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vendredi 18 septembre 2015 12:25

Lana Del Rey : "Honeymoon", critique de l'album titre par titre

Par Yohann RUELLE | Journaliste
Branché en permanence sur ses playlists, il sait aussi bien parler du dernier album de Kim Petras que du set de techno underground berlinois qu'il a regardé hier soir sur TikTok. Sa collection de peluches et figurines témoigne de son amour pour les grandes icônes de la pop culture.
Un an à peine après le rock'n'roll et sombre "Ultraviolence", Lana Del Rey part à la reconquête d'un public déboussolé. Plus proche de ses débuts, avec des cordes omniprésentes, "Honeymoon" fait-il mouche ? Verdict, titre par titre.
Crédits photo : Neil Krug

1. Honeymoon


C'est par cette piste torpide et morose, d'une sensualité débordante, que Lana Del Rey donne d'emblée le ton : back to basics. Tourmentée par les aléas de l'amour jusqu'à l'infini, la chanteuse prend le temps d'entrer un pas feutré dans le vif du sujet, préférant une volée de cordes plaintives illustrer le trouble qui lui ronge le coeur. Comme souvent, Lana s'est éprise d'un bad boy qu'elle suivrait sans sourciller sur la route de tous les dangers. « There's nothing to lose now that I've found you » susurre-t-elle sur des éclats de piano et des roulements de caisse claire, alternant timbre grave, écho des profondeurs de son âme, et falsetto vertigineux. Une entrée en matière longue de six minutes, dont la délicatesse hantera pour longtemps nos souvenirs. 5/5


2. Music To Watch Boys To


Entre son « Pink flamingos always fascinated me » et ses « I like you a lot » qui se répercutent en écho, c'est sûr, "Music To Watch Boys To" ne brille pas pour la qualité intrinsèque de son écriture. L'enrobage, lui, se montre d'une cinématographie sidérante et aurait très pu accompagner les « beaux films d'antan » que la belle dit tant aimer. On frissonne surtout lorsque surgissent ces petites touches étonnantes - une flûte discrète, une nuée de synthé - qui font tout le sel de la chanson, sublime mais classique. Un problème qui sera récurrent tout au long de l'album... 3,5/5

3. Terrence Loves You


Un "Blue Jeans" 2.0 ? Presque. Le coeur éternellement brisé, Lana Del Rey se lamente ici d'avoir perdu son compagnon, un musicien dont elle fait subsister le souvenir à travers les chansons qu'il lui a laissé. « J'ai pété les plombs quand je t'ai perdu, et je perds encore le contrôle dès que j'entends tes morceaux » s'épanche la star sur un refrain évanescent, beau à en pleurer. Là encore, Lana prouve sa passion pour le 7ème art en entremêlant ses voix fantomatiques à des vibrations blues et jazzy dignes d'un thriller noir. Il y a du panache et de l'élégance dans ce bijou sur lequel plane l'ombre de David Bowie. « Ground control to Major Tom »... Lana tutoie les étoiles. 4/5

4. God Knows I Tried


Les cigales se mettent à chanter ? C'est un premier avertissement : prenez garde, car la mélodie lancinante de ce morceau westernien assomme comme un soleil de plomb ! Lana a beau multiplier les références aux Eagles ("Tequila sunrise", "Hotel California"...), rien n'y fait. Soporifique à souhait, dénué de fougue, "God Knows I Tried" ne déploie jamais ses ailes et, pire, se crashe même au décollage. Une face B écartée de "Ultraviolence", sûrement. 1,5/5

5. High by the Beach


Lana Del Rey renfile son costume de gangsta lolita, et à ce moment précis de l'album, c'est plutôt bienvenu. La plantureuse diva adopte les codes de la trap music, sur une production bouncy, répétitive mais ultra-efficace, où elle clame son désir d'enlacer comme une vieille amie l'ivresse, seule, sur la plage qui borde sa villa de Malibu. Un havre de paix qu'elle a acheté pour s'éloigner du piège de la célébrité et se ressourcer loin des paparazzi - qu'elle démolit avec un malin plaisir et un bazooka (!) dans son clip. Sa voix, empreinte d'une douce nonchalance et parfois fantomatique, déverse entre les lignes un triste message sur la solitude, Lana se retrouvant incapable de se protéger du monde extérieur. Une franche réussite. 4/5




6. Freak


On reste aux frontières du hip-hop sur ce titre sombre, presque inquiétant, mais ô combien brûlant. « Your halo's full of fire / I'm rising up, rising up / My hot love's full of fire » chante Lana à son amant, dans un souffle. Sous les assauts répétées de ses multiples voix suaves en écho, la fièvre monte peu à peu, intensifiée par des notes grattées à la guitare et des effusions électroniques. Tout est dans la finesse ! On aimerait toutefois apprécié, une fois encore, que la chanteuse sorte de son cocon pour nous surprendre. 3,5/5

