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Une, puis deux, puis trois. Acclamé pour ses concerts anthologiques et reconnu comme l'un des plus grands performers du circuit, Kanye West a cette année fait l'objet de trois pétitions différentes visant à faire interdire sa venue programmée lors du festival de Glastonbury, celui d'Ottawa Bluesfest et pour la cérémonie de clôture des Jeux panaméricains de Toronto. Le dernier témoignage d'un bashing féroce qui tire ses fondements dans les crises d'égo à répétition du rappeur, qui clame volontiers à qui veut l'entendre qu'il est un génie incompris, mais pas seulement. Passé au crible par le journaliste Micah Singleton, le cas Kanye West serait en réalité symptomatique des troubles agitant la société américaine autour de la question raciale.

Kanye West "effraie" l'Amérique blanche

Selon l'analyse publiée sur le site The Verge et repérée par Les Inrocks, le premier faux pas de Kanye West a été de s'attaquer à Taylor Swift lors du fameux incident qui a agité la cérémonie des MTV Video Music Awards en 2009. Le rappeur, ulcéré que la jeune chanteuse aux boucles blondes ait ravi le trophée du meilleur clip à Beyoncé, avait fait irruption sur scène et interrompu son discours de remerciement. Un comportement grossier qui avait déclenché un ouragan médiatique et même poussé le président Barack Obama à le qualifier de « crétin ». Deuxième raison de toute cette haine ? Son mariage avec Kim Kardashian. « West est ensuite tombé amoureux de la femme blanche la plus détestée de l'Amérique, ce qui n'a fait qu'aggraver la haine déjà palpable dirigée contre eux » estime Micah Singleton. En s'amourachant de la starlette de télé-réalité au ratio talent/réussite le plus consternant du star-system, le natif d'Atlanta aurait instauré une sorte de « malaise racial », renforcé par un « homme noir qui "effraie" l'Amérique blanche » et qui « s'engage dans une relation interraciale avec le plaisir coupable des États-Unis ».

La plus grande rockstar de la planète ?

Parce qu'il est noir, son envie de briser les codes sociaux et sa volonté de sortir des sentiers battus seraient perçues comme anormales. « West ne fait pas ce qu’il est "censé" faire. Il ne remplit pas le contrat social du "tais toi et divertis moi" que la plupart des acteurs, musiciens et athlètes noirs ont tacitement signé ces dernières décennies » jauge le journaliste, qui poursuit : « Il aurait pu rester dans son rang, très loin de tout ce qui met le public mal à l'aise. Au de lieu de quoi, il clame être la plus grande rockstar de la planète (ce qu'il est), malgré la critique injustifiée que lui fait une élite du rock vieillissante ». Dès lors, haïr avec autant de mépris Kanye West jusqu'à créer des pétitions en ligne pour s'opposer à ses concerts serait une forme de racisme déguisée sous un prétexte musical.