Crédits photo : Pochette d'album
Il y a eu un avant et un après dans la carrière de Slimane grâce au succès fou rencontré par "VersuS", son album commun avec Vitaa devenu une machine à tubes écoulée à plus de 900.000 exemplaires. Et à l'écoute des 19 chansons de ce nouvel album solo "Chroniques d'un Cupidon", qui arrive peut-être un peu vite après l'omniprésence médiatique du duo ces dernières années, l'auditeur pourra se rendre compte de l'impact de ce véritable tourbillon, qui peut donner le vertige. Car ça s'entend clairement tout au long de ce disque, dont les thèmes et les mots choisis lui remettent les pieds sur Terre, lui qui évoque ici et là des sujets chers à son coeur, pour mieux retrouver et se reconnecter à son public, sous son nom propre. Le spleen dans la peau et « des pleurs dans la voix », le chanteur ouvre d'ailleurs ses "Chroniques" en s'adressant à ses fans sur "Enfants de la lune", faisant un état des lieux de ses tourments et de son parcours personnel. « Ça y est j'ai des tubes mais j'repars à zéro, prête-moi ta plume pour revenir en solo » lance-t-il, déterminé, sur cette introduction intime et sombre, sous forme de comptine.

Slimane peaufine sa recette

Passant un cap dans ses productions et ses mélodies, plus abouties, plus radiophoniques, parfois plus faciles aussi, comme en témoigne le premier extrait "La recette" - où on espère presque entendre la voix de Vitaa pour couronner le tout, c'est indéniable : Slimane a gagné en envergure après l'épopée "VersuS". Continuant de s'entourer de ses acolytes Yaacov Salah et Meïr Salah, le chanteur revient à l'essentiel, se reconnecte avec ses racines, lui qui se souvient de ses débuts sur le tube pop évident "Chez toi", partagé avec Claudio Capéo, déclare sa flamme à sa petite soeur sur "L'armure", ballade acoustique emprunte de nostalgie, exulte sa douleur auprès de son ex sur le tumultueux et cash "Mise à jour", avant de se livrer, le coeur à découvert, sur "Dans le noir", dédié à sa maman malade. Il lui offre d'ailleurs un autre titre, "La vie est belle", duo fédérateur et aérien avec Soprano. Devenu papa d'une petite fille, nommée Esmeralda, Slimane lui livre sans doute la plus belle chanson de sa carrière avec "Des milliers de je t'aime", point culminant de l'album. Une ballade au piano débordant d'amour, mélange d'apaisement, d'abandon de soi et d'un espoir à toute épreuve, sublimé par une interprétation vibrante, à vous coller des frissons. Une grande chanson française parée pour devenir l'un des succès de l'album cet hiver.

Ecoutez "Des milliers de je t'aime" de Slimane :



Ces chansons personnelles, tout comme le magnifique piano-voix "Toi", "Peurs" ou "Si je m'en allais demain", dans lesquelles Slimane puise l'essence de qui il est pour se livrer sans fard, rappellent à quel point son talent d'auteur, compositeur et interprète est un cadeau pour la chanson française, et qu'il faudra compter sur lui encore longtemps. Au milieu de ces confessions, l'artiste n'a évidemment pas oublié de concocter quelques titres plus légers, fédérateurs, parfois moins authentiques aussi, que les radios pourront diffuser en boucle pour le plus grand plaisir du public, à l'instar des "Amants de la colline", collaboration sulfureuse et moite avec La Zarra (leurs voix se marient à merveille), "Khamsa" ou l'entêtant "Zina" avec la révélation marocaine Manal. Mais la durée de l'album (19 titres !), le fait de s'entourer des mêmes producteurs sur l'intégralité du projet et le schéma classique de certains morceaux pensés pour les playlists lui valent parfois de se mettre en pilotage automatique ("Bye Bye", "Maladie", "Sentimental") et de moins soigner ses paroles (« J'te f'rai pas d'bobo laisse moi dodo / Je n'te ferai pas de sale, toi t'es mon idéal »).