7. Art Deco


C'est peut-être un problème d'ordre des titres ou la désagréable impression que Lana ne sait pas faire autre chose que de belles chansons tragiques, mais... On oublie "Art Deco" aussi vite qu'on l'a entendu. Les reflets jazzy qui miroitent par intermittence ne suffisent pas à donner une saveur à ce morceau d'une quelconque banalité. Comme toujours, c'est très mélodieux mais est-ce suffisant ? Non. Le temps semble arrêté durant ces cinq minutes plombantes, et nous coincés dans les ténèbres. Help ! 1,5/5

8. Burnt Norton (Interlude)


Une petite pause pour repartir sur de meilleurs bases ? Pas si sûr. Dans cet interlude, Lana Del Rey récite un poème de l'écrivain américain et prix Nobel de littérature T.S Eliot, l'un de ses auteurs préférés. Un très beau texte où le passé, le présent et le futur ne font qu'un et suggèrent que nous ne pouvons pas réellement changer le cours de l'histoire, ni s'absoudre de nos pêchés.

9. Religion


Si Lana porte encore les stigmates de l'accueil en demi-teinte réservé à "Ultraviolence", elle n'a pas totalement réussi à s'en évader. Le blues-rock lui colle encore à la peau et - vous me pardonnerez l'expression - bon dieu que c'est bon ! Quelques notes grattées sur une guitare sèche, une interprétation sublime et habitée, une dévotion totale et déchirante pour son amour, envers et contre tous... "Religion" est d'une beauté intemporelle, miraculeuse. Même les coeurs les plus endurcis défailliront à chaque « Hallelujah ». 4,5/5

10. Salvatore


Téléportation dans l'Italie des années 40 sur cette ballade pulpeuse fortement imprégnée par le 7ème art. Après une introduction rappelant "Alejandro" de Lady Gaga, Lana Del Rey nous fait languir avec un phrasé langoureux, qui fige le temps et nous suspend à ses lèvres. Arrive alors cette ritournelle folle susurrée en italien, qui s'imprègne dans notre esprit et s'y répète, encore et encore, jusqu'à nous ensorceler. Un refrain absolument terrassant, de ceux qui marquent la naissance d'une icône et cristallisent les interprètes d'exception dans les mémoires. Petit bémol toutefois : l'incompréhensible « soft ice cream » qui ponctue chaque refrain et la chanson. A la limite, pour rester dans le thème, on aurait préféré « stracciatella » ! 5/5

Crédits photo : Neil Krug

11. The Blackest Day


A partir de là, c'est le drame. On tombe dans un cercle sans fin de chansons aseptisées et bien trop convenues, qui font basculer "Honeymoon" dans une lune de miel presque cauchemardesque. Si l'album s'était arrêté à ces dix premiers titres, on aurait pu tenir un chef d'oeuvre. Hélas pour nous comme pour Lana, celle-ci s'est montrée un peu trop gourmande. "The Blackest Day" évoque une rupture et la chute d'un monde pour la diva, qui se console en écoutant en boucle les plus grands standards jazz de Billie Holliday. « It's not easy for me to talk about / A half-life in lost dreams » se lamente-elle. Oups, nous aussi. 2/5

12. 24


"24" possède les mêmes défauts que la piste qui la précède, à savoir tomber dans la caricature d'une âme tourmentée par une relation à sens unique. Perdue dans ses choix, entre l'amour qu'elle porte pour son amant, les mensonges qu'il lui offre en retour et ses envies de vengeance, Lana évite cependant de nous faire plonger dans la somnolence grâce à un dernier tiers exaltant. Un peu juste pour atteindre son but - nous émouvoir. 2,5/5

13. Swan Song


Le duo qu'elle a récemment partagé avec The Weeknd l'a-t-elle inspirée ? Comme le chanteur canadien, la popstar se plaît à murmurer ses tourments sur une production minimaliste, très brumeuse. Lana souhaite ici s'échapper de son quotidien d'artiste pour vivre dans sa bulle avec son bien-aimé. Un petit conseil pour elle : sans aucune prise de risque, sa tentative tombera forcément à l'eau. 1,5/5

14. Don't Let Me Be Misunderstood


Surprise ! Pour conclure sa lune de miel, Lana Del Rey rend hommage à l'une des artistes qui a le plus influencé son univers : Nina Simone. Disons le très simplement, elle aurait mieux fait de s'abstenir si c'était pour s'abimer dans la contemplation d'une idole et d'une chanson culte. A aucun moment, la chanteuse ne parvient à réussir à recréer la magie de "The Other Woman", l'autre reprise de la grande Nina inclue sur "Ultraviolence". On préfère mille fois la version survoltée de Santa Esmeralda ! 1/5

Parsemé de moments de grâce absolue, "Honeymoon" souffre d'une linéarité qui parasite sa force émotionnelle. Lana Del Rey se repose, hélas, un peu trop sur son personnage d'ex-lolita au coeur meurtri et peine à proposer autre chose que des airs déjà entendus. Dommage car elle demeure une artiste unique en son genre, dont la beauté de l'art reste terriblement magnétique.
Retrouvez Lana Del Rey sur son site officiel et sa page Facebook.
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