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lundi 08 mars 2021 13:20

Cerrone interpelle Roselyne Bachelot et dénonce "l'abandon" de la culture dance

Par Yohann RUELLE | Journaliste
Branché en permanence sur ses playlists, il sait aussi bien parler du dernier album de Kim Petras que du set de techno underground berlinois qu'il a regardé hier soir sur TikTok. Sa collection de peluches et figurines témoigne de son amour pour les grandes icônes de la pop culture.
Cerrone met des mots sur la "souffrance" du monde de la nuit. Dans une lettre adressée à la ministre de la Culture, le producteur français dénonce l'abandon de la "dance culture" touchée de plein fouet par la crise sanitaire, alors que les discothèques sont toujours fermées en France.
Crédits photo : Bestimage
Depuis bientôt un an, les portes des discothèques restent closes et les salles de concerts désespérément vides. La crise sanitaire provoquée par l'épidémie de Covid-19 a engendré une crise économique sans précédent pour l'industrie du spectacle vivant au sens large. Le monde de la culture, en détresse, accuse des pertes financières s'élevant à 22,3 milliards d’euros pour 2020 selon les évaluations chiffrées du gouvernement. Et l'année 2021 s'annonce tout aussi désastreuse, même si les festivals d'été pourront se tenir selon un protocole sanitaire strict et en capacité réduite. Alors que des manifestations ont eu lieu place de la République à Paris la semaine passée, Marc Cerrone, illustre producteur français et auteur du mythique "Supernature", adresse une lettre à la ministre de la Culture Roselyne Bachelot pour alerter sur le sort de son secteur. « L'impact de la crise Covid sur la culture est un cataclysme. Comédiens, metteurs en scène, acteurs, plasticiens, musiciens... Chaque jour, un nombre plus grand de voix s'élève » écrit l'artiste de 68 ans, qui veut être le porte-parole d'une voix « que l'on entend pas », à savoir celle des « clubs, discothèques, DJs » et de tous ceux qui forment la « dance culture ».

"Chaque jour apporte son lot de mauvaises nouvelles"


Cerrone s'inquiète de voir que rien ne semble fait pour pousser à la réouverture des établissements nocturnes. « Les clubs sont à la dance culture ce que les salles de concert sont au rock ou à la pop et les théâtres aux arts de la scène : des lieux de rencontre et de partage, où s'exprime une création artistique qui rassemble, au point de faire danser jusqu'au bout de la nuit des centaines voire des milliers d'inconnues les uns avec les autres » souligne-t-il. « Je ne peux décidément pas me taire devant le sentiment d'abandon et le manque de reconnaissance dont souffre ce secteur » poursuit Cerrone, qui tient à braquer les projecteurs sur la condition des DJs « souvent en situation d'emploi précaire, qui se retrouvent aujourd'hui, pour la plupart d'entre eux, sans aucune ressource » : « Ils doivent être aidés, et ce, de toute urgence ». Le producteur de musique craint que les conséquences de la crise sanitaire ne soient irréversibles pour les lieux culturels. « Chaque jour apporte son lot de mauvaises nouvelles, d'annonces de fermetures définitives et de faillites » constate-t-il avec amertume, étrillant au passage le manque de visibilité de la musique électronique aux Victoires de la Musique, déjà dénoncé par The Avener il y a quelques semaines.

"Les clubs ne méritent pas d'être laissés sur le bord"


Pour étayer son propos, Cerrone évoque « l'impact énorme et inédit » provoqué par la séparation de Daft Punk dans « tous les médias du monde », qu'il voit comme le signe du « rayonnement de notre culture ». « On est en droit de se demander pourquoi vous n'accédez pas aux attentes légitimes de ce milieu dont ils sont issus » s'étonne-t-il, lui qui réclame plus de considération : « Ne serait-il pas temps de tendre les bras à ces lieux où s'exprime la dance culture ? ». Et Cerrone de conclure avec une invitation à « les prendre en compte dans la réflexion sur la reprise des activités de spectacle vivant » : « Les clubs, précieuses plateformes de rencontres et de partage, d'expression et de création culturelle, ne méritent pas d'être laissés sur le bord de la route ».





Cette missive de Marc Cerrone rejoint la frustration exprimée par Laurent Garnier, autre figure de la scène électronique française qui avait poussé un coup de gueule contre Roselyne Bachelot en octobre dernier. « Le manque flagrant de considération, l'ignorance émanant de votre ministère envers le secteur de la nuit et des clubs est clairement interprété par beaucoup d'entre nous comme une forme de mépris incompréhensible » avait-il fait savoir avec colère. Samedi soir, la ministre de la Culture a réaffirmé sa volonté de s'engager pour la reprise des activités culturelles lors d'une visite au théâtre parisien de l'Odéon, occupé par des manifestants. « Je comprends les inquiétudes notamment sur les suites de l'année blanche : ils le savent, mon objectif est de poursuivre la protection de l'emploi artistique autant que nécessaire. Nous poursuivrons nos échanges » a indiqué Roselyne Bachelot.

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