Que s’est-il passé pour vous pendant les trois années qui nous séparent de votre deuxième album "All The Lost Souls" ? (Jonathan Hamard, rédacteur)
James Blunt : "All The Lost Souls" est en effet sorti en 2007. Et pendant les deux années qui ont suivi sa parution, j’ai fait une tournée dans le monde entier. C’était vraiment intense. Pendant douze mois, j’ai visité 206 villes. Ce fut un très gros travail. Alors, au bout de deux ans, quand je suis rentré chez moi, à Londres, j’ai été ravi de retrouver ma famille et mes amis. Et pendant un certain temps, j’ai rangé ma guitare et caché mon piano. Mon manager et le label avaient compris que je voulais faire une pause avant de reprendre le chemin des studios. Ensuite, j’ai effectivement recommencé à enregistrer des titres. Et là, l’excitation de tout ce travail est revenue alors que j’entendais mes premières démos.
D’ailleurs, ce temps a été très bénéfique puisque votre nouveau titre "Stay The Night" tranche véritablement avec vos anciennes productions plus sobres et plutôt mélancoliques. Est-il selon vous représentatif de votre nouvel album "Some Kind Of Trouble" ?
Oui, tout à fait. C’est vrai que la chanson "Stay The Night" est très représentative de l’album et annonce parfaitement ce qu’il est. La première fois que vous entendez "Stay The Night", elle vous inspire la joie et le bonheur. Elle parle de l’optimisme qui est essentiel pour aller de l’avant et pour célébrer la vie. La plupart des chansons que j’ai écrites pour "Some Kind Of Trouble" sont dans cette même veine et sont caractérisées par cet optimisme que j’ai souhaité retranscrire sur ce dernier. C’est mon album le plus positif des trois que j’ai fait dans ma carrière.
Contrairement à vos précédents opus, vous donnez à voir une image plus lumineuse de la vie...
Vous savez, beaucoup de choses peuvent rendre une journée plus belle et enthousiasmante. On peut se mettre au milieu d’une pièce et apprécier ce qui nous entoure. Je veux dire par là qu’il faut savoir apprécier les choses les plus simples que la vie vous donne. C’est cette idée que j’ai voulu véhiculer avec "Some Kind Of Trouble". Rien que de voir un sourire peut vous rendre heureux. Pour ma part, c’est d’écrire des chansons qui remplit ma vie.
Je pense effectivement que cet album développe la notion de liberté. Et le bébé est libre de tout électron négatif. Il représente l’inconscience et l’innocence. Pour cet album, je n’ai pas voulu faire comme les précédents où l’on voit mon visage en gros plan. Là, j’ai réellement voulu présenter quelque chose de particulier avec un sens. Et là, cet enfant qui est jeté au dessus d’une foule, il signifie que nous, en tant qu’adulte que nous sommes, nous célébrons la liberté et cette innocence.
Le titre de ce nouvel opus "Some Kind Of Trouble" paraît du coup très énigmatique...
Effectivement, il signifie que nos premières impressions ne sont pas forcément les bonnes. Si l'on se promène dans la capitale un samedi soir par exemple, que l'on rencontre deux hommes, on sera plus tenté de penser qu'ils sont davantage dangereux qu'une femme qui se promène seule. Mais qui nous dit que ce n'est pas de cette femme dont il faut craindre la dangerosité...? Vous voyez, c'est ça "Some Kind Of Trouble".
D'ailleurs, avez-vous travaillé autrement sur cet album autant dans sa conception que dans la production littéraire et musicale ?
Je pense qu’il est complètement différent des deux précédents en termes de production. Avant d’enregistrer les chansons, j’avais besoin de vivre des choses qui me permettent de trouver l’inspiration pour refléter les idées que je voulais intégrer à l’album. Auparavant, j’écrivais mes chansons avant le passage en studios. Cette fois-ci, tout le travail s’est fait simultanément en ce qui concerne l’enregistrement et l’écriture : tout s’est fait dans les studios. Ce sont les principales évolutions marquantes dans ma manière de travailler par rapport à ce que j’ai déjà pu faire avant.
