Crédits photo : Pochette du single "Complexity"
Il est à peu près 21h30 hier soir au Bataclan, à Paris, lorsque quatre assaillants présumés font irruption dans la salle du Bataclan. Présent sur scène depuis une petite demie-heure, le groupe Eagles of Death Metal chauffe le public à blanc avec l'un des titres-phare de son premier album "Peace, Love, Death Metal" (2004) : "Kiss The Devil", un nom tristement provisoire. En quelques secondes, c'est un carnage. Armés de kalachnikovs, les terroristes tirent à l'aveugle sur la foule. Ceux qui réussissent à s'enfuir dans la panique, par un velux à l'étage ou les coulisses, laissent derrière eux des dizaines de cadavres et de personnes prises en otages. L'assaut des forces de l'ordre sera donné trois heures plus tard. Le bilan est extrêmement lourd : au moins 82 morts sont à déplorer.

Les membres de Eagles of Death Metal, eux, sont miraculeusement rescapés. Vers minuit, un message est publié sur la page Facebook officielle du groupe américain. « Nous sommes toujours en train de chercher à savoir où est notre groupe et notre équipe et s'ils sont en sécurité » peut-on y lire. Une heure plus tard, c'est le soulagement. « Tout le monde sur scène a pu s'échapper » indique l'épouse du batteur, Julian Dorio, qui a réussi à joindre son mari au téléphone. Spontanément, sur les réseaux sociaux, une phrase revient : « Peace, Love and Death Metal ».

Josh Homme, l'homme providentiel

Comme le rappelle Le Monde, l'expression souligne le paradoxe que cultive la bande, formée en 1998 à Palm Desert par Jesse Hughes et Josh Homme. Ce dernier fait figure de légende parmi le monde du rock : le producteur californien, aux crédits du dernier album d'Arctic Monkeys ("AM"), est le leader de Queens of the Stone Age. La musique de Eagles of Death Metal ? Il la décrit comme « une combinaison de bluegrass avec une batterie puissante et une voix à la Canned Heat ». Contrairement à ce que laisse supposer son nom, trouvée lors d'une soirée arrosée, le groupe ne s'illustre pas dans le metal option sataniste mais distille un son garage rock imprégné de l'esprit hippie. Comprendre que les guitares hurlantes et saturées s'entrechoquent à des mélodies flirtant avec le psychédélisme.

D'abord confiné au milieu underground, en partie grâce au succès planétaire de Queens of the Stone Age, Eagles of Death Metal accroît peu à peu sa popularité grâce au second degré qui imprègne son univers et surtout des albums ravageurs. Acclamés par la critique, ils convient d'illustres musiciens comme l'acteur/rockeur Jack Black ou Dave Grohl, l'ex-batteur de Nirvana et le frontman des Foo Fighters. Josh Homme, qui ne participe pas à toutes les tournées du groupe en raison de ses multiples activités, était absent hier soir au Bataclan, où les 1.500 billets mis en vente s'étaient arrachés. Mais le musicien de 42 ans a mis la main à la patte sur les quatre opus d'Eagles of Death Metal dont le dernier, "Zipper Down", est paru le 2 octobre dernier. Le survolté "Complexity" en est le premier extrait.

Écoutez "Complexity" des Eagles of Death Metal :