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samedi 09 avril 2022 11:30

Christophe Willem en interview : "Il y a une ultra-violence quand tu es exposé"

Par Julien GONCALVES | Rédacteur en chef
Enfant des années 80 et ex-collectionneur de CD 2 titres, il se passionne très tôt pour la musique, notamment la pop anglaise et la chanson française dont il est devenu un expert.
Christophe Willem revient dans la lumière avec son nouveau single "PS : Je t'aime". En interview pour Pure Charts, le chanteur se confie sur son retour, sa remise en question et son envie de livrer son histoire, l'exposition soudaine après "Nouvelle Star", l'échec de son dernier disque et le blocage qui a suivi, sa collaboration avec Slimane et évidemment son prochain album, attendu à la rentrée. Rencontre avec un artiste bien dans ses baskets.
Crédits photo : Pierre & Florent
Propos recueillis par Julien Gonçalves.

Dans quel état d'esprit est-tu, alors que tu reviens avec "PS : Je t'aime" ?
Écoute, je suis impatient. Ça fait pas mal de temps que je travaille sur cet album. Ça va faire presque deux ans que je vis avec le titre "PS : Je t'aime" par exemple, donc je suis content que ça sorte. Les premiers retours des médias sont plutôt chaleureux et enthousiastes donc ça fait plaisir, vraiment.

« Il y avait une unanimité autour de "PS : Je t'aime" »
Quand on vit avec une chanson depuis deux ans, on a encore l'excitation de la défendre ?
Ah oui ! Après, l'album a beaucoup bougé depuis deux ans... Pendant toute la phase de travail sur la musique, j'ai écouté régulièrement, mais quand on est entré dans la phase axée sur l'image etc, là je l'ai vraiment mis de côté pour avoir une écoute plus fraîche ensuite, et ne pas me lasser. Quand tu travailles depuis longtemps sur un album, il y a des choses que tu n'entends plus ou que tu n'entends plus de la même manière, et tu le redécouvres quand les gens commencent à l'écouter. Donc c'est plutôt excitant !

"PS : Je t'aime" s'est imposé tout de suite en premier single ?
Oui. En fait il y avait trois options de single, ce qui est là aussi très excitant. (Sourire) La question qu'on s'est posée c'est : "Qu'est-ce qu'on a envie de dire en premier sur un album qui est un peu différent ?". On se demandait : "Est-ce qu'on veut prendre les gens par la main par rapport à ce qu'ils connaissent de moi, avant de les amener ensuite vers quelque chose de différent ?", et c'est qu'on a choisi avec "PS : Je t'aime". Sinon on aurait commencé cette ère avec quelque chose de différent tout de suite. Dès les toutes premières discussions, il y avait une unanimité autour de "PS : Je t'aime", donc on est parti sur celui-là.

Le single est écrit et composé par Slimane. Comment s'est faite la connexion ?
On s'est vu aux Enfoirés. Un jour, on discutait Amel, Slimane et moi de ce qu'on faisait en ce moment et je leur expliquais que je rencontrais pas mal d'équipes différentes pour mon album. Slimane m'a dit que ça lui ferait plaisir qu'on bosse ensemble. Quelques semaines après, on s'est retrouvé à Paris en studio avec l'équipe avec laquelle il travaille, et ce titre a vu le jour de manière assez spontanée. C'était assez évident.

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« J'ai eu une grosse remise en question de mon métier »
Tu lui as parlé de quoi pour que le texte naisse ?
Quand je suis arrivé en studio, il m'a demandé ce que je voulais faire, ce que j'avais déjà essayé pour le disque, pourquoi je n'avais pas gardé certaines choses... On a fait un état des lieux en fait, car j'avais déjà bien avancé. Et beaucoup de choses ont évolué après "PS : Je t'aime", j'ai retravaillé avec d'autres gens, ça a été un moment un peu charnière. On était en pleine pandémie, j'avais une grosse remise en question de notre métier, j'avais l'impression que c'était très superficiel. Mais, en même temps, j'ai un lien très fort avec les gens qui m'ont suivi, on a une histoire, c'est particulier. Et il m'a dit que ce serait dément de dire simplement "PS : Je t'aime" au public, à ceux qui, au fil du temps, dans mes choix de carrière, ne m'ont pas suivi, aux autres qui vont me retrouver. C'est comme une histoire d'amour. Il voulait que je sois cash !

Ça a été facile pour toi ?
Au début, je n'étais pas du tout à l'aise avec ça. C'est quand même super direct ! (Rires) Il m'a dit que ce serait vraiment bien de le faire. Donc c'est parti de là...

Je l'avais d'abord vue comme une chanson de rupture, puis après comme une chanson que tu t'adresses à toi-même...
C'est ça qui est intéressant. Elle a plein de lectures cette chanson. Et c'est là où il est très fort Slimane ! Quand j'ai fait écouter le titre autour de moi, des gens ont pris ça comme une chanson d'amour toute simple, d'autres ont compris que je m'adressais au public quand je dis "pourquoi tu changes de chaîne ?". Et d'autres étaient touchés que je me dise ça à moi-même, que j'arrive enfin à m'aimer aujourd'hui. Mais je crois qu'il y a un peu de tout ça en réalité !