C’est exactement cela. Et pour ce faire, il fallait trouver une manière de travailler qui soit adaptée à cette quête. N’importe qui ou quoi pouvait nous inspirer une émotion mais il fallait savoir cadrer tout cela. Que ce soit un son ou une image, mon quotidien se devait d’être heureux pour éviter de retrouver des sentiments de tristesse dans mes compositions. Et le résultat devait absolument être positif.
Découvrez le nouveau clip de James Blunt, "Stay The Night" :
Avec cette évolution majeure dans votre carrière, n’avez-vous pas quelques appréhensions quant à la réception de cet album par le public ?
Je ne sais pas. Je n’attends rien de particulier. Pour ma part, je suis satisfait du résultat. Je sais que mon entourage, que ce soit mes amis et mon équipe aiment vraiment ce qu’on a produit. Le Label était très excité d’entendre ces nouveaux morceaux où l’on m’entend chanter la vie. Dans l’ensemble, les retours ont pour l’instant été très positifs. Alors, si je devais avoir un seul mot pour répondre à cette question, je dirais que je suis très excité.
Ce n’est pas facile comme question, d’autant que je n’ai pas vraiment beaucoup de souvenirs de ce passé. Tout est allé tellement vite. En revanche, je sais que je suis vraiment chanceux d’en être arrivé là car l’industrie du disque est vraiment très dure pour les artistes ces derniers temps. Je suis fier de cette réussite et content de cette expérience.
D’ailleurs, peu de personnes savent que vous étiez militaire avant d’être chanteur. Comment devient-on un chanteur internationalement reconnu alors qu’on fait partie de l’armée anglaise ?
Je pense que c’est ma carrière militaire qui m’a en fait conduit à devenir musicien. Dans ma première vie, j’ai eu beaucoup d’expériences dans des pays différents. J’ai vu beaucoup de choses et j’ai compris ce que pouvait être la vie. J’ai ressenti beaucoup de sensations et d’émotions qui sont aujourd’hui à la base de mon inspiration artistique. Dans les différentes contrées que j’ai visitées, j’ai pu apercevoir les plus beaux soleils mais aussi les plus grandes ombres. Et puis, ma relation avec mes collègues sont aussi à la base de cette inspiration : toutes nos histoires et notre vécu collectif sont des choses importantes qui restent gravées en moi et qui m’habitent encore, même en studio. Encore récemment, j’ai pu capter des émotions et des sentiments en repensant à mon passé. La musique détecte mes émotions.

Guerres et paix font partie intégrante de vos textes et vous avez participé en 2005 et en 2007 au "Live Nation". Cette année, vous étiez sur la scène du concert "Help For Heroes". Votre ancienne carrière militaire est donc même totalement accordée avec votre carrière musicale je dirais.
Oui, et plus particulièrement de l'un de mes premières chansons : "No Bravery". Je fais référence à la guerre et à mon expérience dans l’armée, notamment avec le clip qui est comme un journal de bord de mes activités dans les pays en proie aux difficultés. J’écris mes chansons en pensant à tout ce qui m’ait arrivé et tout ce que j’ai vu parce que ce sont des choses graves qui me permettent de comprendre le monde dans lequel on vit. C’est aussi pour cela que moi qui parle en connaissance de cause, je me dois de participer à ces concerts qui sont des évènements qui me touchent.
Oui, c’est une réponse au public que de venir à sa rencontre et non le contraire. Je pense que je pourrais effectivement venir à Paris plusieurs fois plutôt que de visiter la France comme on le fait. Mais je préfère partir voir mon public pour communier avec lui, chez lui ou le plus près possible pour que l’on partage véritablement un moment intense. Et puis, je connais bien Paris puisque je suis déjà venu plusieurs fois. Alors je pars véritablement en ce que l’on appelle une « tournée ».
C’est là mon plus grand plaisir.