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mercredi 24 juin 2015 17:08

"Daft Punk Unchained" : L'histoire secrète du duo casqué racontée dans un documentaire

Par Yohann RUELLE | Journaliste
Attention, événement ! Ce soir, Canal+ diffuse "Daft Punk Unchained", le premier documentaire consacré au duo casqué le plus célèbre de la planète. Entre archives inédites et interviews de proches collaborateurs (Pharrell Williams, Giorgio Moroder), le film de Hervé Martin-Delpierre retrace l'irrésistible ascension de deux passionnés avant tout.
Crédits photo : Affiche du documentaire
Qui sont vraiment les Daft Punk ? Voici la vaste question fil-rouge à laquelle tente de répondre, d'une manière assez classique mais passionnante, le documentaire écrit et réalisé par Hervé Martin-Delpierre - diffusé ce soir sur Canal+. Principal obstacle : l'absence des deux protagonistes principaux ! Murés dans un silence médiatique, Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo n'ont plus donné d'interviews télévisées depuis 2006, où ils apparaissaient... de dos. C'est donc par l'intermédiaire d'images rares et de témoignages précieux de collaborateurs que le documentaire, d'une durée de 1h25, s'attarde à raconter le parcours de ces deux passionnés qui n'ont jamais transigé sur leur liberté artistique, et ce dès leurs balbutiements.

Regardez la bande-annonce du documentaire "Daft Punk Unchained" :



La claque, avant la claque


Puisqu'il s'agit de retracer la carrière du duo casqué sur plus de 20 ans, le documentaire adopte un schéma chronologique ponctué de bonds dans le présent, chaque fois qu'un nouvel intervenant prend la parole. Longtemps avant la cérémonie des Grammy Awards qui a couronné leur album "Random Access Memories" en 2014, on retrouve donc les deux acolytes sous forme humaine, sans leurs iconiques casques de robots, lors d'une rave donnée en 1992 sur le toit du Centre Pompidou. Thomas et Guy-Man, qui se sont rencontrés au lycée Carnot à Paris, n'ont guère plus de 17 ans à l'époque mais sont déjà possédés par le démon de la musique. Avec Laurent Brancowitz, futur guitariste du groupe Phoenix, ils forment le groupe funk Darlin'. Un échec cuisant : un magazine anglais publie une critique assassine de leur premier morceau, qualifié de "punk idiot". Le trio se dissout, perd une tête mais récolte, sans le savoir, d'un nom qui marquera au fer rouge l'histoire de la musique.

A renfort d'archives sonores et visuelles, dont un entretien riche en anecdotes accordé à Radio Nova par Thomas Bangalter lui-même, on effleure la personnalité fantasque du duo, qui découvre le pouvoir de la techno sur les foules et ne jure, très tôt, que par les machines. « Thomas lisait le mode d'emploi de toutes ses consoles une fois par mois » raconte Pedro Winter, manager du duo à partir de 1996. S'étant fait un nom dans le monde underground, Daft Punk brise les codes de l'industrie et signe, sous les conseils avisés de Daniel Bangalter, le père de Thomas et producteur influent des années 70, un contrat avec Virgin qui ne porte non pas sur la publication de quatre ou cinq albums mais sur l'exploitation du catalogue de titres. De cette façon, le groupe conserve la main mise sur ses créations et peut, dès lors, élaborer dans une chambre de Montmartre son premier album "Homework" (1997). « S'il y a un truc que Thomas déteste, c'est perdre le contrôle » ajoute le patron du label Ed Banger. En deux mois, le disque s'arrachera à deux millions d'exemplaires dans 35 pays et accouchera de deux clips emblématiques de la culture MTV : "Da Funk" et "Around The World", signés Spike Jonze et Michel Gondry.

