Crédits photo : DR.
Pour beaucoup, Alizée n'a rien fait depuis "Mademoiselle Juliette", premier extrait de l'album "Psychédélices" (2007). Pire encore, certains se sont sans doute arrêtés à "Mes courants électriques", un album sorti en 2003 qui sonnait la fin de sa collaboration avec Mylène Farmer. Depuis, l'artiste s'est cherchée, sans toujours réussir à se trouver. Entre le rock étourdissant de "Fifty-Sixty" et le son électronique de "Les collines (Never Leave You)" signée Chateau-Marmont pour l'album "Une enfant du siècle" (2010), ce n'est pas le grand-écart mais presque. En 2013, la trentaine approchant, Alizée avait envie de passer à autre chose et d'en dire un peu plus sur elle, sur sa vie de jeune maman. C'est avec cette ligne directrice qu'elle a décidé de travailler sur son cinquième album, sobrement intitulé "5".

C'est le single "A cause de l'automne" qui a annoncé discrètement le retour de l'interprète de "Moi... Lolita" à la fin de l'été dernier. Ambiance sixties et cordes à outrance, la chanteuse avait visiblement envie de changement. Mais "A cause de l'automne" n'est pas le titre qui a retenu le plus notre attention lors de l'écoute de l'album, même s'il conjugue à lui tout seul toutes les influences que l'on retrouve sur les dix autres pistes.

Alizée voulait un album court. "5" comporte onze plages dont deux ballades acoustiques : "Dans mon sac" et "Mon chevalier". La première a été mise en ligne la semaine dernière pour brouiller les pistes. Dommage, car ce guitare/voix n'est pas le titre le plus réussi : « J'ai mis dans mon sac toutes mes promesses et dans mon cœur toutes mes passions ». Un texte qui ne parlera pas à tou(te)s, auquel on préfère celui de "Mon chevalier", signé Thomas Boulard : « Il est si beau et si fragile sous son armure de pluie qui se brise sous mes remarques » dit-elle pour décrire son amoureux en carton. Là, ça fonctionne tout de suite mieux !

Un trait-d'union entre "Une enfant du siècle" et "Psychédélices"

Mais c'est sur les titres uptempo qu'on la préfère, à commencer par "Je veux bien". Beaucoup de cordes, des percussions claquantes et une voix piquante. On se croirait sur ressort ! « Je veux bien pleurer mais c'est de rire / Je veux bien crever mais de désir » se confie l'artiste, qui ne manque pas de pêche pour expliquer qu'elle rêve de croquer la vie à pleine dent. Mais « faut pas le dire » !

Résolument pop, l'album "5" regorge de petites pépites à écouter dans l'instantané, légères, délicieusement produites et interprétées avec douceur. A l'instar de la chanson "Le dernier souffle", très efficace avec ses riffs de guitare percutants sonnant rock'n'roll et une modulation de tonalité sur le pont. "Boxing Club", signé Adrien Gallo (BB Brunes), est également une bonne surprise avec son texte montrant Alizée comme une combattante, sur le ring. Le refrain efficace est même dansant, comme celui de "Happy End" et ses cuivres tambourinants. On apprécie aussi les chœurs gainsbouriens sur les couplets. Avec "Si tu es un homme" (Olivier Volovitch), ajouté à la tracklist au dernier moment, "Happy End" est l'un des titres les plus aboutis.

« Je te donnerai toute ma vie » chante Alizée dans "Si tu es un homme" pour affirmer son envie de s'engager. Très intime, cet album réalisé par Alexandre Azaria (Indochine, Zazie, Christophe Willem...) est celui d'une jeune maman qui assume pleinement ses envies et son appétit de vivre. On regrette le manque de profondeur de certains textes mais la production et les arrangements sonnant vintage prennent le dessus.