Crédits photo : Thomas Braut et Ralph Wening Bureau 233
Propos recueillis par Théau Berthelot.
Comment se passe votre confinement ?
Je respecte les consignes, je reste chez moi. J'écris, je lis, je range, j'appelle les amis et la famille... On se recentre sur les choses essentielles, ça peut être nécessaire. Je pense que c'est difficile mais d'avoir fait cette chanson et de considérer les personnes qui sont en première ligne apaise un petit peu notre confinement et le ressenti négatif que l'on peut avoir. Il y a tellement de gens qui sont en difficulté en ce moment. Je vois des gens qui postent beaucoup de choses sur les réseaux sociaux sur l'ennui qu'ils ressentent, mais quand on voit ces personnes au front, comme des soldats en première ligne à la guerre, ça m'a permis de mieux relativiser.
Elle est née de conversations avec Marc [Lavoine] qui m'a envoyé des bouts de textes, du premier couplet et du refrain. J'ai tout de suite trouvé une idée de musique. On a continué la musique avec Marc, il a trouvé ça très beau. C'est Marc qui est à la genèse de ce projet pour toute la chaîne humanitaire.
C'était évident pour vous de vous engager en chanson ?
Ça fait 30 ans que je m'engage, il n'y a aucun souci à chaque fois. On le fait parce qu'il y a une nécessité de le faire, c'est plus fort que nous. C'est une force intérieure qui est très violente et qui nous entraîne dans ce genre d'actions. Et puis c'est une question d'état d'esprit aussi : il y a des gens qui parlent, d'autres qui font. Moi je fais plus que je ne parle.
Pas forcément. Au départ, "Sa raison d'être" ne devait pas être une chanson pour la lutte contre le SIDA. C'est Pascal Nègre, qui est aussi sur ce nouveau projet, qui m'avait suggéré de l'utiliser pour ce combat. Celle-là c'était différent, ça n'a pas été difficile. On ne se pose pas de questions : à la base, on fait une chanson et elle devient ce qu'elle devient. Au début, ça commence toujours par une chanson, on ne se dit pas dès le départ qu'on va faire un titre pour les hôpitaux de France. Ce n'est pas parti comme ça, de toute façon. On a fait une petite chanson et elle est devenue ce qu'elle est devenue.
Découvrez le clip "Pour les gens du secours" :
Le but ce sont des applaudissements, un remerciement une fois que la chanson était finie. On voulait remercier les gens du secours qui sont en première ligne de front, qui se battent et qui sauvent des vies. Tout est dans la chanson. Ça touche beaucoup de personnes, donc nous sommes heureux et j'espère que ça va rapporter beaucoup d'argent pour pouvoir oeuvrer parce que le système hospitalier en manque beaucoup.
A quel moment Florent Pagny est-il entré dans l'initiative ?
On se parle très souvent avec Florent, avec Marc, on a la même amitié tous les trois. Ça n'a pas été très difficile de le convaincre. Dans ce métier, on a des accointances avec certaines personnes, on savait qu'il allait bien réagir à notre demande. Florent, c'est notre ami, il a accepté tout de suite. Comme il se trouvait qu'on est tous les trois de "The Voice", on a demandé aux équipes de production, à Matthieu Grelier ou Pascal Guix, s'ils avaient envie de participer aussi. Ils ont oeuvré pour financer le clip et aller filmer des images dans les hôpitaux. C'est une belle initiative, vraiment.
C'est beaucoup moins difficile que d'être au chevet des malades. C'est particulier, c'est plus difficile que d'être en studio où on se met en cabine pour enregistrer et mixer. Là, il a fallu faire ça à distance et grâce aux iPhones, on a pu enregistrer des voix et se les passer. C'était un peu compliqué techniquement mais on a réussi.
Le clip a été dévoilé ce samedi. Malgré le confinement, comment avez-vous réussi à le mettre en boîte?
Les équipes de "The Voice" de Pascal Guix et Matthieu Grelier ont voulu participer à ce beau projet. Chacun a donné un peu de ses idées. Florent a insisté beaucoup pour les hommes et femmes de ménages, qu'il ne faut pas oublier. J'ai insisté pour les photos à la fin, je trouvais que c'était important de voir tous ces visages. Il fallait aller dans un hôpital, suivre le SAMU, les pompiers et les gendarmes qui font un travail fantastique.
Y aura-t-il d'autres titres de "POL" de prévu ?
(Rires) Non je ne pense pas ! On a fondé un trio parce que nous sommes amis et ça a donné POL mais il n'y a pas du tout d'autres projets en prévision. On a travaillé pour les hôpitaux pour essayer d'aider à notre manière afin d'apporter notre petite pierre à l'édifice.
Oui, un peu comme tout le monde dans son domaine. J'écris, je compose, je peins beaucoup. Ça me détend et ça me permet de passer le temps. Ça permet aussi de se recentrer sur soi-même.
Selon vous, la musique peut-elle faire du bien en cette période compliquée ?
S'il n'y avait pas de musique, ce serait dramatique. On le voit à la télévision tous les samedis soirs, ça fait énormément de bien de voir une émission du monde d'avant où les gens pouvaient se serrer dans les bras ou s'embrasser. La musique a le pouvoir de nous faire supporter la vie. C'est un lien que l'on tisse avec le public, c'est très important. Heureusement qu'on a la musique, le silence serait trop difficile !