Souvenez-vous du clip "Da Funk" de Daft Punk :



Robot rock


A partir de là, Daft Punk goûte à un succès mondial, enchaîne les couvertures de magazines... mais se refuse à jouir de sa célébrité. Jeunes et fougueux, les deux Français se présentent en interview pour NME avec des masques achetés dans un magasin de farces et attrapes cinq minutes plus tôt. Une anecdote parmi tant d'autres ? « Une fois à New York, on devait aller déjeuner avec les équipes de Virgin. On descend de l'hôtel et là, ils se rendent compte qu'une limousine nous attend. Ils étaient furieux. Ils se sont barrés en courant, m'ont laissé en plan avec ces types en costard et ont rejoint le restau... en métro » se souvient Pedro Winter. Daft Punk, qui commence à plancher sur un deuxième album, refuse de se caricaturer. Avec l'envie de créer une oeuvre intemporelle, le duo investit tout son argent personnel dans "Interstella 5555", le film d'animation japonais de Kazuhisa Takenouchi qui illustrera chacune des pistes de "Discovery" (2001). Un coup de maître, doublé d'un formidable coup marketing : la transformation du tandem en robots.

Selon le mythe, c'est l'approche du bug de l'an 2000 qui aurait transformé Daft Punk en humanoïdes de métal. Les casques créés à Hollywood par le designer Tony Gardner, spécialiste des effets spéciaux, s’imprègnent dans l'esprit collectif : la légende est née. « Bizarrement, l'invention des robots, c'est ce qui leur a permis de rester humains, de rester complètement libres. C'est à ce prix-là qu'ils on acheté leur liberté, en envoyant les robots faire le sale boulot pour eux », analyse dans le documentaire le rédacteur en chef des Inrocks, Jean-Daniel Beauvallet.

Prise de risques


Effeuillé à travers les témoignages de Pharrell Williams, Todd Edwards ou Kanye West, Daft Punk révèle le secret de sa réussite : sa volonté de défendre coûte que coûte sa vision de sa musique. « Pas par narcissisme mais pour poursuivre ses rêves », estime Hervé Martin-Delpierre, le réalisateur. C'est ainsi que le duo accouche en 15 jours de son troisième disque "Human After All", qui renoue avec l'énergie brute de ses débuts, quitte à déstabiliser le grand public encore bercé par "One More Time". Les critiques sont mollement convaincus, les fans déçus. On dit le groupe sur la pente descendante, « presque ringard » dit le film... Daft Punk remet les pendules à l'heure avec l'un des plus beaux coups de sa carrière : son apparition pharaonique en 2006 au festival Coachella, avec une pyramide de diodes et trois albums remixés (le futur "Alive 2007") qui décollent la rétine et les tympans de 40 000 fans hystériques.

Regardez un extrait de "Alive 2007" :



Par souci d'être en évolution constante, le groupe se met en danger en s'accoquinant alors avec Disney pour la bande originale de "Tron : L'Héritage" (2010). Pour la première fois, le groupe se met son talent au service d'un autre et se prive, consciemment, de sa liberté totale de création. L'expérience, riche en apprentissages, donne aux deux comparses la confiance nécessaire qui leur faisait encore défaut, malgré leur statut de superstars. Daft Punk entame son rêve ultime : rendre hommage aux glorieuses années disco-funk des années 70, à la house music de Chicago, en réunissant des légendes vivantes comme Giorgio Moroder, le père du synthétiseur, et Nile Rodgers, guitariste du groupe mythique Chic. Fini le travail de composition à la maison ! Le groupe s'enferme en studio (une première) et prend à contre-courant l'ère du numérique en réhabilitant le son de vrais instruments. Naît ainsi "Random Access Memories" qui, porté par le tube planétaire "Get Lucky", raflera cinq Grammy Awards.

Cette success-story, c'est donc ça le vrai conte du documentaire. De par son approche neutre et sans voix-off, "Daft Punk Unchained" ne permet pas de découvrir en profondeur qui sont Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo. On ne sait rien de leurs angoisses, d'hommes, d'artistes, ou de leur complicité. Il délivre néanmoins un regard passionnant sur la folle épopée de deux jeunes férus de musique prêts à tout, et à tout perdre, pour exprimer leur art. A ne surtout pas louper !
> Retrouvez Daft Punk sur son site internet officiel ou sa page Facebook.
Écoutez/téléchargez la discographie de Daft Punk sur Pure Charts !

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