©Jean-Jacques Datchary/ABACA.

Il faut dire que la « love story » entre la France et celle qui fut surnommée à l’époque « la Pétulante » ne date pas d’hier. C’est très exactement le 24 octobre 1957 lors d’un Musicorama enregistré à l’Olympia que Petula fait sa première apparition dans notre pays. Ses succès anglais du moment « With all my heart » et « Alone » diront certainement plus de choses aux internautes sous leurs titres français : « Gondolier » et « Je pars », deux énormes succès de Dalida. Il faut attendre l’année suivante pour que Petula, désormais sous contrat avec la maison de disques Vogue, sorte un premier 45 tours dans la langue de Molière : « Allo ! mon cœur » en duo avec Claude Robin.

En 1959 c'est ni plus ni moins Boris Vian qui lui offre une nouvelle chanson en français intitulée « Java pour Petula » et entièrement écrite en argot parisien (la chanson atteindra la 2ème place du hit-parade en 1959). Petula avouera l’énorme casse-tête que cela fut pour elle de l’enregistrer ne comprenant, à ce moment là, quasiment aucun mot. "Pet", comme les anglais ont coutume de la surnommer, commence à enchainer les succès mais un événement inattendu va véritablement décider de la suite de sa carrière française : son mariage en juin 1961 avec Claude Wolff l’attaché de presse des disques Vogue.

Petula Clark fait en effet partie de ces rares chanteuses ayant eu deux véritables carrières distinctes : une en anglais, l’autre en français avec des chansons originales et non des adaptations comme la plupart de ses confrères et consœurs.

Visionnez Petula Clark, "Que fais-tu là Petula ?" :


Les hits s’enchainent : « Roméo », « Ya ya twist », « Cœur blessé » (qui deviendront toutes 3 numéro 1 du hit-parade) … En 1962 elle reçoit le « Grand Prix National du disque français » qui récompense la chanteuse ayant vendu le plus grand nombre de disques cette année là. Prix qui lui est de nouveau décerné l’année suivante pour les 2 millions d’exemplaires vendus de « Monsieur ». Quant à la chanson « Chariot » elle se retrouve rapidement disque d’or et reste à ce jour son plus grand succès discographique en France.

Visionnez Petula Clark, "Chariot" :


A l’étranger elle n’est pas en reste non plus, notamment dans les pays francophones. En 1964 elle est par exemple disque d’argent au Québec pour 100 000 exemplaires vendus du 45 tours « Je me sens bien ». En Italie « Sul mio caro » (la version italienne de "Chariot") lui vaut également un numéro 1 dans les charts transalpins.

Serge Gainsbourg (dont on connait le goût pour les anglaises) ne s’y trompera pas en lui écrivant « O Sheriff » en 1964 suivi l’année d’après par « La gadoue » et « Les incorruptibles ».

Visionnez Petula Clark en duo avec Serge Gainsbourg, "O Sheriff"/"La gadoue" :


La collaboration Tony Hatch/Petula Clark fait des merveilles et donne naissance au célèbrissime « Downtown », chanson qui lui ouvre définitivement les porte de l’Amérique en devenant numéro 1 au Cash Box et pour laquelle elle reçoit un Grammy Award. Un single notamment remixé en 1988 et en 1999.

Visionnez Petula Clark, "Downtown" :


Elle ne délaisse pas encore la France, mais désormais Petula vivra toujours entre deux avions (elle enregistre également en italien et en allemand). En 1967 au Midem de Cannes elle reçoit le prix de l’artiste féminine ayant vendu le plus de disque.

A partir des années 70, Petula décide de se consacrer pleinement à sa carrière américaine et commence à se faire un peu plus rare dans l’Hexagone. Bien avant Céline Dion, elle devient ainsi une habituée du Caesar Palace de Las Vegas. Elle opère quelques retours réguliers dans notre pays comme en 1972 avec l’album « La chanson de Marie-Madeleine » (chanson issue de la comédie musicale "Jésus-Christ Superstar") qui contient un titre écrit par une certaine Véronique Sanson, jeune fille au talent prometteur. La chanson s'appelle "La brume de Philadelphie".

Visionnez Petula Clark, "La brume de Philadelphie" signée Sanson/Bernholc (1972) :


En 1973, passée chez AZ (une filiale de Vogue), elle sort un nouvel album en français dont le 45 tours « Bleu, blanc, rouge » connait un succès d’estime sans parvenir à se hisser dans les charts. Il faut attendre 1977 avec un album justement intitulé « Je reviens » pour la voir faire son retour au hit-parade (avec « La chanson d’Evita » et « Sauve-moi ») mais aussi sur une scène française puisqu’elle est à l’affiche du Théâtre des Champs-Elysées du 18 au 24 avril 1977. Elle tentera un ultime retour en France en 1984 avec le 45 tours « Glamoureuse » signé Luc Plamondon et Lewis Furey, sans réel succès.

Visionnez Petula Clark, "L'agent secret" (1966) :


Au début des années 80, c’est sur les planches de l’Apollo Theatre à Londres que Petula fait une incursion remarquée dans « The sound of music » ("La mélodie du bonheur"). Cette comédie musicale connait un très vif succès et lance définitivement la nouvelle carrière de Petula Clark devenue reine du « musical ». C’est ainsi qu’à l’hiver 1989 elle tient le rôle titre de « Someone like you » dont elle a entièrement composé la musique. Ne lui manquait qu’un début à Broadway. Qu’à cela ne tienne, en août 1993 c’est face à Dave Cassidy qu'elle tient l'affiche pour « Blood Brothers » au Music Box Theater de Broadway !



En 1998, la reine Elizabeth la fait commandeur de l’ordre de l’Empire Britannique afin d’honorer sa prestigieuse carrière commencée voilà plus de 50 ans alors qu’elle n’était qu’une enfant. Cinq ans plus tard c’est le « Grammy Hall of fame award » qui lui est décerné pour la chanson « Downtown ».

Aujourd’hui Petula est une artiste qui n'a plus grand chose à prouver. A 78 ans, elle continue de donner des concerts un peu partout dans le monde au grand plaisir de ses fans. C’est donc avec une émotion non dissimulée que nous l’accueillerons pour une de ses trop rares étapes dans son ex-pays d’adoption le 7 novembre 2011 au Casino de Paris. Il est grand temps déjà de faire vos réservations!

Visionnez Petula Clark live, "I know a place" (Olympia 2003) :