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samedi 27 janvier 2024 10:25

Lara Fabian en interview : "Avec Slimane, on a beaucoup de choses en commun"

Par Julien GONCALVES | Rédacteur en chef
Enfant des années 80 et ex-collectionneur de CD 2 titres, il se passionne très tôt pour la musique, notamment la pop anglaise et la chanson française dont il est devenu un expert.
Lara Fabian signe son retour musical après six ans d'absence. En interview sur Purecharts, la chanteuse se confie sur sa nouvelle chanson "Ta peine", sa rencontre avec Slimane, la transmission, son nouvel album, les Enfoirés, la "Star Academy" ou son rôle de coach dans "The Voice Kids".
Crédits photo : DR
Propos recueillis par Julien Gonçalves.

2024 démarre à peine, dans quel état d'esprit êtes-vous ?
Très sereine et puis très enjouée aussi parce que j'ai l'impression que ça va être une très belle année.

Oui, vous êtes partout : dans "Dream Team", à la "Star Academy" ce samedi soir, bientôt dans "The Voice Kids", dans Les Enfoirés aussi, vous sortez un nouveau single...
Ça s'est présenté comme ça... J'ai fait le choix d'écrire cette nouvelle chanson et les opportunités se sont alignées comme par magie. J'avais l'élan, le désir de faire chaque chose qui m'a été proposée. Mais oui, ça donne une bonne impulsion !

Comment cette chanson "Ta peine" est née ?
D'une conversation que j'ai eue avec Slimane, il y a déjà un moment. La collaboration est née de cette conversation, et aussi de cette volonté d'écrire sur ce qu'on peut faire de la peine des gens qu'on aime. Comment on peut se connecter à quelqu'un qui souffre ? Comment on peut être utile ? C'est l'histoire de cette chanson. "Ta peine" c'est dire à l'autre : "Je suis là, tu peux me la passer cette peine, je sais à quoi ça ressemble cette douleur, je vais la réduire en miettes et je suis là pour toi".

" Aider les autres, c'est ma motivation "
Pourquoi avoir eu envie d'évoquer ce thème-là en particulier ?
En vieillissant, et depuis que je traverse tous ces espaces de transmission depuis de nombreuses années, je réalise à quel point contribuer est infiniment plus nourrissant que quoi que ce soit d'autre, et combien ça peut fonctionner. Ça provient de tout ce que j'ai pu voir et vivre en accompagnant certaines personnes qui viennent à moi par la voix, car je fais beaucoup de masterclass, et en même temps se dévoilent humainement. Car la voix n'est qu'un vecteur de ce que l'on est. "Ta peine" naît de tous ces endroits où j'ai pu me connecter à énormément de gens qui souffraient. Et ça arrive aussi dans nos premiers cercles, d'avoir quelqu'un à côté de nous qui traverse une difficulté. De quelle manière on peut aider ? C'est ma motivation.

Vous avez senti son pouvoir quand vous l'avez créée ?
J'ai senti qu'elle résonnait dans le coeur de beaucoup de gens. J'espère qu'elle touchera le public, c'est toute la volonté de cette chanson et la raison de son existence.

Et comment s'est faite la connexion avec Slimane ?
Je l'ai appelé ! Ça faisait longtemps que je le regardais avec beaucoup d'amour et d'admiration. Je savais qu'on avait quelque chose de commun, des passages communs dans nos vies et qu'on aurait beaucoup à dire si on se mélangeait. Je ne sais pas pourquoi... Parfois, on ne peut pas l'expliquer. C'est comme quand on croise quelqu'un et qu'on a l'impression de le connaître. Je l'ai senti bien avant de lui parler, et c'était juste. On s'est assis, on a co-écrit et co-composé la chanson. On s'est vraiment reconnu sur plein de choses.



Après 30 ans de carrière, est-ce que c'est facile de surprendre encore le public, de se renouveler ?
Je ne l'aborde pas du tout par ce prisme-là. Je ne me demande pas si c'est facile ou pas. Je m'assieds et j'essaie à chaque étape de m'être fidèle et surtout d'être honnête. Après, est-ce que, dans cette démarche, on trouve toujours l'écho de l'autre ? Ça ce n'est pas garanti, on ne le sait pas, et je n'ai pas de prise dessus. C'est un acte de foi de se re-présenter à chaque fois pour raconter quelque chose qui, pour nous, est important et pourrait faire sens pour l'autre. Et ce n'est pas toujours gagné.

