Crédits photo : Pochette de l'album Avril Lavigne
Ça fait déjà onze ans qu'Avril Lavigne a débarqué avec son premier single "Complicated". Avec sa cravate, son skateboard et ses mélodies radiophoniques, la jeune ado rebelle est devenue une véritable révélation, enchaînant les tubes pop-rock : "Don't Tell Me", "Girlfriend", "What the Hell"... Mais la chanteuse a montré des signes de faiblesse, commercialement parlant, quand elle a voulu proposer un son plus acoustique, plus authentique, sur son précédent album "Goodbye Lullaby". Après une décennie, Avril Lavigne est tiraillée entre l'envie d'évoluer artistiquement et de maintenir ce lien avec le grand public, friand de ses hits décérébrés. Publier son premier opus éponyme à ce stade de sa carrière n'est donc pas anodin. L'envie d'être en accord avec elle-même ?

Mûrir, la chanteuse l'a déjà fait sur son précédent disque alors pour proposer un compromis, elle a trouvé une parade avec "Avril Lavigne", en préférant regarder en arrière. Elle clame haut et fort à quel point elle veut rester cette ado rebelle sur l’irrésistible single "Here's to Never Growing Up", tout en proposant un son plus pop, fédérateur grâce à ses claquements de mains, co-produit par Martin Johnson, sur un texte qui fait référence à Radiohead. Voilà toute la complexité d'Avril Lavigne, se battant entre son image et l'adulte qu'elle est. Comme pour se justifier et rester dans la course, elle crie ensuite son amour pour le genre qui l'a rendue célèbre sur "Rock N Roll", percutant et léger, l'un des meilleurs titres du projet. Encore et toujours nostalgique de sa jeunesse, Avril retombe en enfance à plusieurs reprises comme sur le single potentiel "17", où elle se remémore un amour d'adolescence et la fougue qui lui a fait faire les 400 coups.

Titres pop ensoleillés, rares prises de risques

Preuve qu'Avril Lavigne a tout de même changé avec le temps, la plupart des pistes uptempo ne sont pas aussi acidulées et percutantes que ses hits passés, préférant proposer des plages lumineuses, comme en témoignent le coup de cœur "Sippin' On Sunshine" ou encore le romantico-acoustique "Bitchin' Summer". C'est d'ailleurs sur cette veine-là que l'artiste excelle véritablement. Il n'y a qu'à écouter la fin de l'album, avec "Hello Heartache" et surtout le touchant "Falling Fast", pépite aérienne, pour s'en rendre compte. On retrouve d'ailleurs l'essence de ses premiers titres sur "You Ain't Seen Nothin' Yet" et "Give Me What You Like", et son univers presque folk, un peu isolés. Mais que les fans se rassurent, Avril Lavigne n'a rien perdu de son piquant.

Sur le reste du disque, co-écrit avec son mari Chad Kroeger, leader du groupe Nickelback, avec qui elle partage la très classique ballade "Let Me Go", Avril Lavigne a voulu se faire plaisir. Son duo énervé "Bad Girl" avec Marilyn Monson, volontairement provocateur, comme en témoigne son rire à la fin du morceau, devrait en étonner plus d'un, tant il dénote sur ce disque essentiellement léger. Même son de cloche pour "Hello Kitty" qui révulse à la première écoute avec ses passages dubstep déstructurés et son ambiance kawai mais s'installe au fil du temps. Deux tentatives risquées, certes bancales, mais qui prouvent qu'Avril Lavigne peut encore étonner.