« Est-ce que le succès je l'ai mérité ? »
Oui car tu parlais d'amour propre dans le teaser avant ton retour...
C'est vrai qu'il y a un peu de ça. Ça pourrait très bien être moi qui dis ça à une autre version de moi-même, en étant passé à autre chose, que ça ne change rien de ce que j'ai vécu, mais que maintenant on va vivre d'autres choses. Quand je dis "Est-ce que je l'ai mérité ?", je parle aussi du succès par rapport au public. Au premier degré, est-ce que le succès je l'ai mérité ? J'en sais rien !

Le clip de "PS : Je t'aime" fait d'emblée un clin d'oeil à "Double Je".
Ah, elle est géniale l'actrice, Silvie ! Au fur et à mesure qu'on faisait écouter l'album aux équipes, on me disait que "PS : Je t'aime" rappelait "Double Je", comme une suite, alors que ce n'était pas du tout l'idée de départ. J'étais surpris mais je me disais que c'était intéressant. Les réalisateurs du clip, Pierre & Florent, ont écouté le titre et l'album, et m'ont dit que c'était comme si je retrouvais le grand public là où je l'avais laissé. Parce qu'il y a le public fan qui m'a suivi dans mon évolution avec les albums, mais dans l'inconscient des gens, pour le grand public, je suis rattaché à "Double Je" et aussi à "Jacques a dit". J'ai eu l'idée de démarrer le clip avec la même PSY en lui disant que j'arrête les séances, pour dire que j'ai envie d'aller de l'avant et de m'aventurer dans des choses différentes. On a appelé Silvie, elle a dit oui tout de suite, et on s'est éclatés sur le tournage !




« Dans mon enfance, j'ai eu des épisodes compliqués »
Il y a aussi ta famille à la fin du clip...
Je vais t'expliquer pourquoi... Cet album de manière globale c'est l'album où les deux parties de moi s'unissent. J'ai fait "Nouvelle Star" en 2006 où je suis passé d'inconnu à connu d'un coup, et je n'ai pas eu le temps de prendre conscience de ce qu'il se passait. Très vite, j'ai bâti un certain nombre de protections pour ne pas être atteignable, car il y a une ultra-violence quand tu es exposé. Dans mon enfance, j'ai eu des épisodes compliqués donc pour moi "exposition" voulait dire "être la cible". Au fur et à mesure du temps, c'est le constat que j'ai fait entre ces deux albums, j'ai beaucoup fait les choses par esthétisme mais en me dévoilant de moins en moins, en restant en surface. Et puis on est dans une société de plus en plus violente donc, pour moi, chaque centimètre d'intime qu'on laisse passer c'était de la vulnérabilité supplémentaire.

Quel a été le déclic ?
J'étais parti sur une autre idée d'album, et là le confinement arrive... En réécoutant les bouts de titres que j'avais fait, je trouvais que c'était très superficiel. Je me disais : "Mais pourquoi je vais aller dire ça ?". Je trouvais que n'importe qui pouvait chanter ça. Je trouvais ça bateau, cliché. Petit à petit, l'album s'est finalement construit sur les textes, contrairement à tous les autres qui se sont toujours construits sur la musique en premier. Là, je voulais que les textes me parlent, qu'ils aient un sens précis. C'est comme ça que les deux parties de moi se sont réunifiées.

« Ce qui me relie aux gens, c'est les blessures »
Et donc c'est pour ça que tu tenais à avoir ta famille dans le clip ?
En écoutant l'album, les réalisateurs Pierre & Florent m'ont dit : "C'est marrant, quand on te connaît dans la vie, tu es beaucoup plus cash, plus rock que ce qu'on peut voir de toi quand on ne te connaît pas". Ils étaient très surpris. Ensuite, ils m'ont dit : "Sur l'album, tu chantes plus grave, c'est plus direct ce que tu dis. On trouve qu'il y a beaucoup moins de différences entre ce que tu es et ce que tu chantes". Ça a attisé ma curiosité. Leur idée de clip c'était donc de partir de la psychanalyse que j'arrête, et qu'ensuite tout se mélange entre ce qui est hors champ et devant la caméra. Donc je peux passer d'une soirée avec des amis, qui sont des figurants, que je ne connais pas du tout, et ce dîner avec ma famille à la fin. Tout ce qui constitue un artiste est forcément le mélange de ce qu'il vit dans la vie et ce qu'il vit à travers les caméras et le prisme de son métier. Et, quand tu écouteras l'album, tu verras, ça prend un sens différent. Cette frontière entre ce qui est public et plus intime est plus mince qu'avant.

