapable de passer un cap tout seul. ». Il a donc fait appel à Soprano pour lui soumettre le texte de "Juste un instant", un premier single qui correspond musicalement à ce qui plait le plus à l'artiste cette année. Un bon rythme, un refrain accrocheur : "Juste un instant" était parfait comme premier simple pour annoncer la tonalité de ce cinquième opus. L'un des nouveaux amis de Soprano a également mis la main à la pâte : Corneille a écrit la chanson "On est là", potentiel single. Potentiel car le titre en a l'allure. Electro-acoustique, ce morceau est, sous son apparence de simple chanson up tempo dansante, véhicule un message appelant à la fraternité et porteur d'espoir pour la nouvelle génération. Pour ne pas tomber game over et continuer à mener la danse, M. Pokora tente de se faire entendre.

Un cri du cœur que l'on retrouve sur le plus reggae "Merci d'être". Encore un single potentiel qui témoigne d'une nouvelle maturité artistique pas encore arrivée à son terme mais en bonne voie de l'être. Hommage à toutes les femmes qui portent le poids du monde avec leurs simples bras, "Merci d'être" serait parfait pour cet été. Un mid tempo comme il y en a beaucoup. Parce qu'au final, on ne compte que quatre morceaux au tempo plus tonique : "Sauve-toi", poussée d'adrénaline ou simple appel à la rupture selon les sensibilités, "On est là", "Encore plus fort" et "Danse sur ma musique". Ce dernier n'étant pas le plus convaincant avec un refrain loin d'être efficace et beaucoup trop répétitif. Dommage car le rythme des couplets et véritablement accrocheur. Ce qui fait sans doute défaut à ce titre, c'est son texte et la partie vocale en pré-refrain un peu dépassée. Un morceau qu'on zappera sans culpabiliser.

Bien qu'il compte quinze titres, l'écoute de cet album se fait de manière linéaire sans voir passer les 48 minutes inscrites au compteur. On aura beau dire ce que l'on veut, on est loin de passer un moment désagréable. L'ensemble est cohérant et fluide malgré la redondance des thèmes abordés dans les différents morceaux qui peut lasser. Principalement, ce sont les idées de quête ou d'introspection qui dominent. "A la poursuite du bonheur" : un titre qui en dit long sur l'état d'esprit de Matt Pokora. S'il précise d'emblée qu'il n'est pas question de changer ("Reste comme tu es"), il court pour trouver le meilleur : « Des couleurs, des douleurs qui nous parlent / Un espoir, un sourire qui désarme / Oublier sans regret ce qu'on laisse derrière soi / D'autres gens, d'autres vies, d'autre part / Qu'on soit grand, sans abris ou à part / S'enrichir du présent et la chance d'être là » chante-t-il dans "Cours". Prêt à tout faire pour briser des barrières ("Mes rêveurs"), Matt n'oublie pas pour autant les ballades romantiques, parfois mièvres, où il est question d'amour. Là où "Mon évidence" n'a rien de percutant car relativement banal, on est plus surpris à l'écoute de "Si tu pars" où la voix de l'artiste fait réellement passer une émotion.

Côté production, on ne pourra pas reprocher grand-chose à Matt Pokora. Un gros effort a été fait sur ce plan, rattrapant quelques lourdeurs lorsqu'il s'agit de parler de sentiments amoureux. Mais ce n'est pas toujours assez pour faire oublier la faiblesse de certains titres comme "Ma poupée" qui, on le sent, est pourtant vécu dans son interprétation. Et c'est en demi-teinte que se termine "A la poursuite du bonheur", un disque orné de quelques pépites clairement imaginées pour la scène.