" On a tous des parcours un peu cabossés "
Vous pensez à quelqu'un en particulier quand vous chantez cette chanson ?
Je pense plutôt à la personne qui a campé plusieurs fois ce rôle-là dans ma vie. On rencontre plusieurs personnes importantes dans une vie, vous savez... Cette chanson, elle pourrait parler de moi. C'est aussi moi cette personne-là. Elle parle autant de moi que d'un être qui est proche. Le principal de cette chanson, ce n'est pas vraiment de qui je parle, mais plutôt de ce dont elle parle.

Vous chantez : « Du temps j'en ai plus comme avant ». Le temps qui passe, ça vous préoccupe ?
Non, du tout. Le temps a été mon ami. Je pratique un art japonais qui est le kaïsen, c'est "petit pas par petit pas", et ça m'aide beaucoup. Avec cette méthode, on estime que le temps est un allié. Si on veut faire évoluer quelque chose dans notre vie, un tout petit peu à la fois, sans se précipiter et possiblement se vautrer, le temps est un allié. Ça permet de se dire : "Aujourd'hui, j'ai fait quelque chose qui me tient à coeur pendant 20 minutes. C'est que 20 minutes mais je l'ai fait." C'est une autre façon de voir le temps...

Dans les paroles de "Ta peine", vous faites un clin d'oeil à votre chanson "Tout" avec les paroles« Rien n'est fini entre nous, j'ai la force d'un fou ». Qui a eu cette idée ?
(Elle rit) On a tous les deux eu cette idée, on l'a presque dit en même temps. On riait ! C'était bien de sortir des préceptes qui cristallisent la peine à ce moment-là. Si, pour une fois, on se disait que c'est pas perdu d'avance. La force ici, c'est pas une force qui brise tout, c'est plutôt du courage. Ça nous a amusés, c'est un beau clin d'oeil, mais c'est pertinent dans la chanson. Ce n'est pas une figure de style, elle est juste dans le sens.

Un nouvel album arrive en 2024 !
Oui, on est dessus, c'est en cours. J'ai d'autres chansons déjà bien sûr, on a écrit d'autres trucs, mais si on veut dire des choses qui font sens, ça prend du temps.

" Vitaa m'a proposé qu'on travaille ensemble "
Quels sont les sujets que vous souhaitez aborder ?
J'ai encore pas mal de choses à dire sur la transmission, sur ce qu'on peut devenir, sur cette lumière que l'on peut faire le choix de contacter plutôt que l'ombre. Les humains, on est tous hypersensibles, on a tous des parcours un peu cabossés. Tous ! Parfois, on peut ouvrir la porte sur quelque chose de très sombre. Quoi d'autre est possible ? C'est ce que je me dis toujours.

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On retrouvera Slimane sur l'album ?
Oh oui ! L'idée c'est de raconter une histoire ensemble...

Vous allez collaborer avec Vitaa sur le disque ? Car j'ai senti entre vous une belle connexion, que ce soit aux Enfoirés ou sur le magnifique duo "Tu es mon autre" dans "La boîte à secrets"...
On m'en parle beaucoup de ce duo ! Je crois que les gens ont vraiment aimé. Travailler ensemble avec Vitaa, qui sait ? Elle me l'a proposé pour tout vous dire. Ce serait formidable. J'adore cette femme. J'aime son coeur. Elle a un coeur, un fond, extraordinaires. Elle est très douée. C'est fou comme la bonté est douée !

Slimane va faire l'Eurovision. Vous en avez parlé ensemble ? Vous lui avez même peut-être donné quelques conseils, vous qui avez participé au concours en 1988 ?
Non, alors je ne suis pas du tout la fille des conseils. (Rires) Par mon parcours, je préfère être quelqu'un dont on peut s'inspirer. Et puis, l'Eurovision maintenant ce n'est pas l'Eurovision de mon époque. Donc je me garderais bien de lui donner des conseils. Mais je trouve ça extrêmement courageux et surtout extraordinaire de ce que ça représente, que ce garçon représente la France. Ça me bouleverse. Et sa chanson est sublime !

" J'ai fait plein de belles rencontres aux Enfoirés "
Vous avez fait votre retour aux Enfoirés pour le spectacle 2024. Une première depuis 2005 !
Oui, c'était une très belle invitation. J'ai trouvé ça magique de me retrouver dans cette atmosphère, qui a changé mais qui est incroyablement fraternelle et drôle. J'ai adoré l'atmosphère vraiment. J'ai fait plein de belles rencontres, avec Santa, Christophe Willem, Mentissa... Ça a été vraiment un beau moment. Je me suis beaucoup amusée. Etre là pour les autres, ça me parle complètement, c'est l'endroit de ma vie, avec mon parcours, à mon âge. Je ne suis pas là pour me vendre. Je suis là pour être dans la gratitude et continuer de me souvenir pourquoi je fais ce métier.

