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vendredi 11 juillet 2014 14:50

Sia : critique de l'album "1.000 Forms of Fear", titre par titre

Par Julien GONCALVES | Rédacteur en chef
Enfant des années 80 et ex-collectionneur de CD 2 titres, il se passionne très tôt pour la musique, notamment la pop anglaise et la chanson française dont il est devenu un expert.
Même si Sia publie ici son sixième album, le grand public ne la connaît pas tant que ça. La chanteuse offre alors sur "1.000 Forms of Fear" une nouvelle facette de sa personnalité musicale, plus mainstream, sans aucun doute influencée par ses nombreuses collaborations avec Rihanna ou Beyoncé.
Crédits photo : Pochette de 1000 Forms of Fear

1. Chandelier


"Chandelier" ouvre "1.000 Forms of Fear", en abordant le thème de l'alcoolisme. « 1, 2, 3. 1, 2, 3, drink » chante-t-elle dans son texte entre misérabilisme, auto-destruction et espoir. Ce sujet, Sia ne l'a pas choisi par hasard puisqu'elle se revendique sobre depuis trois ans. C'est donc un titre des plus personnels qu'interprète sur le fil du rasoir l'Australienne, la voix à la fois sombre et nonchalante sur les couplets et éraillée sur les refrains dévastateurs. Une souffrance qui transperce alors l'auditeur, en même temps que la deuxième partie du refrain entraîne avec lui pop et R&B à la Rihanna. Prenant le contre-pied de tous les hymnes sur la fête et l'alcool, "Chandelier" trouve d'emblée le chemin de l'émotion sur une mélodie radiophonique à souhait. 5/5

2. Big Girls Cry


Les premières notes de piano de "Big Girls Cry" donnent tout de suite le ton. Similaire à "Chandelier" dans sa construction, ce titre joue également sur les nuances. Dans la peau d'une âme brisée, notamment par une histoire d'amour douloureuse, Sia ne fait aucun effort d'articulation tout au long de la chanson, sans doute pour souligner la dérive de son personnage. Mais c'est encore une fois sur son refrain que l'interprète fait des étincelles. Le piano s'envole, les choeurs flottent, la batterie apporte ce qu'il faut de violence. « I don't care if I don't look pretty / Big girls cry when their hearts are breaking » lance-t-elle dans un moment de lucidité extrême. Désarmant. 4,5/5

3. Burn the Pages


Un peu de rythme après tant de mélancolie, du moins en apparence. Mais ce n'est pas tant le beat qui intrigue ici mais bel et bien le timbre de Sia d'abord aigu puis une tonalité plus basse, avant que plusieurs voix se superposent. Duo, trio, titre choral ? La chanteuse brouille les pistes sur cette chanson torturée où s'affrontent sa part d'ange et de démon... avant une libération. Sa façon de poser sur les couplets peut dérouter tant le flow est haché. Déstabilisé, l'auditeur se rattrape aux branches sur son refrain agressif et aérien. « Don’t worry don’t worry / I'm here by your side » nous rassure l'artiste, qui apaise le tout sur un final presque religieux. Le résultat est peut-être un peu brouillon mais le charme opère... autant qu'il dérange. 3/5

4. Eye of the Needle


On a l'impression d'avoir déjà entendu cette chanson cent fois de la part de Sia (elle aurait pu être proposée à Rihanna ou d'autres), mais encore une fois sa proposition vocale fait toute la différence. Les couplets se veulent paisibles, les tambours presque militaires s'invitent ensuite avant que sa voix d'écorchée vive et les cordes prennent leur envol. Touchante, "Eye of the Needle" ne possède cependant pas ce petit plus qui pince le coeur et donne des frissons, malgré un texte déchirant. Parce qu'on connaît déjà trop bien la recette ? Sans aucun doute. 3,5/5

5. Hostage


Des guitares pop sur l'album de Sia ? La surprise est belle, tandis que l'on se rappelle qu'elle était parvenue à nous faire danser sur "Clap Your Hands", entre autres, sur son précédent album "We Are Born" (2010). La production est soignée, la légèreté est de mise, les influences rock surgissent sur un refrain radiophonique (qui arrive un peu tôt) et le xylophone amuse sur le pont. On a envie de taper dans les mains, de secouer ses cheveux... En décalage total avec le reste de l'album et peu adapté à la Sia 2014, "Hostage", écrit avec Nick Valensi des Strokes, aurait tout à fait pu être proposé à Pink, tant le style se rapproche de ce qu'elle a déjà fait. Bien, mais pas à sa place sur le projet. 3/5

6. Straight for the Knife


Une nouvelle ballade s'invite sur "1.000 Forms of Fear". Mais Sia tournerait-elle légèrement en rond ? Elle évoque une relation destructrice, avec comme métaphore le feu et l'essence comme sur la prochaine piste "Fire Meet Gasoline", il est question de larmes et de maquillage qui coule, et l'homme fait évidemment pleurer les filles ("Big Girls Cry"). Certes, les histoires d'amour se finissent mal en général, mais un peu plus d'originalité dans le texte - bien écrit ceci dit - aurait été bienvenue. « You went straight for the knife / And I prepared to die » lâche avec douleur Sia sur son refrain. Classique, voire un peu trop. 3,5/5