Comment tu expliques que tu as eu besoin de te livrer beaucoup plus, maintenant ?
Cette période de confinement, de pandémie, elle a été violente pour tout le monde. En tant qu'artiste, ça a été très violent aussi. D'un coup, on te dit que ce que tu fais n'est pas utile, ni essentiel. Donc je me suis dit : "Mais sur quoi repose ma vie ?". J'étais devant un constat où, quand tout s'arrête, que je ne suis plus devant un journaliste, une caméra, sur une scène ou en train d'échanger avec le public... Qu'est-ce qu'il reste de moi ? L'envie pour moi c'était d'aller dans quelque chose de plus brut, moins dans une posture de défense qui te met dans la posture du chanteur. C'est nul ! Aujourd'hui, ce qui me relie aux gens c'est les blessures, les failles. C'est ça qui nous rend humains. Notre part d'humanité s'est aussi révélée pendant cette période-là, j'étais naïf je pensais que le monde d'après serait meilleur. Bon, malheureusement c'est pire ! (Rires) Mais pour beaucoup de gens il y a eu des prises de conscience. J'ai eu besoin de me connecter réellement aux gens. Tu ne peux te connecter à l'intime des gens que si tu donnes une partie de ton intimité à toi.




« L'échec de "Rio" a été très violent »
Dans le teaser, tu dis d'ailleurs que tu as eu envie de raconter ton histoire.
C'est pas chronologique mais oui il y a des sujets, quand je parle de l'adolescence, de l'enfance, du regard des autres. C'est vrai que quand tu ne t'aimes pas, quand toute ta jeunesse tu as longé les murs pour ne pas te faire remarquer et que tu te retrouves connu d'un seul coup et que tu es aimé, tu es convaincu que tu t'aimes toi-même. Alors que ce n'est pas si simple que ça... Aussi, l'album "Rio" a été compliqué pour moi. C'est un album que j'adore, que j'ai porté à bout de bras, j'y ai mis beaucoup de moi. Et que cet album ne soit pas compris ou ne remporte pas d'adhésion, ça a été très violent. Je l'ai vraiment vécu comme un rejet. Finalement, cette sensation-là, conjuguée au confinement, a été très bénéfique dans ma perception des choses. Il y a une chanson sur l'album qui s'appelle "Dans le regard de l'autre", où je dis que j'étais dans un mode automatique. Et, à un moment donné, tu te réveilles et quand tu regardes l'autre dans les yeux, tu te rends compte qu'il y a plus de choses qui nous relient que tu l'imaginais. Il y a un tas de sujets plus profonds et plus intimes, très directs.

Tu écriras sur l'album ?
Pas du tout ! C'était un choix aussi...

C'est surprenant de faire un album intime et de ne pas écrire dessus...
Je n'ai ni écrit ni composé sur l'album. J'ai fait toute la production exécutive, donc tout le travail d'aller chercher les artistes, les auteurs, passer du temps avec eux, retravailler des textes... Un peu comme sur le premier album où j'avais écrit deux titres seulement, mais c'est moi qui avais été chercher les équipes, comme Zazie, Bertrand Burgalat... Là c'est un peu la même chose pour pas mal de raisons. La première, et je te le dis très honnêtement, c'est que j'ai tellement été atteint par l'album "Rio" que me relivrer à 100% c'était impossible. Ça a été tellement violent. Je l'ai pris comme : "Tout ce qui sort de moi ne peut pas créer d'adhésion". Donc je ne voulais plus écrire ni composer. Et pourtant, j'étais très impliqué sur les textes, même certains auteurs me disaient d'écrire la suite, mais non je refusais.

« Zazie ne sera pas sur l'album »
Avec qui as-tu travaillé sur l'album ?
C'est varié ! Il y a quelques filles mais il y a beaucoup d'auteurs masculins, contrairement à ce que j'ai toujours fait dans le passé, donc il y a une sensibilité plus masculine dans l'album. Ce qui fait que les sujets sont plus clash. Il n'y a pas cette douceur qui enrobe un truc lourd. Là, le truc lourd est balancé de manière très directe. Ça m'a sorti de ma zone de confort, et donc tu ne peux plus être en mode automatique car tu n'as plus les mêmes repères, et c'est ça qui est excitant. Par exemple, je co-écrivais au début et je me suis rendu compte que j'avais tendance à édulcorer le truc. Et ce n'était pas du tout l'idée, d'atténuer ce que les auteurs écrivaient de manière directe. Bizarrement, tout mon entourage est convaincu que c'est moi qui ai écrit beaucoup de titres sur l'album. En tout cas, je peux te dire qu'il y a deux titres faits par Mark Daumail de Cocoon. Ça rappelle un peu le grand écart qu'il y avait sur "Inventaire".

Zazie sera présente sur l'album ?
Pas du tout ! Un autre truc que je peux te dire, c'est qu'il n'y a aucune équipe avec qui j'ai déjà travaillé dans le passé. Ce qui souligne bien que j'étais dans un truc de totalement nouveau.
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Ecoutez et/ou téléchargez l'album "Rio" de Christophe Willem sur Pure Charts.
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