Crédits photo : DR.
Sur la pochette, regardant au large, la mer à perte de vue, Pascal Obispo ressent le sel qui le « démange » et qui « flétrit » son corps. Le chanteur de 48 ans revient avec un disque réussi, à la fois sombre et lumineux, jouant sur les dualités qui font la complexité de l'être humain sans nous perdre en chemin. C'est ce qui fait la force de ce "Grand amour", un album court mais intense, qu'on aime pour ses différents degrés de lecture qui s'adressent à différents publics, tant sur le plan musical que dans les textes, riches d'expériences vécues qui ont construit l'artiste qu'il est aujourd'hui.

Obispo très bon quand il se devient mélancolique

Avec ce nouvel album véritablement introspectif, le chanteur se dévoile sans tabou et de façon particulièrement crue. Sur "La rouille", il se regarde dans un miroir pour voir « l'acide » qui « le ride », "Le grand amour" est un titre sur la désillusion sentimentale et il va encore plus loin dans "Arigato", où il se confronte frontalement à la mort. "D'un Ave Maria" est une ballade poignante sur laquelle le piano accompagne une voix plaintive poussée à l'extrême dans les aigus. L'idée du deuil et de la postérité s'imbriquent sur ce premier extrait qui rappelle d'anciennes très belles compositions comme "Les fleurs du bien". S'il évoque les désillusions d'une génération sur le morceau "Un jour", c'est son rapport au temps qui passe qui est abordé dans "Saigne". Cet album traite donc de différents questionnements comme la solitude et la mort qui accompagnent le quotidien de l'artiste, qui nous propose heureusement quelques titres plus légers.

L'amour comme rempart à la fuite du temps ?

Malgré une dimension spirituelle forte, Pascal Obispo sait en effet se montrer plus terre-à-terre et optimiste sur cet album. S'il chante, c'est pour oublier les hommes qui « s'entre-déchirent » et pour fuir un « monde devenu fou ». "Pendant que je chante", la première piste de l'album, pop-rock, remporte nos faveurs parce qu'elle allie un texte résolument noir à un son vigoureux. Mention spéciale aussi à d'autres morceaux plus légers comme "Lanceur du couteaux", une piste dansante, qui nous permettent de respirer un peu et apaisent le propos du chanteur. Les productions très contemporaines, les rythmes enjoués et les mélodies aériennes font également le contrepoids sur ce disque introspectif, parfois léger, auquel on adhère d'autant plus qu'il est humble.

A double-sens, les nouvelles chansons de Pascal Obispo sont aussi de petites histoires d'amour, des exemples de situations du quotidien dans lesquelles on aime se retrouver. A l'instar de "Un homme est passé", un rendez-vous manqué entre un homme et une femme, une ballade planante enjolivée par la voix d'Élodie Frégé, qui se marie parfaitement avec celle du chanteur. La chanteuse est également présente sur le titre "Quand j'entends la musique", midtempo rafraîchissant avec ses cuivres. On y parle de l'adultère en comparant subtilement la maîtresse à la musique, nouvel exemple de double lecture qui confirme la dualité de ce nouvel opus, décidément plus lumineux qu'il y paraît.