7. Fair Game


On le sent, Sia veut bousculer un peu ses habitudes pour ne pas nous lasser. Ainsi, elle parle plus qu'elle ne chante sur le rétro "Fair Game", où elle endosse plusieurs rôles. D'abord, la chanteuse s'offre vulnérable face à un homme de pouvoir. Elle, d'habitude femme de poigne (vraiment ?), lui demande de prendre les rennes, de contrôler son coeur, et s'assume en femme objet. Ensuite, l'artiste évoque la violence, la jalousie et l'adultère à base de morsures dans le cou. Le texte est habile, ciselé, inspiré. L'aura de Lana Del Rey plane. Si le titre n'est pas musicalement passionnant, la proposition est intéressante. 3/5

8. Elastic Heart


Dès les premières secondes, "Elastic Heart" se révèle déjà comme le titre le plus dépaysant de "1.000 Forms of Fear". Enregistrée avec Diplo et The Weeknd pour la BO de "Hunger Games", la chanson mêle ambiance world, pop et dubstep. Un sans faute du début à la fin, qui parvient à emprunter aux univers des trois artistes sans en trahir un seul. Subtil et accrocheur, cette piste à tout pour plaire aux fans de Sia, Diplo et The Weeknd, pourtant aux antipodes sur le papier. Le tourbillon vocal qui s'emballe sur la fin du morceau, soutenu par une orchestration bouillonnante, apporte une énergie vertigineuse au tout. Un des meilleurs titres de l'album. 4,5/5

9. Free the Animal


Après un petit passage à vide, Sia a repris des forces. Et ça s'entend sur "Free the Animal", gros single potentiel. Coup de coeur immédiat, il percute dès la première écoute grâce à sa batterie clinquante, la verve sauvage de Sia, ici totalement incontrôlable. Le diable au corps, la chanteuse a tellement d'amour en elle qu'elle pourrait en tuer son amant. « This love immortal is an assassin's delight ». Véritable revival 90's, la piste pop et tribale monte d'un cran quand résonne son refrain, où deux voix se chevauchent, l'une langoureuse, l'autre incisive. Le velours rencontre l'animalité, tandis que le beat se veut ensuite déstructuré, en saturation totale. Chapeau bas au producteur Greg Kurstin qui signe ici la perle du disque. 5/5

10. Fire Meet Gasoline


Un piano grésille quand Sia commence "Fire Meet Gasoline", que l'on verrait bien dans la voix de Rihanna. R&B et pop l'emportent encore une fois, mais impossible de ne pas penser à la popstar de la Barbabe tout au long du morceau. La faute à "Diamonds" ? La chanson aurait pu figurer sur n'importe lequel de ses albums, en écho à sa relation toxique avec Chris Brown. « It's dangerous to fall in love / But I wanna burn with you tonight ». Cependant, on ne peut pas reprocher grand-chose au titre, tube potentiel, proche de "Halo" de Beyoncé sur son refrain mais aussi de "Chandelier" dans son esprit. C'est son pont qui vient d'ailleurs casser cette dynamique ronronnante avec son flow hip-hop inattendu à la "Rude Boy". Comment ne pas se laisser prendre au jeu ? 4/5

11. Cellophane


C'est sans doute la chanson la plus sombre de l'album. Agrémentée de grésillements et de choeurs fantomatiques, "Cellophane" est une plongée dans les années 60 grâce au timbre envoûtant de Sia, le tout sur une production minimaliste. Seuls quelques "eh eh" accompagnent de rares accords de guitares savoureux avant le refrain, qui manque son envol. Sia est encore une fois à la dérive suite à une rupture amoureuse. « Look at me I’m such a basket case / Delivered to you wrapped in cellophane / Waiting on your doorstep, out your day / Delivery, a basket filled with pain ». Avec son atmosphère brumeuse, très américaine, voire western, le morceau dénote dans le paysage de "1.000 Forms of Fear" mais prouve que Sia peut surprendre. 3/5

12. Dressed In Black


Une musique de boîte à musique nous fait entrer dans l'univers (encore et toujours) tourmenté de Sia. Le vague à l'âme à cause de la dureté des épreuves de la vie, l'Australienne s'est renfermée sur elle-même, ne voyant le quotidien que comme une souffrance. Mais c'est une résurrection que raconte la chanteuse dans "Dressed In Black". Grâce à l'amour, elle respire à nouveau, se libère de ses démons, comme le prouve le refrain libérateur, au texte torturé et girly à la fois. « I was hopeless and broken / You opened the door for me / Yeah I was hiding and you let the light in / And now I see ». La puissance de la mélodie et des voix qui s'emmêlent referment l'album en apothéose. 3,5/5


Légèrement redondant, "1.000 Forms of Fear" présente une nouvelle Sia, clairement influencée par ses nombreuses collaborations. Plus popstar qu'avant dans le son, la chanteuse ose tout de même surprendre quitte à dérouter, mais étale sans effort son talent immense de A à Z. Un album bouleversant, habité et puissant.


Pour en savoir plus, visitez siamusic.net et la page Facebook de Sia.
Ecoutez et/ou téléchargez la discographie de Sia sur Pure Charts.

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