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mercredi 16 juin 2021 11:28

Hoshi, fière d'être chanteuse et lesbienne : "C'est une liberté que toutes n'ont pas eue"

Par Yohann RUELLE | Journaliste
Branché en permanence sur ses playlists, il sait aussi bien parler du dernier album de Kim Petras que du set de techno underground berlinois qu'il a regardé hier soir sur TikTok. Sa collection de peluches et figurines témoigne de son amour pour les grandes icônes de la pop culture.
Hoshi est fière ! En couverture du nouveau numéro du magazine Têtu, la chanteuse lance un beau message de tolérance et raconte son parcours, long et éprouvant, pour arriver à assumer ouvertement son homosexualité dans l'espace public : "Ça m’a libérée".
Crédits photo : Abaca
Il y a tout juste un an, Hoshi revenait dans les bacs avec son deuxième album "Sommeil Levant" dont la promotion a, hélas, pâti des aléas de la crise sanitaire qui a fragilisé l'industrie du disque et l'a empêchée de défendre ses chansons sur scène. Mise en arrêt forcé, la chanteuse a fait contre mauvaise fortune bon coeur : elle s'est remise à l'écriture pour plancher sur une réédition intitulée "Etoile flippante", riche de 13 nouveaux titres dont des duos avec Benjamin Biolay ou sa grand-mère Edith. « Je les ai toutes crées pendant le confinement, dans le prolongement de "Sommeil Levant", après sa sortie. Ils n'auraient pas pu constituer un album à part entière. Ce sont vraiment des titres qui manquaient à l'album. Certains sont intimistes, notamment un en guitare-voix et un autre en piano-voix, et d'autres tabassent un peu plus » explique l'interprète de "Et même après je t'aimerai" dans le nouveau numéro du magazine Têtu, dont elle fait la couverture à l'occasion du mois des fiertés.

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"Je tiens à ce que cette histoire serve d'exemple"


Avec sa chanson "Amour censure", la jeune artiste s'est imposée comme une porte-parole de la communauté LGBTQ+ dans la sphère médiatique. Mais ce processus ne fut pas simple à aborder pour Mathilde, de son vrai prénom, confrontée dès l'adolescence à la discrimination après avoir été victime d'agressions à caractère homophobe. « Il a d'abord fallu concevoir le morceau, et ça a été éprouvant. Je savais qu'en sortant cette chanson on allait ensuite me poser des questions. J'ai hésité entre la sortir en ne disant rien, ou bien accepter de raconter toute l'histoire qu'il y avait derrière. Ce que j'ai fait. Forcément ça a été un peu difficile au début mais, en réalité, ça m'a libérée (...) Ce titre a vraiment été ma thérapie » témoigne Hoshi. Pourtant, la sortie du morceau qui vise ouvertement la Manif pour tous a eu de lourdes conséquences pour la musicienne. Après avoir échangé un baiser lesbien avec une danseuse lors de son apparition aux Victoires de la Musique, la chanteuse s'est retrouvée entrainée dans une campagne de haine et de harcèlement sur les réseaux sociaux. Aujourd'hui, elle « reçoit encore » des menaces de mort. « C'est dur pour moi, mais ça l'est aussi pour mon entourage. Ma mère peut faire une crise d'angoisse dès qu'elle voit quelque chose de négatif à mon propos. Des gens ont également tenté de la trouver. C'est parti très loin » révèle-t-elle, épuisée mais déterminée.

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Car Hoshi ne compte pas se laisser réduire au silence. Elle a saisi la justice pour confronter ses oppresseurs. « Depuis que j'ai porté plainte, j'ai l'impression que ça les a calmés. L'enquête est toujours en cours, et il va y avoir un procès. Je ne veux pas lâcher, parce que je tiens à ce que cette histoire serve d'exemple » assure-t-elle, mesurant le chemin qu'il a fallu qu'elle parcourt pour affirmer haut et fort son identité : « Prendre une guitare et chanter devant des gens, c'était un enfer pour moi. Alors assumer ouvertement qui j'étais, ce n'était même pas envisageable à l'époque ». Son premier émoi, Hoshi dit l'avoir eu avec... Indochine. « [C'était] quand j'ai acheté l'album "Paradize" [sorti en 2002, ndlr]. Je devais avoir 8 ans, j'étais petite. La pochette, c'était une meuf à poil. Je me disais que ça avait l'air cool. J'ai beaucoup écouté la chanson "Marilyn", qui parle un peu de cette recherche identitaire. J'avais l'impression que ça abordait les questions que je me posais, et ça m'a permis de relativiser. La visibilité n'était pas celle que l'on a aujourd'hui » analyse avec le recul Hoshi.

"Il y a 15 ans, on n'avait de représentantes"


La chanteuse se félicite d'ailleurs de faire partie, avec Angèle, Pomme ou Suzane, d'une mouvance où des femmes ouvertement lesbiennes rencontrent un succès grand public. « Il y a 15 ans, on n'avait de représentantes. Nous sommes donc ces enfants qui ont grandi et qui ont manqué de ça. Aujourd'hui, on se permet de faire les choses parce qu'on sait que c'est devenu possible. Pouvoir être lesbiennes et faire de la musique, c'est une liberté que toutes n'ont pas eue avant nous. On rattrape le temps perdu (...) On ne se parle pas tous les jours mais on sait qu'on sera toutes présentes s'il arrive quelque chose à l'une d'entre nous. Il y a une vraie solidarité » confirme l'auteure de "Marche ou rêve", qui a peu à peu pris conscience de la voix qu'elle pouvait porter.



"J'ai envie de défendre ce que je suis"


Dans les pages de Têtu, Hoshi milite d'ailleurs en faveur de la PMA pour toutes et dit regretter sur le sujet soit « passé à la trappe » malgré les promesses du gouvernement. « Le pire, c'est que la Manif pour tous continue ses actions, et que l'État le tolère. Le sentiment d'oppression que suscitent ces personnes est toujours là » regrette l'artiste, qui préfère envoyer des signaux positifs à une jeunesse qui se cherche peut-être : « Faire de la musique et défendre ces causes vont ensemble. Derrière nos personnages, nous sommes des êtres humains. En tant que femme lesbienne en France, j'ai aussi envie de défendre ce que je suis au-delà de ma musique. Et si ça peut aider des jeunes à aller mieux, je le fais avec d'autant plus de plaisir ».

Parmi ses combats ? Celui pour la défense de l'environnement, qu'elle évoque dans sa chanson "Enfants du danger". « Il faut se rappeler qu'on vit sur la Terre. Pour moi, en prendre soin n'est même plus un engagement : c'est une obligation. ça passe par des gestes quotidiens, de la vigilance lorsqu'on fait nos courses… Il ne faut plus penser qu'à sa poire, et les gens commencent à ouvrir les yeux là-dessus » se félicite-t-elle. Avant de préciser : « Notre mobilisation se fait à petite échelle. C'est à l'État et aux personnes haut placées d'agir et de prendre le relais ».
Retrouvez l'actualité de Hoshi sur sa page Facebook officielle.
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