Crédits photo : Jean-Baptiste Mondino
Vanessa Paradis aime prendre son temps, laissant s'écouler jusqu'à huit ans entre ses différents disques. Entre le précédent, "Divinidylle", et "Love Songs", six ont passé. Six années pendant lesquelles la vie de la chanteuse a changé. A commencer par sa séparation d'avec Johnny Depp, l'avènement de la quarantaine et sa rencontre avec Benjamin Biolay, devenu de fil en aiguille le chef d'orchestre de "Love Songs" après lui avoir présenté « un bouquet de chansons » il y a un peu plus d'un an. Et le résultat est éclatant ! Le tandem Biolay/Paradis fonctionne bien. Après avoir collaboré avec Lenny Kravitz, Serge Gainsbourg et Matthieu Chedid, l'interprète de "Joe le Taxi" s'offre les services de l'un des auteurs-compositeurs les plus en vue. Et pour sceller cette union artistique, il fallait un duo : "Les roses roses". Un titre langoureux qui semble totalement inspiré de leur rencontre.

L'amour décliné par Biolay, Mathieu Boogearts, Carl Barât et Adrien Gallo

Réalisateur, Benjamin Biolay est également auteur-compositeur sur huit morceaux de ce double-album riche de 22 pistes. Vanessa Paradis n'a pas été paresseuse, d'autant que chaque titre raconte une vraie histoire, ou plutôt, décrit une facette du sentiment amoureux. Il y a l'amour torride, comme dans le single "Love Song", l'amour déjà éteint mais toujours vécu dans la chanson "Le rempart" (Mathieu Boogearts), et l'amour nostalgie, lorsqu'on se remémore les bons souvenirs dans un "Rocking-Chair" ou une rencontre "Station Quatre Septembre" (« Même au siècle prochain, j'en parlerai encore »). La chanteuse s'en défendra sans doute, mais on croit retrouver dans certains titres sa vie amoureuse, notamment dans "Le rempart", mais également "Plus d'amour", où « L'amour vit son hiver ».

D'autres artistes ont mis leur talent à profit, comme François Villevieille, qui signe l'excellent "Les espaces et les sentiments". Le refrain est entêtant et la voix plus grave mais toujours douce de Vanessa Paradis contraste avec une envolée sur le refrain, et tape en plein cœur. Carl Barât fait une incursion sur "The Dark, It Comes" et Adrien Gallo (BB Brunes) sur le plus rock'n'roll "Mi amor". Il y en a pour tous les goûts - et c'est ce qui fait la force de cet album, alliant des mélodies suaves, des romances en forme de ballade, à des titres plus rythmés comme "Tu vois, ce que j'vois" pour fredonner un amour dansant : « C'est facile / Au signal / Tu décolles / Dans le ciel ».

Vanessa Paradis regarde dans le rétroviseur pour aller de l'avant

Au menu de "Love Songs", des cordes ("Être celle"), beaucoup de percussions donnant un aspect exotique sur certaines pistes et des guitares, sur "Tu pars comme on revient" par exemple, titre qui résume très bien cet album : « Depuis des ans, j'ai fui ma vie / Et depuis peu j'ai compris / Que chaque erreur avait un prix ». Et puis il y a le piano pour les titres plus profonds, comme "La chanson des vieux cons" dans laquelle Vanessa Paradis évoque le poids des années comme la somme des expériences vécues qui lui permettent d'appréhender l'amour plus sereinement (« C'est une chanson pour les vieux cons, comme moi petite conne d'autrefois »). Et comme l'amour est universel, il se chante dans toutes les langues, en anglais et en italien ("Tu si na cosa grande"). Enfin, l'amour se partage aussi en famille, avec Johnny Depp et sa fille Lily-Rose, crédités sur le titre "New Year", car « tout ce qu'on fait est indélébile »...