C'était important pour vous d'être là pour les 35 ans alors que les Restos du Coeur traversent une grave crise ?
Absolument ! Si on peut tous contribuer tous et chacun à notre niveau en mettant une pierre à l'édifice bien sûr.

Vous allez faire une masterclass à la "Star Academy" juste après notre interview. Encore une fois, la transmission ! Pourquoi vous aimez tant transmettre ?
Alors là, je vous jure je n'en sais rien...

C'est de famille ?
Mais non, pas du tout ! Je n'ai pas été élevée par de grands pédagogues. J'ai été élevée par de grands empathiques. Ma mère était une immense empathe. Est-ce qu'on peut vraiment savoir pourquoi ça fonctionne ? J'ai pas de recette. Par contre, je sais qu'en temps réel, à chaque fois, j'écoute. J'écoute énormément, je regarde, j'observe. J'ai qui en face de moi ? De quoi cette personne aurait besoin ? Et surtout, est-ce qu'elle va être d'accord ? C'est toujours une invitation la transmission. Ce n'est jamais un forçage. Il y en a qui n'ont pas envie, qui ne peuvent pas à ce moment-là, et ça se respecte encore plus. Mais ça me nourrit tellement d'être là pour, si l'invitation fonctionne.

Vous seriez parfaite en tant que directrice de la "Star Academy"...
Oui, tout le monde m'en parle !

" Dans "The Voice Kids", j'étais plus la maman "
Ça vous dirait ?
Alors, moi, c'est une posture qui n'est pas la mienne, de distribuer les bons et les mauvais points. Du tout. Je ne crois pas du tout au bien ou au mal, à ce qui est juste ou ce qui est faux, à ce qu'il faut faire ou ne pas faire. Je crois que tout est une expérience. Je me verrais beaucoup plus dans un rôle d'accompagnatrice de façon neutre, ponctuellement. Au Québec, j'étais directrice mais la posture était très très différente. J'étais prof aussi. J'étais la fille qui les accompagnait à chaque mise en danger. Je restais 6-7-8 heures par jour au château avec les gamins. J'étais tout le temps là, dans les cuisines, dans le bureau, avec eux derrière un piano ou une guitare, avec l'autre professeur, avec le pianiste... Si les gamins avaient besoin de moi, on me sonnait et on se parlait. Je n'ai pas tout vu mais je crois qu'ici c'est un peu différent au niveau de l'articulation. Donc moi je préférerais être avec les gamins, pour eux. Je ne crois pas aux bons ou mauvais points. Et puis il n'y a pas de sanction dans la musique...

Dans une précédent interview, vous m'aviez dit que vous vouliez ouvrir une école. C'est toujours d'actualité ?
Oui, toujours. Mais sous forme de masterclass et de façon ponctuelle. Mon idée a fait son chemin. Ce ne sera pas une école fixe, ce serait des endroits ou un endroit. L'important c'est qu'on offre cette idée un peu plus holistique du chant. Mais c'est déjà un peu ce que je fais avec les masterclass que je donne. Je propose quelque chose qui va au-delà du chant. La voix c'est un vecteur, qui amène ailleurs. Un artiste, un chanteur ou un musicien, c'est quelqu'un qui a envie de dire quelque chose, qui a besoin de processer des émotions. Mais une école c'est avant tout un endroit où tu dois pouvoir te déployer en toute liberté, sans quelqu'un qui compte les bons et les mauvais points.

Vous allez être coach dans "The Voice Kids". J'imagine que ça change tout que ce soit des enfants ?
Alors ça, c'est un exercice complètement différent ! La maman en moi a souvent tremblé. Comment tu fais pour dire à ce tout petit qui n'a rien connu encore... Et puis, finalement, ça m'est venu comme ça. Car tu ne peux pas dire à un gamin : "Imagine ce que tu as ressenti lors de ton premier chagrin d'amour". Il a 11 ans ! Comment tu fais pour lui demander de rentrer dans une émotion qu'il ne connaît pas ? Eh bien, tu l'invites à en observer une autre, comme un miroir. Et là c'est direct... Je dois faire une mention spéciale à Slimane. Je n'ai jamais vu quelqu'un qui avait le langage aussi direct et parfait avec un enfant. Il est extraordinaire ! Moi j'étais plus la maman, mais il fallait que la pédagogue se souvienne qu'elle était là aussi pour quelque chose. J'avais tellement à coeur de ne pas blesser. Mais ils sont là parce qu'ils le veulent, si tu savais comment ils le veulent. Et ça, sans mise en scène ! Ils se rendent compte de l'opportunité et ils la savourent vraiment.
Pour en savoir plus, visitez larafabian.com et sa page Facebook officielle.
Ecoutez et/ou téléchargez le dernier album de Lara Fabian sur Purecharts.

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